S. m. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante dont Tournefort compte trois espèces, la plus commune est nommée tragacantha altera, Poterium fortè, I. R. H. on l'appelle vulgairement en français barbe-renard. C'est un sous-arbrisseau qui ressemble à la plante d'où sort la gomme adragant, et qui en est une espèce. Il pousse beaucoup de rameaux longs environ d'un pied, flexibles, grêles, se répandant au large, blanchâtres pendant qu'ils sont encore tendres, lanugineux, garnis de plusieurs épines longues, qui sont les côtés des anciennes feuilles. Ses feuilles sont fort petites, rondes, blanches et velues ; elles naissent par paires, sur une côte terminée par un piquant. Ses fleurs sont légumineuses, blanches, soutenues chacune par son calice fait en cornet dentelé. Quand cette fleur est passée, il lui succede une gousse, divisée selon sa longueur en deux loges remplies de quelques semences, qui ont ordinairement la figure d'un petit rein. Sa racine est longue, branchue, pliante, couverte d'une écorce noire ; blanche en-dedans, fongueuse, gommeuse, douçâtre au gout. Cette plante nait en Candie et en Espagne, aux lieux montagneux, arides et incultes. (D.J.)

TRAGACANTHA, (Histoire naturelle Botaniq. exot.) le tragacantha d'où la gomme adragant découle, s'appelle tragacantha Cretica, incana, flore parvo, lineis purpureis sticato, corol. I. R. H. 29.

Ses racines sont brunes, plongées profondément dans la terre, et partagées en plusieurs branches ; elles donnent naissance à des tiges épaisses d'un pouce, longues de deux ou trois pieds, couchées en rond sur la terre : elles sont fermes, d'une substance spongieuse, remplies d'un suc gommeux, et entrelacées de différentes fibres, les unes circulaires, les autres longitudinales, et d'autres qui s'étendent en forme de rayons du centre à la circonférence.

Ces tiges sont couvertes d'une écorce ridée, brune, épaisse d'une ligne, et se partagent en un nombre infini de rameaux hérissés d'épines, et dénués de feuilles à leur partie inférieure qui parait seche et comme morte, mais la partie supérieure est chargée de beaucoup de feuilles composées de 7 ou 8 paires de petites feuilles, attachées sur une côte d'un pouce de longueur ; ces petites feuilles sont longues de deux ou trois lignes, larges d'une demi-ligne, arrondies, terminées en pointe mousse, blanches et molles : la côte qui les porte, se termine en une épine longue, roide, aiguë et jaunâtre, sa base est large, membraneuse, garnie de deux ailerons, par le moyen desquels elle embrasse les tiges.

Les fleurs sortent à l'extrémité des rameaux, de l'aisselle des côtes feuillées : elles sont légumineuses, longues de quatre lignes, légèrement purpurines, avec un étendart arrondi plus long que les autres parties, un peu échancrée, et panachée de lignes blanches.

Les étamines sont au nombre de dix filets, dont neuf sont réunis ensemble dans presque toute leur longueur : ils sont égaux, droits, chargés de sommets arrondis, et forment une gaine membraneuse qui enveloppe l'embryon. Le pistil est un embryon dont la base creusée en-dessus, répand une liqueur miellée ; cet embryon se termine en un stîle grêle un peu redressé, chargé d'un petit stigma obtus. Le calice a la forme d'un coqueluchon ; il est long de trois lignes, découpé en cinq parties et couvert d'un duvet blanchâtre. Quand les fleurs sont tombées, il leur succede des gousses velues, renflées, et partagées en deux loges, remplies de petites graines, de la figure d'un rein.

Cet arbrisseau croit dans l'île de Crète, et dans plusieurs endroits de l'Asie. M. de Tournefort a eu le plaisir d'observer à son aise la gomme adragant découler naturellement de cet arbrisseau sur le mont Jon, sur la fin de Juin, et dans les mois suivants ; le suc nourricier de cette plante épaissi par la chaleur, fait crever la plupart des vaisseaux où il est renfermé, non-seulement il s'amasse du cœur des tiges et des branches, mais dans l'intérieur des fibres, lesquelles sont disposées en rayons. Ce suc se coagule en filets, de même que dans les porosités de l'écorce ; et ces filets passant au-travers de cette partie, sortent peu-à-peu, à mesure qu'ils sont poussés par le nouveau suc que les rameaux fournissent.

Cette matière exposée à l'air, s'endurcit, et forme ou des grumeaux, ou des lames tortues, semblables à des vermisseaux, plus ou moins longs, suivant la matière qui se présente : il semble même que la contraction des fibres de cette plante, contribue à l'expression de la gomme adragant : ces fibres déliées comme de la filasse, découvertes et foulées par les pieds des bergers et des chevaux, se raccourcissent par la chaleur, et facilitent la sortie du suc extravasé.

Il faut maintenant parler du genre de plante ordinaire nommé tragacantha par plusieurs botanistes, et en français barbe-renard, mais nous en ferons, pour éviter la confusion, un article à-part. (D.J.)