S. f. (Grammaire) chemin public qui conduit d'un lieu à un autre. Ce terme n'est guère usité qu'au palais et dans l'histoire ancienne. Nous disons rue, chemin.

VOIE DU SOLEIL, (Astronomie) terme dont se servent quelques astronomes, pour signifier l'écliptique, dont le soleil ne sort jamais. Voyez ECLIPTIQUE.

VOIE, (Critique sacrée) chemin, route ; ce mot se prend au figuré dans l'Ecriture en plusieurs sens, et quelquefois d'une manière proverbiale ; par exemple, aller par un chemin, et fuir par sept, Deut. 28. 25. marque en proverbe la déroute d'une armée. Les voies raboteuses s'applaniront, Luc, 3. 5. c'est-à-dire les dérèglements seront corrigés. Suivre la voie de toute la terre, c'est mourir. La voie des nations, ce sont les usages et la religion des payens.

Voie se prend métaphoriquement pour la conduite. Que le paresseux aille à la fourmi, et considère ses voies, Prov. 6. 6. Ce mot désigne les lois et les œuvres de Dieu, Psaumes 102. 7. Les voies de la paix, de la justice, de la vérité, sont les moyens qui y conduisent. Ce terme marque une secte. Saul demanda des lettres pour le grand prêtre, afin que s'il trouvait des gens de cette secte, il les menât liés à Jérusalem, Act. 9. 2. La voie large, c'est une conduite relâchée qui mène à la perdition. La voie étroite, c'est une conduite religieuse qui mène au salut. (D.J.)

VOIE LACTEE, (Mythologie) la fable donne à cet amas d'étoiles une origine céleste ; elle dit que Junon donnant à teter à Hercule, cet enfant dont la force était prodigieuse, lui pressait si rudement le bout du téton, qu'elle ne le put souffrir ; et comme elle retira sa mammelle avec effort et promptitude, il se répandit de son lait céleste qui forma ce cercle que les Grecs nommaient , et les Latins, orbis lacteus, via lactea ; mais il vaut bien mieux emprunter cette fable dans le langage de la poésie, puisque c'est elle qui l'inventa.

Nec mihi celanda est famae vulgata vetustas

Molliori e niveo lactis fluxisse liquorem

Pectore reginae divum, coelumque colore

Infecisse suo. Quapropter lacteur orbis

Dicitur, et nomen causâ descendit ab ipsâ.

Manil. lib. I.

Ce joli conte suppose que Junon était dans le ciel ; mais les Thébains ne le prétendaient pas ; car Pausanias, l. IX. rapporte qu'ils montraient le lieu où cette déesse, trompée par Jupiter, allaita Hercule. (D.J.)

VOIES, les premières, (Médecine) primae viae ; on appelle ainsi en médecine l'oesophage, l'estomac, les intestins, et leurs appendices, sur lesquels les purgatifs, les vomitifs, et les autres remèdes qu'on prend intérieurement exercent d'abord leur vertu, avant qu'ils fassent leur opération dans d'autres parties. Quelques-uns mettent aussi les vaisseaux méséraiques au rang des premières voies. (D.J.)

VOIE, (Jurisprudence) via, signifie chemin, passage dans le droit romain : le droit de voie, via, est différent du droit de passage personnel, appelé iter, et du droit de passage pour les bêtes et voitures, appelé actus ; le droit appelé via, voie ou chemin, comprend le droit appelé iter et celui appelé actus.

On appelle voie privée une route qui n'est point faite pour le public, mais seulement pour l'usage d'un particulier ; et voie publique, tout chemin ou sentier qui est destiné pour l'usage du public. Voyez aux institutes, l. II. le tit. de servitut. (A)

VOIE MINUCIENNE, (Littérature) via minucia, grand chemin des Romains, qui montait tout-au-travers de la Sabine, du Samnium, et joignait le chemin d'Appius, via appia, à Beneventum. Il prit son nom de Tiberius Minutius, consul, qui le fit faire l'an 448 de Rome, sept ans après celui d'Appius. Cicéron parle de la voie minucienne dans la sixième lettre du IX. livre à Atticus.

La porte Minucia était dans le neuvième quartier de Rome, entre le Tibre et le capitole, et par conséquent fort éloignée de la voie minucienne. Cette porte fut nommée minucienne à cause qu'elle était proche de la chapelle et de l'autel du dieu Minucius.

