(Géographie moderne) en latin Perusia et Perusium, et en italien Perugia, ville d'Italie dans l'état de l'Eglise, capitale du Pérugin.

Elle fut autrefois une des douze principales villes de l'Etrurie ; mais durant les guerres civiles, entre Octave et Marc-Antoine ; ce premier l'ayant prise, la saccagea impitoyablement, en abandonna le pillage à ses troupes, et fit tuer en sa présence les trois cent hommes qui composaient son sénat. Elle se rétablit dans la suite, et soutint un siège de sept ans contre Totila roi des Goths, qui la prit à la fin, la ruina, et passa au fil de l'épée une partie de ses habitants. Les rois de France l'ayant conquise au VIIIe siècle, la donnèrent au saint siège. Enfin elle fut mise dans la désolation durant la guerre des Guelphes et des Gibelins ; mais elle s'est relevée de tous ses malheurs. Elle est aujourd'hui très-propre, assez peuplée, et défendue par une citadelle. Elle était épiscopale dès le IIIe siècle. L'évêque ne reconnait que le pape. Elle est située entre le Tibre au levant, et la rivière de Genna au couchant, sur une colline, à 8 milles au nord-est d'Assie, 25 ouest de Nocera. Long. 32. 2. lat. 43. 8.

J'ai oublié de dire que Pérouse est une université, qui même a produit des jurisconsultes célèbres dans le xiv. siècle. Balde, disciple de Bartole, fut du nombre. Une de ses réparties lui valut la chaire de Pavie. Il était de petite taille, de sorte que quand on le vit arriver dans l'auditoire, on s'écria, minuit praesentia famam. Il répondit, sans se décontenancer, augebit caetera virtus ; sur quoi Pauzirole ajoute, quo dicto omnibus sui admirationem injecit. Balde gagna beaucoup de bien par ses consultations, et composa quantité de livres, donnant tout son temps à l'étude. " Chaque pas que fait mon cheval, disait-il un jour en voyageant, sont autant de lois qui sortent de ma mémoire " : bonne preuve qu'il avait acquis, et qu'il conservait son savoir à force de lire.

Mais ce sont les Dante de la famille des Rainaldi, qui ont surtout illustré de bonne-heure l'université de Pérouse ; c'était des gens en qui les talents semblent avoir été un héritage dans l'un et l'autre sexe.

Dante (Pierre Vincent) entendit les belles-lettres, les mathématiques, l'architecture, et composait de si beaux vers à l'imitation du Dante florentin, que l'on jugea qu'il faisait revivre en quelque façon la sublimité de ce grand génie. On lui donna même le surnom de Dante, qui est resté à sa famille. Il mourut fort âgé en 1512, laissant un fils et une fille qui se distinguèrent. Ce fils, nommé Julius, fit un livre de alluvione Tyberis, et des notes in ornamenta Architecturae. Il mourut l'an 1575. Théodora Dante, sa sœur, mérita un rang parmi les mathématiciens du temps. Elle composa des livres sur cette science, et l'enseigna à Ignace son neveu dont je vais parler.

Dante (Ignace) se fit moine jacobin, mais moine jacobin savant dans les Mathématiques. Il fut appelé à Florence par le grand duc Cosme I, et ensuite à Rome par Grégoire XIII. qui lui donna l'évêché d'Alatri. Il publia quelques livres à Florence, et entre autres un traité de la construction et de l'usage de l'astrolabe. Il mourut en 1586.

Dante (Vincent), fils de Jule, petit-fils de Pierre Vincent, et neveu de la docte Théodora, suivit aussi les études de sa famille, et devint bon architecte et bon mathématicien. Il fut de plus très-versé dans la peinture et dans la sculpture. On a de lui en italien la vie de ceux qui ont excellé dans le dessein des statues. Il mourut à Pérouse l'an 1596, à l'âge de 46 ans.

Dante (Jean-Baptiste), né à Pérouse dans le XVe siècle, était encore vraisemblablement de la même famille. On dit qu'il se fit des ailes dont il se servit pour voler, et qu'en en faisant l'expérience dans le temps d'une grande fête, il eut le sort de Dédale, tomba en volant sur une église de la ville, et se cassa une cuisse. Il ne mourut pas de cette chute, mais de maladie avant l'âge de 40 ans.

Lancelot (Jean-Paul), florissait dans le droit à Pérouse sa patrie, vers le milieu du XVIe siècle, et mourut dans cette ville en 1591, âgé de 80 ans. Il a mis au jour plusieurs livres de droit, et entr'autres des institutes du droit canon, réimprimées en France avec des notes de M. Doujat. (D.J.)

PEROUSE, LAC DE, (Histoire moderne) lac très-poissonneux d'Italie, à 7 milles de la ville de même nom, du côté du couchant. Il est presque rond, et a environ six milles de diamètre en tout temps. On y voit trois iles, dont deux ont chacune un bourg.