S. m. (Histoire naturelle, Botanique) calceolus, genre de plante à fleur polypétale, anomale, et composée de six pétales inégaux, dont quatre sont disposés en croix ; les deux autres occupent le milieu de la fleur. L'un de ces deux pétales est fourchu et placé sur l'autre, qui est gonflé et concave, et qui ressemble à un sabot. Le calice devient dans la suite un fruit ou une espèce d'outre à trois angles auxquels adhèrent trois panneaux qui s'ouvrent, et qui sont chargés de semences aussi menues que de la sciure de bois. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

SABOT, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) trochus, nom générique que l'on a donné à différentes espèces de coquilles. Voyez COQUILLE, et les figures 10, 11 et 13 de la XXI. Planche.

SABOT, (Conchyliologie) en latin trochus, genre de limaçon de mer de forme conique, et qui ont la bouche aplatie en ovale.

Les caractères de ce genre de limaçons, sont les suivants, selon M. Dargenville ; c'est une coquille univalve, dont la figure est faite en cône ; le sommet est élevé, quelquefois aplati, ou tout à fait plat. Sa bouche ovale est à dents et sans dents, umbiliquée, et ayant intérieurement la couleur d'un blanc de perle.

La figure conique de ce genre de coquille et la bouche aplatie en ovale, déterminent son caractère générique.

Cette famille de limaçons que nous nommons sabots, renferme des espèces fort singulières, qu'on indiquera dans la suite. Il y en a dont la tête en pyramide, forme plusieurs spirales, et ce sont-là les vrais sabots ; d'autres s'élèvent la moitié moins et conservent mieux la figure des vrais limaçons ; d'autres sont entièrement aplatis, tels que la lampe antique et l'escalier ; il résulte de-là que l'élévation de la figure ne détermine pas le vrai caractère d'un coquillage. Il y a des espèces de sabots qui sont umbiliqués, et d'autres qui ne le sont pas. Les Bretons appellent sorcière, une espèce de sabot qui est petite et plate. Voyez SORCIERE.

Les classes générales de sabots, sont les trois suivantes ; 1°. celle des sabots dont le sommet est élevé ; 2°. celle des sabots dont le sommet est moins élevé, et qui ont la bouche grande, presque ronde et umbiliquée ; 3°. celle des sabots dont le sommet est aplati.

Les principales coquilles de sabots à sommet élevé, sont ; 1°. le sabot marbré ; 2°. le sabot tacheté de rouge et de blanc à pointes étagées ; 3°. le sabot pointillé ; 4°. le sabot de couleur verte et chagriné. On trouve aussi dans cette classe le sabot plein de nœuds dont la couleur est, tantôt verte, tantôt rougeâtre, tantôt cendrée, quelquefois jaune, et d'autres fois couleur de rose.

Parmi les sabots de la seconde classe, on distingue ; 1°. la veuve, 2°. la pie, 3°. le tigre, 4°. le sabot à côtes élevées, et à sommet pointu ; 5°. le sabot armé de pointes et de boutons ; 6°. le cul-de-lampe, autrement dit la pagode ou le tait chinois ; 7°. le sabot tout blanc, avec des côtes relevées ; 8°. le sabot garni de pointes en compartiments ; 9°. le sabot brut avec une opercule ; 10°. le bouton de camisole chagriné et qui a des dents : 11°. l'éperon ou la molette d'éperon, 12°. le petit éperon, 13°. le sabot doré à umbilic argenté.

Il faut remarquer ici, que la première et la seconde classe de sabots, reçoivent dans plusieurs de leurs espèces de tels changements en passant par les mains de ceux qui les polissent, et quand ces coquilles ont été gardées dans des cabinets, qu'on a de la peine à les connaître.

Par exemple, le sabot marbré parait alors tacheté de rouge et de blanc ; le sabot verd étant dépouillé, brille comme la nacre de perle ; le sabot doré parait tout entier couleur d'argent, etc.

