(Géographie moderne) en latin Lusitania, royaume le plus occidental de l'Europe, borné au nord par la Galice, au midi et au couchant par l'Océan, au levant par l'Andalousie, la nouvelle-Castille, et le royaume de Léon. Son étendue est du nord au sud. Il a 120 lieues de longueur, et 50 de largeur.

L'air y est assez tempéré, pur et sain. C'est un très-bon pays ; le blé n'y manque pas, les fruits sont exquis, les huiles délicieuses : on y trouve quantité de miel ; les laines sont admirables ; les salines très-abondantes ; les bestiaux et les chevaux très-estimés : on sait combien les orangers, les vins, surtout ceux d'Alentéjo et des Algarves sont recherchés.

Il y a des mines d'or et d'argent, des carrières de beau marbre, et de pierres précieuses, des rubis, des émeraudes, des hyacinthes.

Il est arrosé d'un grand nombre de rivières. Les principales sont le Tage, la Guadiana, le Duero, etc. La religion catholique est la seule permise. Il y a beaucoup de Juifs, mais cachés. L'inquisition y est très-sévère. Il y a trois archevêchés et dix évêchés, sans compter ceux des Indes et d'Afrique.

On divise le Portugal en six parties ; savoir, le royaume des Algarves ; les provinces Entre-Duero-e-Minho, Béïra, l'Alentéjo, Tra-los-Montes, l'Estramadoure portugaise : outre cela le royaume de Portugal a des possessions considérables dans l'Amérique, comme le Brésil, dans l'Afrique et dans l'Asie.

La langue portugaise est un composé de la latine, de la française et de la castillane. Elle est grave et élégante ; et comme elle ne manque pas d'élévation pour les sujets héroïques, de même elle est remplie de douceur pour les délicatesses de l'amour.

Lisbonne est la capitale du royaume. Long. 9. 12. lat. 37. 42.

Le royaume de Portugal est la Lusitanie des anciens ; cependant la Lusitanie comprenait des pays qui ne sont point aujourd'hui du Portugal ; et le Portugal renferme quelques contrées qui n'étaient point de la Lusitanie. Ses premiers habitants formaient plusieurs républiques, et se gouvernaient selon leurs lois et leurs coutumes.

Les Phéniciens ayant abordé sur les côtes de la Lusitanie, se fortifièrent dans l'île de Cadix, d'où ils passèrent dans le continent, et y firent des conquêtes par le secours des Carthaginois, environ 510 ans avant J. C. Ce pays fut ensuite soumis par les Romains, et successivement par les Alains, les Sueves, les Vandales, les Goths et les Maures.

Alphonse VI. roi de Castille et de Léon, fit la conquête de la meilleure partie de la Lusitanie sur les Maures en 1094. Il maria sa fille Therese légitimée de Castille, à Henri de Bourgogne, et lui donna pour dot la ville de Porto avec le titre de comte de Portugal.

Henri conquit bien du pays sur les Maures, fonda proprement le royaume de Portugal, et fut couronné en 1139, après la fameuse bataille d'Ourique. Alors le pape Alexandre III. ne manqua pas d'exiger de lui pour la confirmation de cette couronne, en 1160, un tribut de deux marcs d'or ; le roi s'y soumit, sachant que dans les querelles de tant de souverains, le suffrage du pape, payé par une bonne rente, pouvait quelquefois faire pancher la balance.

Ce nouveau royaume se soutint glorieusement, et les Portugais commencèrent à mériter dans le XVe siècle une gloire aussi durable que l'univers, par le changement du commerce du monde, qui fut bientôt le fruit de leurs découvertes. Ce fut cette nation qui, la première des nations modernes, navigea sur l'Océan atlantique. Elle n'a dû qu'à elle seule le passage du cap de Bonne-Espérance, au lieu que les Espagnols dû.ent à des étrangers la découverte de l'Amérique.

