tendo, en Anatomie ; c'est une partie blanche, la plus ferme et la plus tenace de celles qui composent les muscles dont il forme les extrémités. Voyez MUSCLE.

La plupart des muscles ont au-moins deux tendons, un à chaque extrémité.

Celui qui est attaché à la partie vers laquelle se fait le mouvement, se nomme la tête du muscle. Celui qui est attaché à la partie qui est tirée vers une autre, se nomme la queue du muscle. Voyez TETE et QUEUE.

Lorsque les tendons s'épanouissent en forme de membranes : ces expansions sont appelées aponevroses. Voyez APONEVROSE.

On a cru que les fibres qui composent le tendon, étaient nerveuses ; mais on trouve aujourd'hui qu'elles ne sont autre chose que des productions des mêmes fibres qui forment le ventre ou corps du muscle. Toute la différence est que dans le corps du muscle elles sont lâches et à une certaine distance l'une de l'autre ; au lieu que dans le tendon elles sont unies ensemble plus étroitement et plus fortement. Voyez FIBRE.

Leur blancheur vient uniquement de ce qu'à raison de leur tissu serré elles n'admettent pas la partie rouge du sang. En effet, il y a la même différence entre ces deux sortes de fibres qu'entre un écheveau de fil, et une corde faite du même fil.

Les fibres des tendons ne souffrent pas de contraction ou de dilatation, comme font celles du corps des muscles : elles agissent simplement comme des cordes pour tirer une partie vers l'autre.

TENDON D'ACHILLE, (Anatomie) tendon large et fort, qui sert à étendre le pied, et qui vient du milieu de la jambe au talon.

C'est, je crois, le plus fort et le plus gros de tous les tendons. Il est formé par l'union intime des tendons de deux muscles différents, l'un appelé les jumeaux, et l'autre le solaire ; il Ve s'attacher à la partie postérieure du calcaneum, et produit par l'épanouissement de ses filets, l'aponévrose plantaire.

Un homme blessé au tendon d'Achille, ne peut se tenir droit, parce que quoique les muscles jambier et péronier postérieurs soient suffisans pour étendre le pied ; le point par où ces muscles passent de la jambe au pied est trop proche de l'appui.

Cette observation montre que l'éloignement du tendon d'Achille, fait toute la force du pied, et que plus ce tendon est éloigné de l'articulation, plus il a de force. Les animaux qui courent et sautent avec plus de facilité, sont ceux qui ont ce tendon plus éloigné ; les hommes qui ont le talon fort long, se fatiguent moins à marcher, et plus le pied est long, plus la longueur du talon est nécessaire.

Mais tout fort qu'est le tendon d'Achille, il peut se rompre complete ment ou incomplete ment. Voyez donc l'article qui suit. (D.J.)

TENDON D'ACHILLE, blessure du, (Chirurgie) parlons maintenant des blessures du tendon d'Achille, ce sont de cruels accidents fort délicats à traiter, et qui par conséquent ne doivent pas être inconnus aux maîtres de l'art.

Non-seulement le tendon d'Achille est exposé à la rupture, mais encore à différentes sortes de blessures. S'il est piqué, percé, ou coupé seulement en partie, le malade se trouve attaqué de symptômes très-dangereux, qui sont d'autant plus terribles, que ce tendon est plus gros que les autres. C'est sans-doute pour cette raison que les anciens médecins ont regardé les blessures de ce tendon comme mortelles, ou du moins comme inguérissables. Les symptômes qu'é prouve le malade lorsque le tendon est considérablement blessé, sont moins cruels que quand la plaie est plus légère ; en sorte qu'alors il faut achever de le couper pour faire cesser la douleur et les convulsions ; cependant il n'est pas impossible de réunir sans suture le tendon d'Achille, aussi - bien que d'autres tendons offensés, si l'on peut bander le pied de manière que les deux extrémités du tendon soient maintenues dans un état de contact.