Dans la classe des sabots dont le sommet est aplati, on compte les espèces suivantes ; 1°. la lampe antique, à bouche étendue et plate ; 2°. le sabot rayé de blanc et de rouge, 3°. le sabot, dont la bouche a des dents, 4°. le sabot nommé le cornet de S. Hubert, à lèvres repliées ; 5°. le sabot, dont le sommet est creusé et fauve ; 6°. le sabot à sommet tout jaune ; 7°. le sabot aplati, dont la bouche est presque ronde ; 8°. le sabot nommé l'escalier ou le cadran, à bouche aplatie ; 9°. le sabot brun rayé de lignes jaunes et blanches ; 10°. le sabot blanchâtre, marqueté de taches et de raies jaunes ; 11°. le petit sabot aplati, tirant sur le blanc, et la couleur de rose.

On trouvera la représentation de toutes ces différentes espèces de sabots, dans les auteurs de conchyliologie. L'on verra en même temps, que le nom de sabot conformément à l'origine de ce mot, est fort mal appliqué à différentes espèces de ces coquilles, puisqu'il n'y en a que quelques-unes qui aient la figure du sabot ou de la toupie des enfants. Il vaut donc mieux nommer avec M. Dargenville ces sortes de coquilles, limaçons à bouche aplatie ; ajoutons un mot de l'animal même.

Le limaçon habitant du sabot, a la chair d'un blanc sale tirant sur le jaune ; sa bouche est brune, ses yeux sont gros, noirs, et placés à l'ordinaire : les cornes sont coupées dans toute leur largeur par une ligne fauve, ce qui les rend épaisses, et d'une pointe fort camuse.

Ce même animal a un avantage sur le limaçon à bouche ronde, et sur le limaçon à bouche demi ronde, c'est de n'être point sujet comme eux par la configuration et la juste proportion du poids de son corps avec la plaque charnue sur laquelle il rampe, à se renverser en passant dans les endroits escarpés, au lieu que les autres allant par les mêmes endroits, entrainés par le poids de leur coquille peu proportionnée pour la grosseur à la force de l'animal, sont renversés, froissés et blessés, avant qu'ils aient pu s'en garantir en retirant leurs cornes, leur bouche, et en rentrant promptement dans leur coquille. (D.J.)

SABOT, (Architecture) est un morceau de bois carré d'environ huit pouces de grosseur, dans lequel s'emboite l'extrémité d'un calibre, et sert à le diriger le long de la règle pour pousser les moulures.

SABOT, (Boisselier) sorte de chaussure de bois léger et creusé, dont les paysans se servent en France, faute de souliers ; les plus propres viennent du Limousin. Ce sont à Paris les Boisseliers, les Chandeliers, et les regrattiers qui en font le commerce en détail. Il y a quelques années qu'un médecin de Londres conseilla de porter des sabots à un jeune enfant de qualité qui commençait à être attaqué du rachitis ; mais on ne trouva pas une seule paire de sabots dans toute la grande-Bretagne, il en fallut faire venir de France ; je sais pourtant que les anciens connaissaient les sabots, et qu'ils en faisaient ; c'était la chaussure des plus pauvres laboureurs ; mais ce qu'il y a de particulier, c'est que c'était aussi celle des parricides lorsqu'on les enfermait dans un sac pour les jeter dans la mer ; Ciceron nous apprend cette dernière particularité prescrite par la loi : Si quis parentes occiderit, vel verberarit, ei damnato obvolvatur os folliculo lupino, soleae ligneae pedibus inducantur. (D.J.)

SABOT, en terme de Boutonnier ; c'est une espèce de pompon formant un demi-cercle en-bas, et enhaut s'ouvrant en deux oreillettes de cœur, mis en soie et bordé de cannetille pour entrer dans la composition d'un ornement quelconque. Voyez METTRE EN SOIE et CANNETILLE.

SABOT, instrument de Passementier - Boutonnier ; c'est un petit outil de bois à plusieurs coches, de cinq ou six pouces de longueur dont on se sert pour fabriquer les cordons de chapeaux, c'est-à-dire pour assembler plusieurs cordons ou fils, et les tortiller ensemble pour en faire un plus gros.