Le Portugal s'occupa toujours de ses grandes navigations et de ses succès en Afrique, sans prendre aucune part aux événements de l'Italie qui alarmaient le reste de l'Europe.

Enfin ce royaume depuis Alphonse I. surnommé Henriquez, dura l'espace de quatre cent quarante-neuf ans, sous seize rais, et finit en 1578 par la mort tragique de l'infortuné don Sébastien, qui périt en Afrique dans une bataille contre les Maures. On peut dire néanmoins que ce royaume ne finit qu'en 1580, dans la personne de don Henri II. qui, quoique prêtre et cardinal, fut reconnu roi de Portugal, après la mort de son neveu don Sébastien.

Philippe II. roi d'Espagne, se trouvant plus à portée que les autres prétendants, pour faire valoir ses prétentions sur la couronne de Portugal, s'empara de ce royaume, et le réunit à la monarchie espagnole en 1580. Il fut le premier qui, depuis les rois Goths, eut la gloire de voir toute l'Espagne sous sa domination, après avoir été divisée près de huit cent ans. Les successeurs de Philippe II. la possédèrent dans le même état jusqu'à l'an 1640 que les Portugais, par un soulevement général, sécouèrent le joug des rois castillans.

Une conspiration aussi bien exécutée que bien conduite, dit M. de Voltaire, mit sur le trône la maison de Bragance. Jean de Bragance fut partout proclamé roi sans le moindre tumulte ; un fils ne succede pas plus paisiblement à son père. La manière dont Olivarez annonça à Philippe IV. la perte du Portugal est célèbre ; rien ne fait mieux voir comme on sait déguiser aux rois des nouvelles tristes. " Je viens vous annoncer, dit-il, une heureuse nouvelle ; votre majesté a gagné tous les biens du duc de Bragance ; il s'est avisé de se faire proclamer roi, et la confiscation de ses terres vous est acquise par son crime ".

Cette confiscation n'eut pas lieu, le Portugal devint un royaume considérable, surtout lorsque les richesses du Brésil, et les traités avec l'Angleterre, rendirent son commerce florissant. Joseph de Bragance, arrière petit-fils de Jean, est aujourd'hui sur le trône, et peu s'en est fallu qu'il n'ait perdu dernièrement, par un assassinat, la couronne et la vie.

Cette couronne est héréditaire, et passe même aux enfants naturels au défaut des enfants légitimes.

Plusieurs écrivains ont donné les antiquités, l'histoire et la description du Portugal. Tels sont Gaspard Estazo, antiq. de Port. Antonio Vasconcellos, anaceph. reg. Lusitan. Jérôme Conertaggio, Edouard de Nugnez, Texeira, histor. de Port. Imhoff, stemma regum Lusitan. Maugin, description du Portugal ; Lequien de la Neuville, hist. de Portugal, 2 vol. in-4°. La Clede, hist. de Portugal. Vertot, révolutions de Portugal. Enfin le chevalier d'Oliveyra a indiqué les historiens et les écrivains de ce royaume dans des mémoires sur le Portugal, publiés à la Haye en 1743, in-12. (D.J.)

PORTUGAL, bol de (Histoire naturelle) bolus lusitanica, nom donné par quelques auteurs à une terre argilleuse, d'un beau rouge, pesante, qui colore les mains, qui s'attache à la langue et se dissout aisément dans la bouche, où elle est d'un goût astringent. On en trouve dans les royaumes d'Espagne et de Portugal ; elle abonde surtout dans le voisinage de la ville d'Estremos, dans la province d'Alentéjo. On regarde cette terre comme un grand astringent. Les femmes mâchent cette terre, et la regardent comme propre à absorber les acides.

Cette terre bolaire se durcit au feu, et y devient plus luisante ; c'est pourquoi les Portugais et les Espagnols en font des poteries appelées bucaros, et que l'on appelle du boucaro en France, voyez BUCARO. On dit qu'il s'en trouve à la Havane. Voyez Eman. Mendez d'Acosta, hist. nat. des Fossilles.