CANCRE, sub. m. (Histoire naturelle) cancer ; genre d'animaux crustacés qui comprend plusieurs espèces. En général les crabes ont la queue composée de tables ; rabattue en-dessous, et appliquée sur le ventre. La tête n'est pas séparée du corps. Ils ont dix jambes, cinq de chaque côté, y compris celles qui portent les serres, et que l'on a comparées à des bras parce qu'elles en tiennent lieu à quelques égards. Les jambes de devant sont beaucoup plus grosses que les autres : il y a aussi pour l'ordinaire une différence de grosseur entre l'une et l'autre de ces grosses jambes ; ce qui vient de ce que les crabes sont sujets à se casser ces jambes, et qu'il en renait une nouvelle en place de celle qui a été cassée. Ce fait est prouvé par des expériences faites sur les écrevisses, que l'on a aussi observées dans le temps qu'elles se dépouillent de leur taie. Voyez ECREVISSE. La figure des crabes est arrondie, parce que la queue, la tête, et le corps, paraissent confondus ensemble. Les espèces de ce genre différent par la grandeur du corps et par les couleurs, par la longueur et la grosseur des pattes et des serres. Rondelet a mis au nombre des crabes les crustacés, auxquels on a donné le nom d'araignée de mer, et ceux que l'on appelle poupars : Voyez POUPAR. Ensuite il fait mention des espèces suivantes de crabes d'eau salée.

Le crabe appelé migraine ou ours. Il ne ressemble à ce quadrupede que par la dextérité avec laquelle il se sert de ses serres, en quelque façon comme l'ours se sert de ses pieds de devant, et par sa figure informe. Il a aussi quelque ressemblance avec une grenade, soit pour la figure, soit pour la couleur, c'est pourquoi on lui a donné le nom de migraine.

Le crabe au pied large, latipes. Il diffère des autres par les jambes de derrière, qui sont larges à l'extrémité, et ont six articulations. Il a quatre petites cornes au front, et sa taie est lisse.

Le crabe jaune et ondé. Ses pattes sont longues et velues ; il a deux grandes cornes, et des aiguillons sur le front et à côté du front.

Le crabe marbré, cancer varius vel marmoratus. Sa taie est lisse, et parsemée, comme un marbre ou un jaspe, de différentes couleurs, telles que le verd, le bleu, le noir, et le cendré. Il y a deux petites cornes au front : la taie est crenelée en forme de scie à côté des yeux.

Le crabe commun. Il a deux petites cornes au front, les jambes de devant courtes, et les autres plus allongées et terminées en pointe.

Le crabe à bras court. Il est petit, de couleur mêlée de rouge et de noirâtre : la partie postérieure du corps est large, et l'antérieure pointue ; les deux jambes de devant sont très-courtes, et les deux suivantes fort longues, grosses, pointues, et velues ; les autres sont aussi longues, mais menues et lisses.

Le crabe velu. On en distingue de trois sortes ; les premiers ont les jambes de devant hérissées de pointes, et noires à l'extrémité ; il y a deux petites cornes au front ; la partie antérieure de la taie est dentelée comme une scie, et le milieu de la face supérieure porte la figure d'un cœur. La seconde espèce est plus petite que la première, et n'a point de noir à l'extrémité des bras. Enfin la troisième espèce ne diffère de la seconde, qu'en ce qu'elle est encore plus petite.

Le crabe fait en forme de cœur. Il est petit ; c'est le corps qui représente la figure d'un cœur. Il a deux cornes au front. Ce crabe vit en pleine mer : on en a souvent trouvé dans l'estomac des merlans.

Les petits crabes qui se logent dans des coquilles. On en trouve dans des moules, des huitres, des peignes et des pinnes marines : ceux des huitres ne sont pas plus gros qu'une fève ; ils sont blancs, excepté le milieu de leur face supérieure où il y a du rouge. Ceux de la pinne marine sont plus grands, et ont plus de rouge que de blanc. L'animal des coquillages où sont ces crabes est vivant. Ils se retirent aussi dans des trous d'éponge, dans des fentes de rocher, etc.

Le crabe appelé araignée. Rondelet donne le nom d'aranea crustata à une petite espèce de crabe qui a la tête un peu plus distincte, plus pointue, et plus avancée que les autres crabes : il y a deux petites cornes entre les deux yeux, qui sont fort saillans : les jambes sont fort longues, à proportion de la grosseur du corps, comme celles des araignées.

On a aussi donné le nom d'araignée à une autre espèce de crabe beaucoup plus grosse, appelée maia : Rondelet dit en avoir Ve qui avaient la largeur d'un empan, et la longueur d'une demi-coudée. Les jambes de ce crabe sont courtes à proportion de la grandeur du corps, et l'extrémité des serres est noirâtre : il a quatre cornes : sa taie est légère et découpée en demi-cercles à la circonférence : la chair est dure, et de mauvais gout. Savoir quel crabe Aristote a désigné par le nom de maia : tous les auteurs ne sont pas d'accord à ce sujet ; Gesner donne le nom de maia au crabe que Rondelet nomme pagurus. Voyez POUPAR.

Le crabe d'eau douce, cancer fluviatilis. Il se trouve en Grèce, en Candie, en Italie, en Sicile, en Egypte, dans le Nil, etc. Il ressemble aux crabes de mer, mais il a la taie plus mince, le corps moins arrondi, et les pattes plus grosses à proportion du corps. Les femelles ont la queue plus large que les mâles. Ces crabes sont bons à manger, surtout lorsqu'ils sont dépouillés de leur taie. Rondelet, hist. des poissons.

Il y a encore d'autres espèces de crabes, dont on peut voir la description dans Aldrovande, Gesner, Jonston.

Le crabe des Moluques, cancer Mollucensis, a une figure particulière. Voyez la Pl. XII. Thes. imag. pisc. etc. Rumphii. On nous a aussi donné la description et l'histoire de plusieurs espèces de crabes des Antilles, savoir les crabes violets, les blancs, et ceux que l'on appelle dans le pays du nom de tourlourou. Voyez l'hist. génér. des Antilles par le P. du Tertre, tome II. Voyez CRUSTACEE. (I)

De toutes les différentes espèces de crabes qu'on trouve dans les Antilles, celle dont on fait le plus d'usage sont les crabes blancs, les crabes rouges, et les crabes manicoux, ainsi nommés à la Grenade, et connus à la Martinique sous le nom de seriques de rivière.

On prétend que les crabes font mal lorsqu'ils ont mangé le fruit du manceniller : cependant dans l'île de la Grenade on les prend communément sous ces arbres, et on ne s'est jamais aperçu qu'ils aient incommodé personne. Les crabes et les sériques de mer sentent un peu le marécage, et n'ont pas tant de substance que les autres. Art. de M. LE ROMAIN.