Nos chirurgiens ont finalement hasardé de réunir le tendon par la voie de la suture, et Cowper nous en a laissé une description détaillée, que M. Heister a rendu encore plus intelligible que le fameux chirurgien de Londres ne l'a donnée lui-même.

Le blessé avait 30 ans ; le tendon d'Achille de sa jambe gauche était entièrement coupé à la distance de trois travers de doigts du calcaneum ; la partie supérieure était retirée en en - haut d'environ deux pouces. Cowper commença par découvrir, par la voie de l'incision, les téguments, pour pouvoir parvenir aux extrémités du tendon. Il prit deux aiguilles droites et menues, et introduisit, au moyen de la première aiguille, un fil de soie ciré dans la partie supérieure du tendon, à un demi-pouce du bout. Avec une autre aiguille enfilée pareillement d'un fil de soie, il perça de même la partie supérieure du tendon, la faisant entrer un peu plus bas que la première ; ensuite il passa les deux aiguilles dans la partie inférieure du tendon. Il étendit le pied du malade, et fit approcher les deux extrémités du tendon au point qu'elles se touchassent, en tirant les deux bouts de fil l'un à l'autre, lesquels il lia de manière que les extrémités du tendon fussent maintenues en état de contact, faisant toujours tenir au blessé son pied allongé ; puis il coupa les bouts des fils.

Cela fait, il pansa la plaie avec de la charpie qu'il trempa dans de l'huîle de térébenthine, et y appliqua une compresse et un bandage. Mais afin que le pied fût toujours comme il le fallait, dans un état d'extension, et que les extrémités du tendon continuassent de se toucher, il fit une espèce d'arc de carton fort et épais, qu'il appliqua tellement à la partie antérieure du pied et de la jambe, que le pied ne put point avoir de mouvement ni la suture se rompre. Cowper observe que le blessé se plaignit de douleurs aiguës, lorsqu'il lui perça avec l'aiguille la partie supérieure du tendon, mais qu'il n'en sentit point lors de la perforation de la partie inférieure.

L'opération faite, le malade fut mis au lit ; on lui tira du bras quatorze onces de sang, pour obvier, par cette grande saignée, aux accidents qui pouvaient survenir ; on lui donna sur le soir une once de syrop de diacode, pour lui procurer du repos.

Le lendemain le malade se trouva assez bien : il avait dormi : seulement il se plaignit que pendant la nuit il avait senti des douleurs lancinantes au gras de la jambe, lorsqu'il lui était arrivé de s'éveiller. Le troisième jour Cowper pansa la plaie de même que le premier, y ajoutant seulement une fomentation d'absynthe, de sauge, de romarin et de feuilles de laurier. Le quatrième jour la plaie parut humectée d'une humeur séreuse, appelée synovie ; le six cette matière était épaissie ; le huit elle l'était encore davantage, après quoi elle disparut d'elle-même.

Pendant tout ce temps-là les deux extrémités du tendon ne s'écartèrent point du tout ; mais il parut à l'endroit de leur conjonction une substance blanche, sur laquelle M. Cowper appliqua du baume de térébenthine et de la teinture de myrrhe. Bientôt après cette substance se dissipa, et alors les deux extrémités parurent couvertes d'une autre substance fongueuse et charnue. M. Cowper ne mit plus rien alors que de sec sur la plaie, tantôt de la charpie seche, et tantôt de la poudre de térébenthine. Le dixième jour un des fils parut lâche, Cowper le coupa et le retira. Deux ou trois jours après l'autre fil étant lâche aussi, il le coupa et le retira de même. Pendant tout ce temps le pied était toujours étendu, au moyen du carton qui était attaché par-dessus. Au bout de trente jours, le malade fut en état de marcher un peu, mais en boitant. Petit à petit il marcha plus aisément, et sur la fin du second mois, il recouvra entièrement l'usage de son pied.

