Matière médicale

S. m. (Matière médicale) ce mot désignait chez les anciens un mélange de miel, d'eau et de vinaigre : on le faisait d'ordinaire, en macérant dans l'eau des rayons dont on avait tiré le miel et en y ajoutant une petite quantité de vinaigre pour y donner de la pointe ; quelquefois on excluait le vinaigre pour en faire une simple boisson d'usage. Galien prétend que l'oxyglucu était la même chose que l'apoméli, cependant il parait par sa description de l'apoméli, qu'il y avait de la différence ; car il le composait avec des rayons de miel mis dans du vinaigre, et bouillis ensemble jusqu'à-ce que ces deux substances fussent unies, et que la force du vinaigre fût abattue. (D.J.)
ou PAQUERETTE, GRANDE et PETITE, (Matière médicale) voyez MARGUERITE.
(Matière médicale ancienne) ce mot a été employé pour désigner l'espèce d'oenanthe, dont on faisait chez les Grecs l'huîle oenanthine ; cette espèce d'oenanthe était la plus odorante de toutes, et croissait, selon Théophraste, dans l'île de Chypre ; mais tout ce que dit Pline de cet onguent, et qu'il a tiré d'Apollodore dans Athénée, est expliqué avec tant de négligence qu'on n'en peut tirer aucun sens raisonnable.

S. m. (Matière médicale ancienne) nom donné par les grecs modernes à la racine qu'Avicenne et Sérapion appellent behem. La description qu'ils en font, leur distinction en pechem rouge et blanc, les vertus qu'ils leur prodiguent, sont celles du behem dans les auteurs arabes. Myrepse qui traite de cette plante, en rapporte les mêmes choses qu'Avicenne, et nommément que le pechem était une racine ligneuse, extrêmement ridée sur toute sa surface, à cause de la grande humidité de sa tissure, qui s'exhalait en la faisant sécher très-promptement. D'ailleurs on voit bien que le pechem est formé de behem, en changeant le b en p, ce qui est arrivé fréquemment, et en aspirant h en x ou ch, ce qui n'est pas moins commun. (D.J.)
S. m. (Matière médicale ancienne) espèce d'opiat anodin et somnifère, ainsi nommé de Philon son inventeur. Galien dit que le philonium jouissait d'une grande réputation depuis longtemps, et que ce médicament était un des plus anciens de ce genre, ce qui signifie plus ancien que le mithridate, la thériaque, la hière et autres semblables. Cependant il est permis de douter que la composition de Philon fût tout à fait aussi ancienne que le mithridate ; mais elle allait apparemment de pair pour le temps avec la hière simple, inventée par Thémison qui vivait sous le règne d'Auguste. La thériaque était plus nouvelle, car ce ne fut que sous Néron qu'on commença à la composer. Ce qui fait croire que le philonium était un peu postérieur au mithridate, c'est que Philon recommande son remède pour la colique. Or cette maladie n'a pas été connue sous ce nom longtemps avant le règne de Tibere. Il est donc assez vraisemblable que Philon a vécu sous Auguste, à-peu près en même temps que Thémison, et les premiers disciples d'Asclépiade ; cette date n'empêche pas que Galien n'ait dû parler du philonium comme d'une ancienne composition, puisqu'il n'a écrit qu'environ deux cent ans après le temps auquel nous supposons, avec M. le Clerc, que cette composition a été inventée. Au reste, elle est très-mal digérée ; mais quiconque du temps de Galien se serait avisé de le dire, eut passé pour atteint du crime de lése-pharmacie, et rarement les Médecins en ont été coupables. (D.J.)