S. m. (Grammaire) intervalle de la journée qui comprend la fin du jour et le commencement de la nuit. En hiver, les soirées sont longues.

SOIR, (Médecine) ce temps de la journée mérite une certaine attention de la part des Médecins, soit par rapport aux changements qui arrivent alors dans les maladies, soit à cause des remèdes qu'il convient de prescrire ou d'éviter. Les redoublements de la plupart des fièvres se font le soir ; c'est vers le temps du coucher du soleil que les malades commencent à devenir plus inquiets ; le malaise augmente ; les douleurs sont plus sensibles ; souvent ils entrent alors dans l'agonie ; quelques-uns ayant pendant le jour retenu un dernier souffle de vie, prêt à échapper, sont morts dans l'instant que le soleil a cessé d'éclairer l'horizon. Ces effets dépendraient-ils d'une action particulière, ou de l'influence de cet astre lumineux ? Animerait-il par sa présence la machine ? augmenterait-il le ressort et le jeu des organes ? vivifierait-il en un mot, également les hommes, les animaux et les plantes ? et en disparaissant, donnerait-il lieu à cette espèce d'affaissement qui produit le sommeil varié des êtres organisés et vivants, qui prive la plupart des plantes de leur éclat, qui les flétrit, et qui fait cesser l'exercice des sens et des mouvements dans presque tous les animaux ? Voyez INFLUENCE DES ASTRES. Ou bien pourrait-on attribuer ces effets à la façon de vivre la plus généralement suivie par les hommes, à la fatigue du jour, à l'état de veille qui doit nécessairement lasser les organes, aux aliments qu'on prend, etc. ? Si ces causes influent, elles ne sont pas du moins générales, et l'on observe que dans les fièvres lentes, les quotidiennes, les redoublements ne viennent pas moins le soir, quoique le malade ait dormi tout le jour, et observé une diete rigoureuse. Cependant on ne doit pas tout à fait exclure leur action, qui se rend sensible chez ces personnes qui font du jour la nuit, et de la nuit le jour ; pour qui le soir est matin, et le matin est soir ; leur machine se plie insensiblement à ce pervertissement de l'ordre naturel. Le physique et le moral sont chez elles asservis à-peu-près aux mêmes lois, ou au même défaut de lois. Les maladies qui viennent en foule les assaillir sous ces lambris dorés, semblent s'y conformer, elles ne ressemblent jamais avec la même uniformité aux mouvements du soleil, dont l'usage est souvent peu connu dans ces appartements retirés, fermés à la clarté du jour, et uniquement éclairés par la brillante et flatteuse lueur des flambeaux multipliés. Les redoublements s'y font plus souvent sentir le matin que le soir, et dans l'administration des remèdes le médecin est souvent obligé de se servir de leur mesure pour distinguer les temps de la journée.

Lorsque la nécessité n'est pas pressante, lorsqu'il est libre au médecin de choisir un temps de la journée pour faire prendre quelque remède, surtout des purgatifs, il les prescrit ordinairement le matin. Voyez ce mot. Le malade alors plus tranquille, fortifié par le sommeil de la nuit, en supporte mieux l'effet, et en éprouve plus de soulagement ; on évite de donner ces remèdes le soir, à cause de la révolution que nous avons dit arriver alors assez communément dans la maladie, qui s'opposerait au succès entier du médicament. D'ailleurs l'agitation que procure le remède, l'excrétion qu'il doit occasionner, empêcherait le sommeil de la nuit. Les secours qui semblent plus appropriés le soir, sont les saignées à cause du redoublement ou de l'agitation plus grande qui se fait alors, les vésicatoires et les cordiaux pour prévenir ou dissiper un affaissement que l'absence du jour et le sommeil pourraient augmenter. Dans d'autres cas les calmants, les narcotiques indiqués pour préparer une nuit plus tranquille, pour procurer un sommeil qui rétablisse les forces, pour diminuer une excrétion trop abondante qui s'y opposerait, et enfin pour réparer les mauvais effets qu'un purgatif ou un émétique, donné dans la journée, manque rarement d'occasionner. Pour remettre la machine dans l'équilibre et l'assiette naturelle, dont ces remèdes l'avaient tirée, Sydenham était fort dans l'usage de donner un parégorique le soir du jour qu'il avait purgé ses malades ; beaucoup de praticiens ont suivis cette méthode, dont ils se sont bien trouvés. (m)