S. f. (Médecine) dépouillement de l'épiderme ou du repli de la peau, tant des parties externes que des parties internes, par quelque cause que ce sait.

Comme toutes les parties douées de mouvement et de sentiment, sont revêtues ou de l'épiderme, ou d'une membrane fine et déliée qui les tapisse, ou de mucosité qui leur sert de liniment ; cette épiderme, cette membrane fine, cette mucosité, peuvent être emportées par des accidents, des frottements externes, ou par des remèdes internes corrosifs ! en un mot, l'épiderme s'excoriera par toute force capable de produire cette abrasion, comme par frottement violent, par des matières acres, par le croupissement des humeurs, la colliquation, la mortification, la brulure.

La partie dépouillée ressent alors de la douleur, de la chaleur, de l'ardeur, de la cuisson, de l'inflammation : elle se desseche, se retire, répand une tumeur tenue rougeâtre, se revêt ensuite d'une croute, jette du pus, s'ulcère, et forme une escharre.

On préviendra le mal en oignant la partie exposée à un frottement violent, de quelque corps gras, pour la garantir. On guérit le mal par la suppression des causes de l'excoriation, en couvrant la partie excoriée d'un topique huileux, onctueux, balsamique, ami des nerfs ; en l'étuvant avec un liquide un peu astringent et antiputride ; en évitant tout attouchement, et l'exposition à l'air nud : dans les excoriations internes, il faut injecter ou prendre les remèdes les plus adoucissants.

Voilà qui suffit pour les excoriations en général ; mais il survient fréquemment aux enfants en particulier, des rougeurs et des excoriations en différentes parties du corps, surtout derrière les oreilles, au cou et aux cuisses. Il est bon d'indiquer ici le traitement de ces sortes d'excoriations, qui sont très-communes.

Celles des cuisses proviennent ordinairement de l'acrimonie de l'urine, qui à force de passer sur l'épiderme l'enleve, et insensiblement laisse la peau délicate de ces jeunes créatures à découvert. On guérira ces excoriations, en bassinant doucement deux ou trois fois par jour les parties excoriées avec de l'eau tiede, qui dissoudra et emportera avec elle les sels acrimonieux qui en sont cause. On peut aussi délayer dans l'eau de la céruse réduite en poudre fine, de la craie ou de l'ardoise calcinée, et l'appliquer sur la partie excoriée après la lotion.

Mais si l'inflammation et l'excoriation étaient considérables, il serait à-propos d'user en fomentation, deux ou trois fois par jour, de la solution de trochisques de blanc de rhasis dans de l'eau de plantain ; l'on aura soin en même temps de ne rien épargner pour que les parties soient seches, et pour qu'elles ne se frottent point les unes contre les autres ; ce que l'on obtiendra en employant un peu d'onguent dessicatif rouge ou de diapompholyx, et en interposant entre les parties des morceaux de vieux linge fin, chaud et sec, C'est à la nourrice à avoir ce soin et à y veiller avec attention. L'enfant ne sait que crier et pleurer ; celui du riche comme celui du pauvre, celui du prince, comme celui du berger. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.