tamariscus, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice et devient dans la suite une capsule semblable au fruit du saule ; elle est oblongue et membraneuse, elle s'ouvre en deux parties, et elle renferme des semences garnies d'une aigrette. Tournefort. Inst. rei herb. app. Voyez PLANTE.

TAMARIS, tamariscus, petit arbre qui se trouve en Espagne, en Italie, et dans les provinces méridionales de ce royaume. Il fait une tige assez droite, quand on a soin de le conduire, sans quoi il se charge de quantité de rameaux qui poussent horizontalement, et dont les plus vigoureux en exténuant la maîtresse tige, forment tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, des coudes aussi défectueux qu'impossibles à redresser. Ce petit arbre s'élève en peu de temps à 15 ou 20 pieds. Son écorce est unie, rougeâtre, et d'un joli aspect sur les branches, au-dessous de l'âge de 4 ou 5 ans, mais fort rude et rembrunie sur le vieux bois. Ses racines sont longues, éparses, peu fibreuses, et d'une écorce lisse et jaune. Les feuilles de cet arbres sont si petites, qu'à peine peut-on les apercevoir en les regardant de fort près. Ce sont moins des feuilles qu'un fanage, qui de loin a la même apparence, à-peu-près, que celui des asperges. Ce sont les plus tendres rameaux qui constituent ce fanage, parce qu'ils sont entièrement verts, et qu'ils se fannent et tombent pendant l'hiver ; à la différence des branches qui sont rougeâtres, et qui ne tombent pas : ce fanage est d'un verd tendre et bleuâtre, d'un agrément fort singulier. Quoique tous ceux de nos auteurs modernes qui ont parlé de cet arbre, s'accordent à dire que cet arbre fleurit trois fois ; il n'en est pas moins vrai qu'il ne donne qu'une fois des fleurs pendant les mois de Juin et de Juillet. Elles sont très-petites, et rassemblées fort près en grappes d'un pouce environ de longueur, sur autant de circonférence ; leur couleur purpurine blanchâtre avant de s'ouvrir, lorsqu'elles sont épanouies, les rend assez apparentes. Les graines qui succedent sont extrêmement petites et renfermées dans une capsule triangulaire et oblongue, qui s'ouvre et laisse tomber les semences à la fin de l'été.

Le tamaris, quoiqu'originaire des pays chauds, résiste au froid de la partie septentrionale de ce royaume. Son accroissement est très-prompt, il vient assez bien dans toutes sortes de terrains, pourvu qu'il y ait de l'humidité, ou au moins de la fraicheur : il se plait le long des rivières et des ruisseaux, au-tour des étangs et des eaux dormantes ; mais plus particulièrement sur les plages maritimes et les bords des marais salans. On a même remarqué que le tamaris était presque le seul bois que produisent les terres salées des environs de Beaucaire. Néanmoins on le voit réussir dans différents terrains, quoique médiocres et éloignés des eaux. Il se multiplie très-aisément de branches couchées, et surtout de bouture qui est la voie la plus courte ; elles réussissent assez généralement de quelque façon qu'on les fasse, quand même on les planterait à rebours ; et quoiqu'on les laisse exposées au grand soleil. Il faut préférer pour cela les branches qui sont de la grosseur du doigt : elles poussent souvent de 4 pieds de hauteur dès la première année. On les fait au printemps.

La singularité du fanage et des fleurs de cet arbre, et la durée de sa verdure qui ne se flétrit que fort tard en hiver, et qui n'est sujette à aucuns insectes, peuvent engager à l'employer pour l'agrément dans des bosquets d'arbres curieux.

Le bois du tamaris est blanc, assez dur et très-cassant. On en fait dans les pays chauds de petits barrils, des gobelets et autres vaisseaux, dans lesquels on met du vin, que l'on fait boire quelque temps après, comme un souverain remède aux personnes attaquées d'obstructions, et surtout pour prévenir les opilations de la rate. Mais la Médecine tire encore d'autres services des différentes parties de cet arbre. Les Teinturiers se servent des graines pour leur tenir lieu de noix de galles, et teindre en noir.

