LUSTRE, ECLAT, s. m. (Grammaire) termes qui sont relatifs aux couleurs, quand ils sont pris au propre et au physique, et qu'on les transporte par métaphore aux expressions, au style, aux pensées ; alors il ne signifie autre chose que de même qu'entre les couleurs il y en a qui affectent plus ou moins vivement nos yeux, de même entre les pensées et les expressions, il y en a qui frappent plus ou moins vivement l'esprit. L'éclat enchérit sur le brillant, et celui-ci sur le lustre : il semble que l'éclat appartienne aux couleurs vives et aux grands objets ; le brillant, aux couleurs claires et aux petits objets ; et le lustre, aux couleurs récentes et aux objets neufs. La flamme jette de l'éclat ; le diamant brille ; le drap neuf a son lustre.
adj. (Grammaire) est l'opposé de travaillé ; ainsi on dit de la mine brute, un diamant brut, du sucre brut : en un mot, on donne cette épithète à tous les objets dans l'état où la nature nous les présente lorsqu'ils sont destinés à être perfectionnés par l'art. Le naturaliste ne dit point une plume brute, parce qu'il ne la considère jamais comme une production qui puisse être perfectionnée par l'art ; mais le plumassier le dit. On ne dit jamais une plante brute. On donne quelquefois aussi le nom de brut à des productions artificielles, lorsqu'elles en sont au premier apprêt, et que la main-d'œuvre doit en enlever dans la suite des traits grossiers et autres imperfections semblables ; ainsi on dit d'une pièce de fonderie au sortir du moule, qu'elle est toute brute.
VUE, DESSEIN, (Grammaire) termes relatifs à la conduite d'un être, ou pensant ou considéré comme pensant. Le but se dit d'un objet fixe et déterminé, auquel les actions de l'être pensant sont dirigées : les vues sont plus vagues, et embrassent un plus grand nombre d'objets : le dessein est proprement ce mouvement de l'âme par lequel on se détermine à tenter ou à ne pas tenter une chose. Le dessein et les vues sont en nous ; le but est hors de nous. Le dessein offre une idée de résolution qui n'est pas si marquée dans les vues. On se propose un but ; on a des vues ; on forme un dessein.
Le C,c, (Grammaire) est la troisième lettre de notre alphabet. La figure de cette lettre nous vient des Latins. Elle a aujourd'hui un son doux devant l'e et devant l'i ; on prononce alors le c comme une s, ce, ci, comme se, si ; en sorte qu'alors on pourrait regarder le c, comme le sigma des Grecs, tel qu'il se voit souvent, surtout dans les inscriptions, avec la figure de notre C capital, TAIC HMEPAIC (Gruter, tom. I. p. 70.), c'est-à-dire tais emerais ; et au tome. II. pag. 1020, on lit une ancienne inscription qui se voit à Alexandrie sur une colonne, Democrates periclitos architectos, Democrates illustre architecte. Il y a un très-grand nombre d'exemples du sigma ainsi écrit, surtout en lettres majeures ou capitales ; car en lettres communes le sigma s'écrit ainsi au commencement et au milieu des mots, et ainsi à la fin des mots. A l'égard de la troisième figure du sigma, elle est précisément comme notre c dans les lettres capitales, et elle est en usage au commencement, au milieu, et à la fin des mots : mais dans l'écriture commune on recourbe la pointe inférieure du c, comme si on ajoutait une virgule au c : en voici la figure, .
S. m. (Grammaire) mot grec, qui désigne une espèce de grasseyement dans la prononciation ; ce défaut n'était point desagréable dans la bouche d'Alcibiade et de Démosthène, qui avaient trouvé moyen de suppléer par l'art, à ce qui leur manquait à cet égard, du côté de la nature. Les dames romaines y mettaient une grâce, une mignardise, qu'elles affectaient même d'avoir en partage, et qu'Ovide approuvait beaucoup ; il leur conseillait ce défaut de prononciation, comme un agrément sortable au beau sexe ; il leur disait souvent, in vitio decor est quaedam malè reddere verba. (D.J.)