S. m. (Logique) argument des Sceptiques ou Pyrrhoniens, et le plus formidable de tous ceux qu'ils emploient contre les Dogmatiques : c'est ainsi qu'en a jugé M. Bayle, si versé lui-même dans toutes les ruses du scepticisme. Il consistait à faire voir que la plupart des raisonnements reçus dans les Sciences, sont des cercles vicieux qui prouvent une chose obscure et incertaine, par une autre également obscure et incertaine, et ensuite cette seconde par la première.
Pour concevoir ce que c'est que le dialéle, imaginons-nous que deux personnes inconnues nous viennent trouver. Titius que nous ne connaissons pas, nous assure que Mévius, que nous connaissons aussi peu, est un fort honnête homme ; et pour preuve qu'il dit vrai, il nous renvoye à Mévius, qui nous assure que Titius n'est pas un menteur. Pouvons-nous avoir la certitude que Mévius est un honnête homme, et que Titius qui le dit n'est pas menteur ? Pas plus que si ni Titius ni Mévius ne nous rendaient aucun témoignage l'un en faveur de l'autre. Voilà l'image d'un dialéle. Si deux hommes sont tels que je ne puisse connaître le premier que par le second, ni le second que par le premier, il est impossible que je connaisse certainement ni le premier ni le second. De même, si deux choses sont telles que je ne puisse connaître la première que par la seconde, ni la seconde que par la première, il est impossible que je connaisse avec aucune certitude ni la première ni la seconde. Voilà le principe sur lequel un pyrrhonien se fonde, pour faire voir que nous n'avons presqu'aucune idée de quoi que ce sait, et que presque tous nos raisonnements ne sont que des cercles vicieux. Le principe est incontestable. Le pyrrhonien raisonne ainsi, en suivant son principe.
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