On connait deux espèces de tamaris.

I. Le tamaris de France ou de Narbonne ; c'est à cette espèce qu'il faut particulièrement appliquer le détail que l'on vient de faire.

II. Le tamaris d'Allemagne. Il s'élève moins que le précédent. Son fanage a plus de consistance, et il est bien plus précoce, sa verdure est bleuâtre et plus agréable ; ses fleurs sont plus apparentes, et durent pendant tout l'été. Son écorce est jaunâtre ; son accroissement est aussi prompt, et sa multiplication aussi aisée ; mais il exige absolument un terrain humide, du reste il a les mêmes propriétés.

Notre tamaris ou tamarisc, nommé tamariscus Narbonensis, J. R. H. 661, a la racine grosse, à-peu-près comme la jambe ; elle pousse une ou plusieurs tiges en arbrisseau, lequel forme quelquefois un arbre, à-peu-près comme un coignassier, ayant le tronc couvert d'une écorce rude, grise en-dehors, rougeâtre en-dedans, et le bois blanc. Ses feuilles sont petites, longues et rondes, approchantes de celles du cyprès, d'un verd pâle.

Ses fleurs naissent aux sommités de la tige et des rameaux sur des pédicules oblongs, disposées en grappes petites, purpurines, composées chacune de cinq pétales. Lorsque ces fleurs sont passées, il leur succede des capsules ou fruits pointus, qui contiennent plusieurs semences menues, et chargées d'aigrettes.

Cet arbre croit principalement dans les pays chauds comme en Italie, en Espagne, en Languedoc et ailleurs, proche des rivières et autres lieux humides. Il fleurit d'ordinaire trois fois l'année, au printemps, en été et en automne. Il se dépouille de ses feuilles pendant l'hiver et tous les ans, il en repousse de nouvelles au printemps ; il demande une terre humide et noire ; il se multiplie de bouture, et de rejetons.

TAMARIS, (Mat. méd. et Chimie) tamaris, petit tamaris ou tamaris d'Allemagne ; et tamaris de Narbonne, tamaris ordinaire ou commun.

On attribue les mêmes vertus à l'un et à l'autre de ces arbrisseaux.

L'écorce du bois et de la racine est très-communément employée dans les aposèmes et les bouillons apéritifs, et principalement dans ceux qu'on ordonne contre les obstructions des viscères du bas-ventre, et les maladies de la peau.

Cette écorce est regardée aussi comme un bon diurétique. Quelques auteurs ont assuré qu'elle était très-utîle contre les maladies vénériennes, mais cette propriété n'est rien moins qu'éprouvée.

Les anciens pharmacologistes lui ont attribué la vertu très-singulière, mais vraisemblablement très-imaginaire, de détruire et consumer la rate.

Le sel lixiviel du tamaris, est d'un usage très-commun dans les bouillons et les aposèmes fondants, purifiants, diurétiques, fébrifuges, et dans les opiates et les poudres fébrifuges. La nature de ce sel a été parfaitement inconnue des Chimistes, jusqu'au commencement de l'année 1759, temps auquel M. Montel, célèbre apoticaire de Montpellier, de la société royale des Sciences, démontra que c'était un vrai sel de Glauber absolument pur. (b)

TAMARIS, (Géographie) fleuve de l'Espagne tarragonaise, au voisinage du promontoire Celtique, selon Pomponius Mela, l. III. c. j. Ce fleuve est nommé Tamara par Ptolémée, l. II. c. VIe qui marque son embouchure entre celle du fleuve Via ; et le port des Artabreres. Le tamaris donnait son nouveau nom aux peuples qui habitaient sur ces bords. On les appelait Tamarius. On nomme aujourd'hui ce fleuve, Tambra, qui signifie délices ; il se jette dans l'Océan, auprès de Maros, sur la côte de la Galice. Plin. l. XXXI. c. IIe lui donne trois sources, qu'il nomme Tamaricifontes. (D.J.)