GLANDE, (Anatomie) c'est une glande dans le cerveau, que l'on a quelque peine à voir, sans la déplacer.

Elle est de la grandeur d'un fort gros pais, dans la selle de l'os sphénoïde, sous l'infundibulum ou l'entonnoir avec lequel elle communique ; elle en reçoit une lymphe ou un suc qui est fourni à l'infundibulum par le plexus choroïde et la glande pinéale, et c'est de cette lymphe que la glande elle-même prend son nom. Voyez GLANDE, etc.

Elle filtre aussi un suc, en séparant du sang une liqueur blanche fort subtile, et en apparence fort spiritueuse. Voyez ESPRITS.

M. Littre observe un sinus ou un réservoir de sang qui touche cette glande, et qui est ouverte à l'endroit du contact, de manière que la glande réside ou pose en partie dans le sang : c'est ce réservoir que l'auteur regarde comme faisant l'office d'un bain-marie, à cause qu'il entretient dans la glande un degré de chaleur nécessaire pour s'acquitter de ses fonctions.

On trouve cette glande dans tous les quadrupedes, les poissons, les oiseaux, aussi-bien que dans les hommes. M. Littre donne un exemple d'une maladie lente ou languissante, et qui devint enfin mortelle, laquelle venait d'une obstruction et d'une inflammation de la glande pituitaire.

PITUITAIRE, membrane, (Physiologie) c'est cette membrane lisse qui tapisse sans interruption toute l'étendue interne du nez, toutes ses cavités, ses sinuosités, ses replis, les surfaces que forme le réseau, et par la même continuité non interrompue, toute la surface interne des sinus frontaux et maxillaires, des conduits lacrymaux, des conduits palatins, et des sphénoïdes ; elle se continue encore au-delà des arrières narines, sur le pharynx, sur la cloison du palais, etc. On ne peut voir sans admiration combien la surface de cette membrane muqueuse augmente par la vaste expansion que la nature lui donne dans une cavité aussi étroite que celle des narines, sans cependant qu'une partie nuise jamais à l'autre.

Elle est nommée pituitaire, de ce que la plus grande partie de son étendue sert à séparer du sang artériel qui y est distribué, une lymphe mucilagineuse, que les anciens ont appelée pituite, et qui dans l'état naturel, est pour l'ordinaire médiocrement coulante ; car dans un autre état, elle est ou gluante ou limpide, et sans consistance, ou autrement altérée ; mais elle n'est pas également fournie par toute l'étendue de la membrane schneidérienne ; car on lui donne ce nom de membrane schneidérienne, en reconnaissance des travaux de Schneïder sur cette partie.

Depuis lui les anatomistes modernes se sont appliqués à découvrir la structure de cette membrane. Sténon, Vieussens, Cowper, Drake, Collin, Morgagni, Santorini, Boerhaave, Ruysch, Winslow, y ont donné tous leurs soins ; et cependant malgré leurs travaux, leurs injections, leurs macérations, il ne parait pas qu'ils l'aient encore parfaitement développée.

Il est vraisemblable que cette membrane est d'une différente structure dans ses différentes portions. Vers le bord des narines externes elle est très-mince, et y parait comme un tissu dégénéré de la peau et de l'épiderme ; sur le reste de son étendue, elle est en général comme spongieuse, et plus ou moins épaisse. Elle s'épaissit sur les parois de la cloison du nez, en allant au gosier, comme aussi le long du trajet inférieur des narines internes, et autour des cornets ; elle est plus tenue dans les sinus. Winslow prétend que si l'on fait avec la pointe du scalpel, un petit trou dans l'épaisseur de cette membrane, et qu'on y souffle de l'air, on y découvrira un tissu cellulaire très-étendu.

Elle est parsemée d'un million de petits vaisseaux artériels, de quantité d'autres vaisseaux très-fins, qui distillent une lymphe claire, et de quantité de petits corps ronds, glanduleux, du côté du périoste et du périchondre, dont elle est accompagnée. Les conduits excrétoires de ces petits corps glanduleux, sont très-longs autour de la cloison du nez, et leurs orifices sont assez sensibles. Morgagni, Ruysch, Santorini les ont décrits. On en trouve une légion dans la partie antérieure du canal moyen, ainsi que dans celle de l'os spongieux supérieur : on voit les follicules qui sont dessous avec leurs glandes, tels que Ruysch les a exposés. Ceux qui sont à la partie postérieure ont été décrits par Santorini et par Cowper. Ruysch admet en général ces glandes des narines, quoiqu'il les nomme pelotons de vaisseaux.

