système ou hypothèse de Copernic, (Ordre encyclopédique, Entendement, Raison, Philosophie ou Science, Science de la nature, Science du ciel, Astronomie) c'est un système dans lequel on suppose que le Soleil est en repos au centre du monde, et que les planètes et la terre se meuvent autour de lui dans des ellipses. Voyez SYSTEME et PLANETE.

Suivant ce système, les cieux et les étoiles sont en repos, et le mouvement diurne qu'ils paraissent avoir d'orient en occident, est produit par celui de la Terre autour de son axe d'occident en orient. Voyez TERRE, SOLEIL, ETOILE, etc.

Ce système a été soutenu par plusieurs anciens, et particulièrement par Ecphantus, Seleucus, Aristarchus, Philolaus, Cleanthes, Heraclides, Ponticus et Pythagore, et c'est de ce dernier qu'il a été surnommé le système de Pythagore.

Archimède l'a soutenu aussi dans son livre de granorum arenae numero : mais après lui il fut extrêmement négligé, et même oublié pendant plusieurs siècles ; enfin Copernic le fit revivre il y a 250 ans, d'où il a pris le nom de système de Copernic.

Nicolas Copernic, dont le nom à présent est si connu, et dont nous avons fait l'histoire abrégée à l'art. ASTRONOMIE, adopta donc l'opinion des Pythagoriciens, qui ôte la Terre du centre du monde, et qui lui donne non-seulement un mouvement diurne autour de son axe, mais encore un mouvement annuel autour du Soleil ; opinion dont la simplicité l'avait frappé, et qu'il résolut d'approfondir.

Il commença en conséquence à observer, calculer, comparer, etc. et à la fin, après une longue et sérieuse discussion des faits, il trouva qu'il pouvait non-seulement rendre compte de tous les phénomènes et de tous les mouvements des astres, mais même faire un système du monde fort simple.

M. de Fontenelle remarque dans ses Mondes, que Copernic mourut le jour même qu'on lui apporta le premier exemplaire imprimé de son livre : il semble, dit-il, que Copernic voulut éviter les contradictions qu'allait subir son système.

Ce système est aujourd'hui généralement suivi en France et en Angleterre, surtout depuis que Descartes et Newton ont cherché l'un et l'autre à l'affermir par des explications physiques. Le dernier de ces philosophes a surtout développé avec une netteté admirable, et une précision surprenante, les principaux points du système de Copernic. A l'égard de Descartes, la manière dont il a cherché à l'expliquer, quoiqu'ingénieuse, était trop vague pour avoir longtemps des sectateurs : aussi ne lui en reste-t-il gueres aujourd'hui parmi les vrais savants.

En Italie il est défendu de soutenir le système de Copernic, qu'on regarde comme contraire à l'Ecriture à cause du mouvement de la Terre que ce système suppose. Voyez SYSTEME. Le grand Galilée fut autrefois mis à l'inquisition, et son opinion du mouvement de la Terre condamnée comme hérétique ; les inquisiteurs, dans le décret qu'ils rendirent contre lui, n'épargnèrent pas le nom de Copernic qui l'avait renouvellé depuis le cardinal de Cusa, ni celui de Diégue de Zuniga qui l'avait enseignée dans ses commentaires sur Job, ni celui du P. Foscarini carme Italien, qui venait de prouver dans une savante lettre adressée à son général, que cette opinion n'était point contraire à l'Ecriture. Galilée nonobstant cette censure ayant continué de dogmatiser sur le mouvement de la Terre, fut condamné de nouveau, obligé de se retracter publiquement, et d'abjurer sa prétendue erreur de bouche et par écrit, ce qu'il fit le 22 Juin 1633 ; et ayant promis à genoux la main sur les évangiles qu'il ne dirait et ne ferait jamais rien de contraire à cette ordonnance, il fut remené dans les prisons de l'inquisition, d'où il fut bien-tôt élargi. Cet événement effraya si fort Descartes très-soumis au saint siège, qu'il l'empêcha de publier son traité du monde qui était prêt à voir le jour. Voyez tous ces détails dans la vie de Descartes par M. Baillet.

Depuis ce temps les philosophes et les astronomes les plus éclairés d'Italie n'ont osé soutenir le système de Copernic ; ou si par hasard ils paraissent l'adopter, ils ont grand soin d'avertir qu'ils ne le regardent que comme hypothèse, et qu'ils sont d'ailleurs très-soumis aux decrets des souverains pontifes sur ce sujet.

Il serait fort à désirer qu'un pays aussi plein d'esprit et de connaissances que l'Italie, voulut enfin reconnaître une erreur si préjudiciable aux progrès des sciences, et qu'elle pensât sur ce sujet comme nous faisons en France ! un tel changement serait bien digne du pontife éclairé qui gouverne aujourd'hui l'Eglise ; ami des sciences et savant lui-même, c'est à lui à donner sur ce sujet la loi aux inquisiteurs, comme il l'a déjà fait sur d'autres matières plus importantes. Il n'y a point d'inquisiteur, dit un auteur célèbre, qui ne dû. rougir en voyant une sphère de Copernic. Cette fureur de l'inquisition contre le mouvement de la Terre nuit même à la religion : en effet que penseront les faibles et les simples des dogmes réels que la foi nous oblige de croire, s'il se trouve qu'on mêle à ces dogmes des opinions douteuses ou fausses ? ne vaut-il pas mieux dire que l'Ecriture, dans les matières de foi, parle d'après le S. Esprit, et dans les matières de physique doit parler comme le peuple, dont il fallait bien parler le langage pour se mettre à sa portée ? Par cette distinction on répond à tout ; la physique et la foi sont également à couvert. Une des principales causes du décri où est le système de Copernic en Espagne et en Italie, c'est qu'on y est persuadé que quelques souverains pontifes ont décidé que la terre ne tourne pas, et qu'on y croit le jugement du pape infaillible, même sur ces matières qui n'intéressent en rien le Christianisme. En France on ne connait que l'Eglise d'infaillible, et on se trouve beaucoup mieux d'ailleurs de croire, sur le système du monde, les observations astronomiques que les decrets de l'inquisition ; par la même raison que le roi d'Espagne, dit M. Pascal, se trouva mieux de croire sur l'existance des antipodes, Christophle Colomb qui en venait, que le pape Zacharie qui n'y avait jamais été. Voyez ANTIPODES et COSMOGRAPHE.