La destruction du tendon d'Achille emporte avec elle celle de la faculté qui produit le mouvement du pied ; ainsi, à moins que ce tendon ne soit bien repris, le blessé en demeure estropié pour toujours. (D.J.)

Voici une continuation sur le même accident, par M. Louis, chirurgien et secrétaire de l'Académie de chirurgie. Elle est tirée d'un mémoire de M. Petit, dont M. de Fontenelle a donné l'extrait qui suit, dans les recueils de l'Académie des Sciences.

Les tendons sont des espèces de cordes qui par une de leurs extrémités partent d'un muscle, et par l'autre s'attachent à un os, de sorte que quand le muscle est en action, ou se contracte, le tendon tire à soi l'os auquel il est attaché, et lui fait faire le mouvement dont il est capable. Les tendons sont d'une nature à ne s'étendre pas, si ce n'est dans des contractions de leurs muscles extraordinaires et outrées : en ce cas-là, si l'os qu'ils doivent tirer ne peut leur obéir assez et les suivre, ou l'os casse par la traction du tendon trop forte, ou le tendon se rompt par son extension trop violente.

Il faut encore considérer que dans certaines actions, comme celle de sauter de bas en-haut, tout le poids du corps est porté, et même surmonté par un nombre de muscles, qui ayant été mis dans une forte contraction, se débandent brusquement tout à la fais, et par-là causent le saut. Si dans l'instant où ces muscles étendent violemment leurs tendons, il arrive un accident qui fasse que ces tendons soient encore tirés en en-bas par tout le poids du corps, il ne sera pas étonnant qu'ils ne résistent pas à une extension si excessive. C'est ainsi que le sauteur de M. Petit se cassa le tendon d'Achille ; il voulait sauter sur une table élevée de plus de trois pieds, il n'en attrapa que le bord du bout de chaque pied, où le tendon d'Achille était alors fort étendu par l'effort nécessaire, il retomba droit, et dans cette chute le tendon d'Achille fut encore étendu par le poids de tout le corps qui le tirait. On peut ajouter que la force de ce poids fut augmentée par l'accélération d'une chute de trois pieds.

Le tendon d'Achille est formé par l'union intime des tendons de deux muscles différents, l'un appelé les jumeaux, l'autre le solaire. Si ces deux tendons, qui composent celui d'Achille, sont cassés, la rupture est complete ; elle est incomplete , s'il n'y a que l'un des deux. Dans l'incomplete que M. Petit a vue, c'était le tendon des jumeaux qui était cassé, l'autre restant entier. Il ne faut pas entendre que cette division des ruptures soit fondée sur un grand nombre d'expériences. M. Petit n'en a Ve qu'une incomplete , qu'il n'a reconnue pour telle, et distinguée de la complete , que par une grande exactitude d'observations ; et il a jugé de plus que celle qu'Ambraise Paré a rapportée, était de la même espèce. Pour l'autre incomplete , il ne fait guère que la conjecturer par une espèce d'analogie. Il ne s'agira donc ici que de la première incomplete , qui sera en opposition avec la complete .

Il y a entr'elles des différences, dont quelques-unes pourraient surprendre. L'incomplete est très-douloureuse, et la complete ne l'est point. Lorsqu'un tendon est absolument rompu, ses deux parties séparées se retirent naturellement, comme feraient celles d'une corde à boyau, l'une d'un côté, l'autre du côté opposé. Si elles tiennent à des parties voisines, elles ne pourront se retirer, sans les tirailler, les agiter, les irriter, et cela avec d'autant plus de force, et par conséquent d'autant plus douloureusement, que leur adhésion sera plus grande. Cela peut aisément aller au point de causer des inflammations, qui s'étendront ensuite ; la fièvre, des insomnies, des délires. Mais hors de ce cas-là, deux parties du tendon séparées se retirent paisiblement chacune de son côté, et il n'y a nul autre mal, que le tendon cassé, devenu inutile. Cela est si vrai, que pour prévenir les douleurs et les accidents qui naitraient d'un tendon à demi rompu, on le coupe tout à fait. Le tendon d'Achille est enfermé dans une gaine où il coule librement, il n'a point d'attache aux parties voisines, et par-là, sa rupture complete est sans douleur.

