(Histoire moderne) c'est le titre que les habitants du royaume de Loango en Afrique donnent à leur roi, qu'ils regardent non - seulement comme l'image de la divinité, mais encore comme un dieu véritable ; dans cette idée ridicule, ils lui attribuent la toute - puissance ; ils croient que les pluies, les vents et les orages, sont à ses ordres ; c'est pourquoi ils ont recours à lui dans les temps de sécheresse et de stérilité, et à force de présents et de prières, le déterminent à leur rendre le ciel favorable. Lorsque le roi consent aux vœux de ses sujets, il ne fait que tirer une flèche contre le ciel, mais il y a lieu de croire qu'il ne s'y détermine que lorsqu'il voit le temps chargé, surtout quand c'est de la pluie qu'on lui demande. En un mot, ces peuples croient qu'il n'y a rien d'impossible pour leur monarque, et lui rendent en conséquence les honneurs divins. Malgré cette haute opinion, ils ne laissent pas de croire que sa vie ne puisse être mise en danger par les sortileges et les maléfices ; c'est sur ce préjugé qu'est fondée une loi irrévocable, qui décerne la peine de mort contre quiconque a Ve la roi de Loango boire ou manger ; cet ordre s'étend même sur les animaux. Des voyageurs rapportent qu'un fils du roi, encore enfant, étant entré par hasard dans l'appartement de son père, au moment où il buvait, fut massacré sur le champ par ordre du grand prêtre, qui prit aussi-tôt de son sang, et en frotta le bras de sa majesté, pour détourner les maux dont elle était menacée ; ainsi la superstition vient par-tout à l'appui des despotes et des tyrants, qui sont quelquefois eux-mêmes les victimes du pouvoir qu'ils lui ont accordé.