S. m. en Anatomie, signifie la seconde cavité de l'oreille interne, qui est creusée dans l'os pierreux, et qui est ainsi nommée à cause de différents contours que l'on y observe.

Cette cavité est divisée en trois parties : la première se nomme le vestibule, parce qu'elle conduit dans les deux autres ; la seconde comprend trois canaux courbés en demi-cercle, et appelés à cause de cela canaux demi-circulaires, qui sont placés d'un côté du vestibule, vers la partie postérieure de la tête ; la troisième appelée le limaçon, est située de l'autre côté du vestibule. Voyez LIMAÇON, VESTIBULE, etc.

Vieussens observe que l'os dans lequel se trouve la labyrinthe est blanc, dur, et fort compact ; afin que la matière des sons venant à frapper contre, ne perde point ou peu de son mouvement, mais le communique tout entier aux nerfs de l'oreille. Voyez OUIE, SON, etc.

LABYRINTHE, (Architecture antique) en latin labyrinthus ; grand édifice dont il est difficîle de trouver l'issue.

Les anciens font mention de quatre fameux labyrinthes, qu'il n'est pas possible de passer sous silence.

1°. Le labyrinthe d'Egypte : c'est le premier du monde à tous égards. Il était bâti un peu au-dessus du lac Moèris, auprès d'Arsinoé, autrement nommée la ville des crocodiles. Ce labyrinthe, selon Pomponius Méla, qui le décrit brièvement l. I. c. ix. contenait trois mille appartements et douze palais, dans une seule enceinte de murailles ; il était construit et couvert de marbre ; il n'offrait qu'une seule descente, au bout de laquelle on avait pratiqué intérieurement une infinité de routes où l'on passait et repassait, en faisant mille détours qui jetaient dans l'incertitude, parce qu'on se retrouvait souvent au même endroit ; de sorte qu'après bien des fatigues, on revenait au même lieu d'où l'on était parti, sans savoir comment se tirer d'embarras. Je m'exprimerai plus noblement, en empruntant le langage de Corneille.

Mille chemins divers avec tant d'artifice,

Coupaient de tous côtés ce fameux édifice,

Que, qui pour en sortir, croyait les éviter,

Rentrait dans les sentiers qu'il venait de quitter.

Le nombre des appartements dont parle Méla, parait incroyable ; mais Hérodote qui avait Ve de ses yeux ce célèbre labyrinthe debout et entier, explique le fait, en remarquant qu'il y avait la moitié de ces appartements souterrains, l'autre moitié au-dessus.

Il faut donc lire la description que cet historien a faite de ce pompeux édifice il y a plus de deux mille ans, et y joindre celle de Paul Lucas, qui en a Ve les restes au commencement de notre siècle. Ce qu'en rapporte le voyageur moderne, me semble d'autant plus intéressant, que c'est un commentaire et une explication du récit d'Hérodote.

Non-seulement le temps a détruit les trois quarts des restes de ce labyrinthe ; mais les habitants d'Héracléopolis jaloux de ce monument, et ensuite les Arabes, qui ont cru y trouver des trésors immenses, l'ont démoli, et ont renversé quantité d'autres bâtiments des environs qui composaient, selon les apparences, les vastes édifices qu'il fallait parcourir avant que d'entrer dans l'endroit qui subsiste encore de nos jours.

On ne doit pas être surpris de la diversité des relations que les anciens auteurs ont faites de ce labyrinthe, puisqu'il y avait tant de choses à considérer, tant de chambres à parcourir, tant d'édifices différents par lesquels il fallait passer, que chacun s'attachait à ce qui lui paraissait le plus admirable, et négligeait, ou oubliait dans son recit, ce qui l'avait le moins frappé.

Une dernière reflexion est que le labyrinthe d'Egypte était un temple immense, dans lequel se trouvaient renfermées des chapelles à l'honneur de toutes les divinités de l'Egypte. Les anciens ne parlent que du nombre prodigieux d'idoles qu'on y avait mises, et dont les figures de différentes grandeurs, s'y voyaient de tous côtés. Mais quoique ce labyrinthe fût une espèce de Panthéon consacré à tous les dieux d'Egypte, il était cependant dédié plus particulièrement au soleil, la grande divinité des Egyptiens. Cela n'empêche pas toutefois qu'on n'y ait pu enterrer des crocodiles et autres animaux consacrés à ces mêmes divinités.