Mais il n'en Ve pas de même de l'incomplete . Le seul tendon des jumeaux étant rompu, il se retire en en-haut et en en-bas, tandis que le tendon du solaire ne se retire point. On voit assez là un principe de déchirement d'autant plus violent, que l'adhérence et l'union de ces deux tendons qui forment celui d'Achille, est effectivement très-grande.

Ce principe général veut pourtant être considéré plus particulièrement. Il n'y a de douleur qu'à l'endroit de la portion supérieure du tendon rompu, et non à l'inférieure. Quand la portion supérieure du tendon des jumeaux Ve en en-haut, parce qu'elle y est tirée par la partie charnue de ce muscle auquel elle tient, elle est en même temps tirée en en-bas par le solaire resté sain en son entier ; et cette contrariété d'actions fait un déchirement douloureux dans les fibres qui résistent ; mais la portion inférieure du même tendon ne tenant plus du tout au muscle des jumeaux, mais seulement au solaire, elle obéit sans résistance aux mouvements du solaire, qui ne sont point combattus par l'autre. Ce n'est que dans les premiers temps que cette différence entre les deux portions du tendon rompu subsiste en son entier : dans la suite la douleur de la portion supérieure peut avoir été si vive, qu'elle aura causé de l'inflammation aux parties voisines ; mais quoique la portion inférieure s'en ressente, elle est encore la moins douloureuse, ce que l'on reconnait sensiblement au toucher.

Dans la rupture complete , on fléchit le pied du malade sans lui causer aucune douleur ; on augmente seulement une espèce de vide ou de creux que laissent nécessairement entr'elles les deux portions du tendon d'Achille entièrement séparées l'une de l'autre. Dans la rupture incomplete , cette même flexion du pied ne peut se faire sans beaucoup de douleur, parce que ce creux qu'on tend à augmenter, ne se peut augmenter sans un déchirement, ou tiraillement de parties imparfaitement séparées.

Dans la rupture incomplete on peut marcher, mais en souffrant ; dans la complete on ne peut marcher, quoiqu'on ne souffre point. A chaque pas que l'on fait, la jambe qui demeure en arrière, soutient seule tout le poids du corps, et il faut que la ligne de direction de ce poids tombe vers le milieu du pied de cette jambe posé sur le plan ; or M. Petit fait voir que c'est le tendon d'Achille, qui par son action porte cette ligne de direction sur le pied où elle doit être, qu'il fait en quelque sorte la fonction du gouvernail, et que par conséquent lorsqu'il ne peut plus absolument la faire, on ne marche plus.

Il est très-important en chirurgie de connaître toutes les différences des deux ruptures ; on saura les discerner dans l'occasion, et on se conduira plus surement. Quand on ne les discernerait que par leurs effets, ce serait toujours beaucoup ; mais il vaut sans comparaison mieux que les effets soient accompagnés de la connaissance des causes.

M. Petit ne traite point de la deuxième rupture incomplete , qui serait celle du seul tendon du muscle solaire, il ne l'a point vue, et il y a plus de sagesse à ne point prévenir les faits par des conjectures hasardées. Il croit seulement que cette rupture doit être plus rare que la première incomplete , et il en donne les raisons tirées de la différence des deux tendons qui composent celui d'Achille. Histoire de l'acad. des Sciences, années 1725 et 1728. (D.J.)

TENDON, les Maréchaux appellent improprement ainsi dans le cheval une espèce de cartilage qui entoure une partie du pied, et qui est située entre la corne et le petit pied. On est souvent obligé de couper ce tendon. Dans le javart encorné, la matière qui se forme entre le petit pied et la corne, gâte ce tendon, le noircit, et l'on est obligé de l'extirper pour guérir le javart. Voyez JAVART.