Médecine séméiotique

S. m. (Médecine séméiotique) ce terme est grec , formé de la proposition , devant, d'avance, et d'un des temps du verbe , connaître. Il est d'usage en médecine, pour désigner la connaissance qu'on peut acquérir des événements d'une maladie, avant même qu'ils soient arrivés ; quelquefois aussi on s'en sert pour exprimer les signes aux moyens desquels on parvient à cette connaissance, et alors on le prend comme adjectif, qu'on joint le plus souvent au mot signe, et l'on dit les signes pronostics. Voyez SIGNE.

S. f. (Médecine séméiotique) la signification de ce mot est conforme à son étymologie ; on l'a formé des deux mots, l'un latin pulsus, pouls, et l'autre grec , divination, prédiction ; on s'en sert pour exprimer cette partie de la séméiotique qui tire ses signes des différentes modifications du pouls, soit pour connaître les maladies présentes, soit pour lire dans l'avenir les changements qui doivent arriver dans leurs cours ; cette partie est extrêmement intéressante et lumineuse ; de tout temps elle a été recommandée avec les plus grands éloges par les Médecins ; mais elle n'a pas été également suivie : Hippocrate l'a beaucoup négligée, Hérophîle et Erasistrate l'ont mise en vogue. Galien s'y est particulièrement attaché, et en a fait le sujet de plusieurs ouvrages très-diffus, qui contiennent du bon et du mauvais ; les Mécaniciens l'ont beaucoup exalté, mais aveugles dans leurs éloges, ils étaient inconséquents dans leur pratique. La pulsimantie est la base de la médecine chinoise, ou plutôt la seule source de leur diagnostic, de leurs présages et de leurs indications ; ils ont sur cette matière des connaissances singulières, dont l'origine se perd dans l'antiquité la plus reculée ; enfin, cette partie a été remise en honneur et sous un nouveau jour beaucoup plus brillant par les observations de Solano, de Nihell et de Bordeu, de façon qu'elle est devenue un des principaux ressorts de la médecine-pratique, qu'a fondé Hippocrate, et qu'ont adopté les Médecins les plus éclairés. Voyez à l'article POULS, les différents changements qu'a essuyé la pulsimantie dans ces quatre époques principales.

ou SEMEIOLOGIE, (Médecine séméiotique) science des signes. Ce nom est grec, dérivé de , signe, et , discours. La plupart des institutaires distinguant la semeiotique de la physiologie et de la pathologie, avec qui elle devrait être confondue, en font la troisième partie des instituts ou principes de médecine. Son objet est l'exposition des signes propres à l'état de santé et aux différentes maladies. Voyez SIGNE. De-là nait la division de cette partie en semeiotique de la santé et semeiotique de la maladie. Elles ne sont l'une et l'autre que des corollaires, qui devraient être déduits à la suite des traités de pathologie et de physiologie. Ce n'est en effet que par la connaissance exacte de l'homme dans l'état sain qu'on peut connaître sa santé présente, et déterminer si elle sera constante ; c'est dans les divers phénomènes que présente l'exposition de la santé, qu'on peut puiser les signes qui la font reconnaître et qui servent à juger de sa durée. J'en dis de même par rapport à la pathologie : après avoir détaillé les causes générales de maladie et les symptômes qu'elles excitent, il n'y avait qu'à remonter des effets aux causes, qu'à fixer leur correspondance réciproque, leur enchainement mutuel, et cette gradation naturelle aurait établi les signes de maladie.

(Médecine séméiotique) les yeux ne sont pas moins le miroir fidèle des affections du corps que des passions de l'âme ; le séméioticien éclairé y voit représentés avec exactitude et netteté les divers états de la machine, tandis que l'observateur inhabile, le charlatan effronté, le chirurgien déplacé, la ridicule bonne femme, et autres médecins subalternes, qui sans connaissance de la médecine se mêlent d'en faire le dangereux exercice, ne soupçonnent pas même qu'ils puissent rien signifier, et ne voient pas le rapport qu'il peut y avoir entre une petite partie en apparence isolée, peu nécessaire à la vie, et les différents organes à l'action desquels la santé et la vie sont attachées. Mais ces lumières ne sont pas faites pour eux, ce n'est que pour les vrais et légitimes médecins que leur illustre législateur a prononcé que " l'état du corps est toujours conforme à celui des yeux, et que sa bonne ou mauvaise disposition influe nécessairement sur la couleur et l'action de ces organes ". (Epidem. lib. VI. sect. IV. n °. 26.) Ce n'est que pour eux qu'il a établi et fixé d'une manière invariable le rapport qu'il y a entre certains états des yeux et certains dérangements présents ou futurs de la machine, et qu'il a en conséquence établi les signes pronostics et diagnostics que les yeux peuvent fournir. Dans le détail où nous allons entrer, nous suivrons la même méthode que nous avons adoptée dans les autres articles de Séméiotique, et qui nous parait la plus avantageuse, c'est-à-dire nous ne ferons qu'extraire des différents ouvrages d'Hippocrate les axiomes que cet exact observateur y a répandus, et qui sont relatifs à notre sujet, et nous les exposerons tels qu'il les a donnés lui-même, sans prétendre démontrer l'enchainement qui doit se trouver entre le signe et la chose signifiée, laissant par conséquent à part toute discussion théorique.