SABOT, terme de Cordier ; outil de bois à plusieurs coches, dont le cordier se sert pour câbler le cordage en trois, quatre, ou en plus grand nombre. (D.J.)

SABOT, en terme d'Epinglier ; sa forme est trop connue pour en parler. Les Epingliers s'en servent ordinairement pour frapper sur les bouts d'une dressée qu'ils cueillent. Ils enlèvent encore quelquefois le dessus pour s'en servir comme d'une boite à mettre des têtes, Voyez ce mot à son article.

SABOT, (Maréchallerie) c'est toute la corne du pied du cheval au-dessous de la couronne, ce qui renferme le petit pied, la sole et la fourchette. Le sabot se détache quelquefois entièrement, à cause des maladies qui attaquent cette partie ; telles sont les encloueures, le javart encorné, et les bleimes. Un cheval à qui le sabot est tombé, n'est plus propre aux grands travaux.

Le sabot blanc est ordinairement d'une corne trop tendre, le noir est le meilleur : on divise le sabot en trois parties ; la pince, qui est le devant ; les quartiers, qui sont les deux côtés ; et les talons qui sont derrière. On appelle encore le sabot, l'ongle ou les parois du pied.

SABOT, en terme de marchand de modes, est proprement la manche d'étoffe d'une robe de cour ou d'enfant, sur laquelle on met la garniture par étages du haut en-bas. Voyez GARNITURES.

SABOT, (Rubanerie) est une espèce de navette de même matière et à-peu-près de même forme, excepté ce qui suit ; le sabot est d'abord plus épais et plus grand que la navette ; il porte à sa face de devant trois trous placés horizontalement les uns à côté des autres à peu de distance, chaque trou revêtu de son annelet d'émail. Voyez ANNELET. Le sabot contient trois petits canons à bords plats, excepté les deux bords des deux canons des deux bouts qui sont un peu convexes, pour mieux remplir la concavité des deux bouts du sabot contigus à la brochette, et profiter par-là de toute la place ; en outre les bords plats de ces canons qui se touchent dans le sabot n'y laissent pas de vide, et les bords des deux bouts se trouvant convexes, sont plus conformes à la figure du sabot où ils aboutissent ; l'usage du sabot est de porter, comme la navette, au lieu de trame sur ses trois petits canons, autant de brins de cablé ou grisette, pour en enrichir les bords du galon, le sabot ne se lance jamais en plein comme la navette, il passe seulement à mains reposées à-travers la levée de chaîne qui lui est destinée, après quoi il se pose sur le carton, jusqu'à ce qu'il soit nécessaire de le reprendre ; on entend parfaitement qu'il en faut deux, c'est-à-dire un pour chaque bord, l'un exécutant comme l'autre, les desseins, coquilles, etc. que l'on voit à chaque bord ; cet outil a beaucoup de connexité avec la navette. Voyez NAVETTE.

SABOT, (Tireur d'or) est une partie du rouet du fileur d'or, qu'on peut regarder comme la principale pièce du rouet. C'est une roue à plusieurs crants qui décroissent par proportion sur le devant. Elle est traversée par l'arbre qui Ve de-là passer dans le noyau de la grande roue. C'est sur ce sabot qu'est la corde qui descend par trois poulies différentes sur la roue de la fusée. La raison de l'inégalité de ces crants, de ceux de la fusée, et de ceux des cazelles, est le plus ou le moins de mouvement qu'il faut à certaines marchandises qu'on travaille.

SABOT, (Jeu) turbo, sorte de toupie qui est sans fer au bout d'en bas, et dont les enfants jouent en le faisant tourner avec un fouet de cuir.

Le jeu de sabot est fort ancien. Tibulle a dit dans la cinquième élégie du premier livre : J'avais autrefois " du courage, et je supportais les disgraces sans m'émouvoir ; mais à présent je sens bien ma faiblesse, et je suis agité comme une toupie fouetée par un enfant dans un lieu propre à cet exercice. "

Asper eram, et benè dissidium me ferre loquebar ;

Ac verò nunc longè gloria fortis abest,

Namque agor, ut per plana citus sola verbere turbo

Quem celer assuetâ versat ab arte puer.