C'est dans cette grande quantité de glandes et de vaisseaux artériels, dont la membrane pituitaire est parsemée, que se sépare et se prépare sans-cesse une humeur douce, fluide, sans odeur, sans couleur, presque insipide, qui humecte, lubrifie, défend les nerfs olfactifs, et cela dans toute l'étendue de la capacité des narines. Cette même mucosité ayant perdu par la chaleur du lieu, et par l'action de l'air, ses parties les plus liquides, s'y épaissit par son repos et sa stagnation ; la secrétion s'en fait en quelque situation du corps qu'on soit : on en trouve toujours qui coule en quelque partie des narines ; sans cela, comment se pourrait-il faire que des nerfs aussi tendres et aussi nuds que ceux de l'odorat, pussent se conserver en bon état pendant un aussi grand nombre d'années ?

Ruysch imagine que l'humeur de ces glandes se sépare par des vaisseaux parallèlement situés dans la membrane de Schneïder, et qu'il appelle arteriomuqueux ; mais il ne fait aucune mention d'une secrétion artérielle immédiate, quoiqu'elle se fasse peut-être de cette manière comme dans les intestins, dont la seule analogie rend cette conjecture probable. En effet, si l'on injecte la carotide d'un foetus, on voit sortir des narines un mucus rougeâtre, écumeux, mêlé avec l'eau injectée. Le mucus des narines se filtre donc sans la médiation d'aucun crypte, autrement cet écoulement ne se ferait pas si vite. Outre cette secrétion artérielle, il en est une autre glanduleuse, qui donne d'abord une humeur aussi claire que celle de la sécrétion artérielle ; les glandes qui la filtrent reçoivent de très-petites artères dispersées sur la surface de la membrane pituitaire.

Cette humeur venant de cette double source, s'amasse dans les sinus frontaux, sphénoïdes, maxillaires, et de-là coule dans les narines, suivant les diverses positions du corps. Si le sinus frontal est presque toujours vide, c'est que le plus souvent on a la tête droite : on en trouve toujours au contraire dans le sinus maxillaire et sphénoïdal, parce qu'ils peuvent rarement se vider ; le mucus coulant de tous ces sinus Ve vernir toute l'expansion des nerfs olfactifs, et les conserve comme le vernis de blanc d'œufs conserve les couleurs.

Cependant, de peur que cette liqueur, qui se métamorphose aisément en tophus, ne vint à s'épaissir trop, à s'accumuler à force de croupir dans ses réservoirs, et qu'ainsi elle ne put désormais en couler, la nature y a distribué des rameaux de nerfs, qui étant irrités produisent l'éternuement, au moyen duquel l'air poussé impétueusement par toutes les cavités des narines, balaye toute la mucosité qu'il trouve dans son passage.

S'il est certain que les polypes sont quelquefois formés dans le nez par la membrane pituitaire, lorsqu'elle se boursouffle, sort des sinus, et prend un accroissement des os spongieux ; il n'est pas moins vrai que ces corps naissent quelquefois de l'épaississement et de la concrétion de la mucosité dans quelques sinus, qui ne pouvant se vider, s'en remplit tout à fait, et le passage de l'air se trouve ainsi bouché par le polype éminent, formé de mucosité et de membrane ; c'est comme un morceau de chair, qui pend dans le gosier ou dans le nez, et qu'il faut emporter suivant les règles de l'art.

En été, la partie la plus liquide de la mucosité du nez se dissipe par la chaleur, ce qui la rend plus épaisse. En hiver elle coule naturellement et est claire, comme des larmes, qui la délaient et qui la disposent à ses excrétions ; car les larmes coulent dans le nez par le canal nazal, que Salomon Alberti a le premier décrit.

Nous venons de voir que le principal usage de la membrane pituitaire est la filtration d'une liqueur lubrifiée, sans goût et sans odeur, qui se mêle facilement avec l'eau, qui se change en une espèce de plâtre quand on la fait secher, et qui rend la surface interne du nez fort glissante.

Si la membrane pituitaire est parsemée de glandes et de vaisseaux sanguins, pour filtrer la mucosité dont nous venons de parler ; elle reçoit aussi, comme nous l'avons dit, les nerfs olfactifs lubrifiés par cette mucosité. C'est par les trous de l'os ethmoïde que descendent du cerveau ces filaments nerveux, qui après avoir pénétré les gaines que leur fournit la dure-mère, vont se répandre par toute l'étendue de la membrane schneidérienne, en suivant tous les replis, et produisent la sensation que nous nommons odorat. Voyez ODORAT. (D.J.)