(Géographie moderne) ville du Pérou, dans la province de los Charcas ou de la Plata, au pied d'une montagne qui est faite comme un pain de sucre, et dont la couleur est d'un brun rouge.

Cette ville est renommée dans tout le monde par les immenses richesses qu'on en a tirées, et qu'on tire encore de la montagne, au pied de laquelle elle est bâtie. Les églises y sont en grand nombre, ainsi que les prêtres et les moines. Les Espagnols et Créoles qui l'habitent, y possèdent de grandes richesses, et vivent avec encore plus de mollesse. Ils voyagent dans des branles à la façon des Portugais de San-Salvador et de Rio-Janeyro. Quatre indiens supportent ordinairement ce branle sur leurs épaules. Les femmes reçoivent les visites couchées sur des lits de repos, où elles jouent de la guittare, disent leur chapelet, et régalent les personnes qu'elles invitent, de la teinture de l'herbe du Paraguai, ou du coca.

Les mines d'argent de la montagne du Potosi ne furent découvertes qu'en 1545. Elles sont si riches que depuis l'année de leur découverte jusqu'en 1638, elles avaient fourni, suivant le calcul qui en a été fait, trois cent quatre-vingt-quinze millions, six cent dix-neuf mille piastres ; elles commencent aujourd'hui à s'épuiser ; car la monnaie ne bat plus que le dixième de ce qu'elle faisait il y a cent ans ; mais on ne doute point qu'il n'y ait encore d'autres mines d'or et d'argent dans la province de la Plata. Les malheureux indiens qu'on force de travailler aux mines, les exploitent toujours nuds, afin qu'ils ne puissent rien cacher, et cependant les lieux où ils travaillent, sont extrêmement froids.

Les mines du Potosi ont attiré dans la ville tous les espagnols qui courent après les richesses. Elle est habitée par environ soixante mille âmes qui y sont intéressées, sans compter les travailleurs indiens. Le roi d'Espagne retire le quint du produit ; la France, l'Angleterre et la Hollande profitent du reste de ce commerce. Long. 312, 50, latit. méridionale 20, 40. (D.J.)