M. Baillet, dans la vie de Descartes, que nous venons de citer, accuse le P. Scheiner jésuite, d'avoir dénoncé Galilée à l'inquisition sur son opinion du mouvement de la Terre. Ce père, en effet, était jaloux ou mécontent de Galilée au sujet de la découverte des taches du Soleil que Galilée lui disputait. Mais s'il est vrai que le père Scheiner ait tiré cette vengeance de son adversaire, une telle démarche fait plus de tort à sa mémoire, que la découverte vraie ou prétendue des taches du Soleil ne peut lui faire d'honneur. Voyez TACHES.

En France on soutient le système de Copernic sans aucune crainte, et l'on est persuadé par les raisons que nous avons dites, que ce système n'est point contraire à la foi, quoique Josué ait dit, sta sol ; c'est ainsi qu'on répond d'une manière solide et satisfaisante à toutes les difficultés des incrédules sur certains endroits de l'Ecriture, où ils prétendent sans raison trouver des erreurs physiques ou astronomiques grossières.

Ce système de Copernic est non-seulement très-simple, mais très conforme aux observations astronomiques auxquelles tous les autres systèmes se refusent. On observe dans Venus des phases comme dans la Lune ; il en est de même de Mercure, ce qu'on ne peut expliquer dans le système de Ptolomée ; au lieu qu'on rend une raison très-sensible de ces phénomènes, en supposant comme Copernic le Soleil au centre, et Mercure, Venus, la Terre, qui tournent autour de lui dans l'ordre où nous les nommons. Voyez COSMOGRAPHIE, PHASE, VENUS, etc.

Lorsque Copernic proposa son système, dans un temps où les lunettes d'approche n'étaient pas inventées, on lui objectait la non existance de ces phases. Il prédit qu'on les découvrirait un jour, et les télescopes ont vérifié sa prédiction. D'ailleurs n'est-il pas plus simple de donner deux mouvements à la Terre, l'un annuel et l'autre diurne, que de faire mouvoir autour d'elle avec une vitesse énorme et incroyable toute la sphère des étoiles ? Que devait-on penser enfin de ce fatras d'épicycles, d'excentriques, de déférents, qu'on multipliait pour expliquer les mouvements des corps célestes, et dont le système de Copernic nous débarrasse ? Aussi n'y a-t-il aujourd'hui aucun astronome habîle et de bonne foi à qui il vienne seulement en pensée de le révoquer en doute. Voyez CIEUX DE CRISTAL.

Au reste ce système, tel qu'on le suit aujourd'hui, n'est pas tel qu'il a été imaginé par son auteur. Il faisait encore mouvoir les planètes dans des cercles dont le Soleil n'occupait pas le centre. Il faut pardonner cette hypothèse dans un temps où l'on n'avait pas encore d'observations suffisantes, et où l'on ne connaissait rien de mieux. Kepler a le premier prouvé par les observations, que les planètes décrivent autour du Soleil des ellipses, et a donné les lois de leurs mouvements. Voyez KEPLER. Newton a depuis démontré ces lais, et a prouvé que les cometes décrivaient aussi autour du Soleil ou des paraboles ou des ellipses fort excentriques. Voyez COMETE. (O)

COPERNIC, est encore le nom d'un instrument astronomique, inventé par M. Whiston, pour calculer et représenter les mouvements des planètes, premières et secondaires, etc.

Il a été ainsi appelé par l'auteur, comme étant fondé sur le système de Copernic, ou comme représentant les mouvements des corps célestes, tels qu'ils s'exécutent suivant cet astronome. Il est composé de plusieurs cercles concentriques. Par les différentes dispositions de ces cercles, qui sont faits de façon qu'ils glissent les uns dans les autres, on résout beaucoup de questions astronomiques, au moyen de quoi on évite, selon Chambers, de grands calculs, et on réduit l'ouvrage de plusieurs heures à celui de quelques minutes. Cet instrument représente jusqu'aux éclipses.

Comme l'instrument est peu en usage, une description particulière deviendrait inutîle ; l'auteur a fait un livre exprès pour l'expliquer. Chambers.

Au reste tous ces instruments sont en eux-mêmes plus amusans qu'utiles. On ne peut jamais par leurs secours connaître les mouvements des corps célestes que d'une manière grossière ; les observations réelles et les calculs astronomiques sont le seul moyen que les philosophes connaissent d'y parvenir ; tout le reste, quoique assez curieux en soi, est bon à amuser le peuple, ou à orner les cabinets des demi-savants. Voyez PLANISPHERE. (O)