L'histoire ne dit point quel a été le prince qui a fait bâtir le labyrinthe dont nous parlons, ni en quel temps il a été construit. Pomponius Méla en attribue la gloire à Psammétichus : on pourrait penser que c'était l'ouvrage du même prince, qui avait fait creuser le lac Moèris, et lui avait donné son nom, si Pline ne disait qu'on en faisait honneur à plusieurs rais. De plus, Hérodote assure qu'il était l'ouvrage des douze rois qui, regnant conjointement, partagèrent l'Egypte en autant de parties, et que ces princes avaient laissé de concert ce monument à la postérité.

2°. Le labyrinthe de l'île de Crète parut ensuite sous le règne de Minos. Pline, liv. XXXVI. c. XVIIe dit que quoique ce labyrinthe fût de la main de Dédale, sur le modèle de celui d'Egypte, il n'en imita pas la centième partie, et que cependant il contenait tant de tours et de détours, qu'il n'était pas possible de s'en démêler ; il n'en restait aucun vestige du temps de cet historien. Il avait été bâti auprès de Gnosse, selon Pausanias, et l'on présume qu'il était découvert par l'étrange manière dont la fable a supposé que Dédale et son fils Icare s'en tirèrent, au lieu que celui d'Egypte était couvert et obscur.

Ovide, sans avoir jamais Ve le labyrinthe de Crète, l'a décrit aussi ingénieusement dans ses métamorphoses, liv. VIII. Ve 157. que s'il l'eut bâti lui-même. Voyez la jolie comparaison qu'il en fait avec le cours du Méandre.

C'est ce même labyrinthe que designe Virgile, quand il dit qu'on y trouvait mille sentiers obscurs et mille routes ambiguès, qui égaraient sans espérance de retour ; mais sa peinture est unique pour la beauté des termes imitatifs.

Parjetibus textum caecis iter, ancipitemque

Mille viis habuisse dolum, quâ signa sequendi

Falleret indeprensus, et irremeabilis error.

Aenéid. liv. V. Ve 589.

Qu'on me rende en français l'indeprensus, et l'irremeabilis error du poète latin !

Au reste, il est vraisemblable que ce labyrinthe était une espèce de prison magnifique, dont on ne pouvait s'évader.

J'ajoute ici que le labyrinthe de Crète, décrit par M. de Tournefort dans ses voyages et dans les mémoires de l'académie des Sciences, année 1702, n'est point le fameux labyrinthe de Dédale ; c'est un conduit souterrain naturel, en manière de rues, qui par cent détours pris en tous sens, et sans aucune régularité, parcourt tout l'intérieur d'une colline située au pied du mont Ida, du côté du midi, à trois milles de l'ancienne ville de Gortyne : il ne sert de retraite qu'à des chauve-souris.

3°. Le labyrinthe de l'île de Lemnos, selon Pline, liv. XXXVI. c. XIIIe était semblable aux précédents pour l'embarras des routes. Ce qui le distinguait, c'était cent cinquante colonnes, si également ajustées dans leurs pivots, qu'un enfant pouvait les faire mouvoir, pendant que l'ouvrier les travaillait. Ce labyrinthe était l'ouvrage des architectes Zmilus, Rholus, et Théodore de Lemnos : on en voyait encore des vestiges du temps de Pline.

4°. Le labyrinthe d'Italie fut bâti au-dessous de Clusium, par Porsenna roi d'Etrurie, qui voulut se faire un magnifique tombeau, et procurer à l'Italie la gloire d'avoir en ce genre surpassé la vanité des rois étrangers. Ce qu'on en disait, était si peu croyable, que Pline n'a osé prendre sur soi le recit qu'il en fait, et a mieux aimé employer les termes de Varron. Le monument de Porsenna, dit ce dernier, était de pierres de taille : chaque côté avait trois cent pieds de largeur, et cinquante de hauteur. Dans le milieu était le labyrinthe, dont on ne pouvait trouver la sortie, sans un peloton de fil. Au-dessus, il y avait cinq pyramides de soixante et quinze pieds de largeur à leur base, et de cent cinquante de hauteur, etc. Il ne restait plus rien de ce monument du temps de Pline. (D.J.)

LABYRINTHE, (Jardinage) appelé autrefois dédale, est un bois coupé de diverses allées pratiquées avec tant d'art, qu'on peut s'y égarer facilement. Les charmilles, les bancs, les figures, les fontaines, les berceaux qui en font l'ornement, en corrigent la solitude, et semblent nous consoler de l'embarras qu'il nous cause. Un labyrinthe doit être un peu grand, afin que la vue ne puisse point percer à travers les petits carrés de bois, ce qui en ôterait l'agrément. Il n'y faut qu'une entrée qui servira aussi de sortie.