S. f. (Morale) c'est l'état de l'homme quand il n'a plus la volonté et la force d'agir. Tout travail fatigue ; il ne lasse que quand il cesse de plaire ; après la fatigue l'homme répare ses forces par le repos, et quelquefois il sort de la lassitude en changeant de travail.

LASSITUDE, lassitudo, , (Médecine) est un sentiment désagréable qu'on éprouve pour l'ordinaire, après avoir fait des exercices immodérés en force ou en longueur : le sentiment est joint à une inaptitude au mouvement ; on en distingue deux espèces : l'une plus proprement fatigue, defatigatio, est la suite et l'effet d'un mouvement excessif ; l'autre est spontanée, c'est-à-dire, n'est précédée d'aucun exercice, du moins violent. La première espèce qui a une cause évidente considérée en soi, n'est pas maladie ; à peine est elle incommodité, à moins qu'elle ne soit extrême ; aussi pour la dissiper ne faut-il que du repos ; c'est le remède le plus simple et le plus assuré ; c'est le fameux d'Hippocrate ; lorsqu'on " s'est fatigué, dit-il, aphor. 48. lib. II. par quelque mouvement que ce sait, le repos est un prompt délassement ; on doit en outre avoir attention de ne pas manger avant que la lassitude soit un peu dégagée et soluta par le repos, sans quoi l'on court le risque prochain d'une indigestion. Voyez INDIGESTION ". Quelques auteurs attribuent aux bains, demi-bains, incessus, préparés avec la décoction d'armoise, une vertu singulièrement délassante ; ils assurent en avoir observé des effets admirables. D'autres fondés, disent-ils, sur leur expérience, ou plutôt sur leur inexpérience, contestent à l'armoise cette propriété, et la traitent de chimérique ; il n'est pas, comme on voit, jusqu'aux faits, qui ne soient à présent matière de dispute.

Les lassitudes spontanées qu'on ne peut attribuer à aucun mouvement considérable précédent, sont au moins incommodité, le plus souvent symptôme ou présage de maladie. Ces lassitudes annoncent toujours un dérangement dans la machine, une révolution prochaine, une faiblesse dans les nerfs, etc. Presque toutes les maladies aiguës sont précédées et accompagnées de lassitude ; c'est le principal symptôme qui constitue l'état neutre qu'on remarque avant que ces maladies se déclarent. On l'observe aussi quelquefois dans leurs cours, et surtout dans les fièvres malignes, dont il augmente le danger, , dit Hippocrate, prorrhet. n°. 41. lib. I.

Il y a différents degrés ou espèces de lassitude, désignés par le sentiment plus ou moins désagréable qu'on éprouve quand on veut se mouvoir. Lorsque le mouvement ou les efforts destinés à cela, impriment un sentiment d'érosion, on appelle cette lassitude ulcéreuse. Il semble aux malades que tout leur corps est couvert d'ulcères ; si ce sentiment se réduit à une tension, on lui donne l'épithète de tensive ; et si le malade ne sent qu'un poids incommode, on dit que la lassitude est gravative.

Ces distinctions doivent avoir sans-doute quelque utilité. Quelques écrivains s'imaginent que les lassitudes ulcéreuses indiquent une grande acrimonie ; les gravatives, un simple épaississement des humeurs ; celles qui sont tensives, un état moyen, fides sit penès auctores. L'avantage qu'on peut retirer de l'attention aux lassitudes spontanées, considérées généralement, n'est pas aussi hypothétique ; nous n'avons qu'à consulter le prince de la médecine, le divin Hippocrate ; il nous apprendra 1°. que ces lassitudes présagent les maladies. 2°. Que ceux qui les éprouvent dans le cours de la maladie, sont en danger. 3°. Que si après des sueurs critiques, avec lassitude et frisson, la chaleur revient, c'est un mauvais signe, soit qu'il y ait en même temps hémorrhagie du nez ou non. 4°. Que les lassitudes jointes à des anxiétés, frissons, douleurs dans les reins, sont une marque que le ventre est libre. 5°. Que dans cet état de lassitude il est bon que le malade ait des selles rougeâtres, surtout dans le temps critique. 6°. Que les lassitudes qui persistent pendant et après la fièvre, donnent lieu d'attendre des abscès aux joues et aux articulations. 7°. Les lassitudes spontanées dans les vieillards, avec engourdissement et vertige, sont les avant-coureurs de l'apoplexie.

Ces lassitudes sont aussi un symptôme bien familier dans les maladies chroniques ; elles sont surtout propres au scorbut, dont elles caractérisent presque seules le premier degré : il y a lassitude dans toutes les maladies où il y a langueur ; ces deux états paraissent cependant différer en ce que la langueur affaisse et anéantit l'esprit et le corps, et précède le mouvement ; au lieu que la lassitude en est une suite, et ne semble affecter que la machine, ou pour mieux dire, les mouvements animaux.

Les lassitudes spontanées n'exigent en elles-mêmes aucun remède, soit qu'elles annoncent ou accompagnent les maladies. Dans le premier cas elles avertissent de prévenir, s'il est possible, la maladie dont elles menacent. Il est alors prudent de se mettre à un régime un peu rigoureux, de faire diete ; l'émétique pourrait peut-être faire échouer la maladie : dans le second cas elles doivent engager un médecin à se tenir sur ses gardes, à ne pas trop donner à la nature, à s'abstenir des remèdes qui pourraient l'affoiblir, et à recourir surtout à ceux qui peuvent tirer le corps de l'engourdissement où il commence à être plongé. Ces lassitudes dans les maladies chroniques, indiquent aussi des remèdes actifs, invigorants, toniques, etc. propres à corriger et changer l'état vicieux du sang et des solides qui ont donné naissance au symptôme, et qui l'entretiennent. (M)