Il y avait encore à Rome dans le neuvième quartier une halle au blé, porticus frumentaria, qui fut aussi nommée porticus minucia, parce que Minucius Augurinus, qui exerça le premier l'intendance des vivres, la fit bâtir en 315. (D.J.)

VOIE ROMAINE, (Antiq. rom. et Littérat.) via romana ; route, chemin des Romains, qui conduisait de Rome par toute l'Italie, et ailleurs. Au défaut des connaissances que nous n'en pouvons plus avoir dans les Gaules, recueillons ce que l'histoire nous apprend de ces sortes d'ouvrages élevés par les Romains dans tout l'empire, parce que c'est en ce genre de monuments publics qu'ils ont de bien loin surpassé tous les peuples du monde.

Les voies romaines étaient toutes pavées, c'est-à-dire, revêtues de pierres et de cailloux maçonnés avec du sable. Les lois des douze tables commirent cette intendance au soin des censeurs, censores urbis vias, aquas, aerarium, vectigalia, tueantur. C'était en qualité de censeur qu'Appius, surnommé l'aveugle, fit faire ce grand chemin depuis Rome jusqu'à Capoue, qui fut nommé en son honneur la voie appienne. Des consuls ne dédaignèrent pas cette fonction ; la voie flaminienne et l'émilienne en sont des preuves.

Cette intendance eut les mêmes accroissements que la république. Plus la domination romaine s'étendit, moins il fut possible aux magistrats du premier rang de suffire à des soins qui se multipliaient de jour en jour. On y pourvut en partageant l'inspection. Celle des rues de la capitale fut affectée d'abord aux édiles, et puis à quatre officiers, nommés viocuri, nous dirions en français voyers. Leur département était renfermé dans l'enceinte de Rome. Il y avait d'autres officiers publics pour la campagne, curatores viarum. On ne les établissait d'abord que dans l'occasion, et lorsque le besoin de quelque voie à construire ou à réparer le demandait. Ils affermaient les péages ordonnés pour l'entretien des routes et des ponts. Ils faisaient payer les adjudicataires de ces péages, réglaient les réparations, adjugeaient au rabais les ouvrages nécessaires, avaient soin que les entrepreneurs exécutassent leurs traités, et rendaient compte au trésor public des recettes et des dépenses. Il est souvent parlé de ces commissaires, et de ces entrepreneurs, mancipes, dans les inscriptions, où ils étaient nommés avec honneur.

Le nombre des commissaires n'est pas aisé à déterminer. Les marbres nous apprennent que les principales voies avaient des commissaires particuliers, et que quelquefois aussi un seul avait pour départements trois ou quatre grandes voies. On peut juger du relief que donnait cette commission par ces mots de l'orateur romain, ad Attic. l. I. epist. 1. Thermus est commissaire de la voie flaminienne ; quand il sortira de charge, je ne ferai nulle difficulté de l'associer à César pour le consulat.

Le peuple romain crut faire honneur à Auguste en l'établissant curateur et commissaire des grandes voies aux environs de Rome. Suétone dit qu'il s'en réserva la dignité, et qu'il choisit pour substituts des hommes de distinction qui avaient déjà été préteurs. Tibere se fit gloire de lui succéder pour cette charge ; et afin de la remplir avec éclat, il fit aussi travailler à ses propres frais, quoiqu'il y eut des fonds destinés à cette sorte de dépense. Caligula s'y appliqua à son tour, mais il s'y prit d'une manière extravagante et digne de lui. L'imbécile Claudius entreprit et exécuta un projet que le politique Auguste avait cru impossible ; je veux dire de creuser à-travers une montagne un canal pour servir de décharge au lac Fucin, aujourd'hui lac de Celano. Aussi l'exécution lui couta-t-elle des sommes immenses. Néron ne fit presque rien faire aux grandes voies de dehors, mais il embellit beaucoup les rues de Rome. Les règnes d'Othon, de Galba et de Vitellius furent trop courts et trop agités. C'était des empereurs qu'on ne faisait que montrer, et qui disparaissaient aussi-tôt. Vespasien, sous qui Rome commença d'être tranquille, reprit le soin des grandes voies. On lui doit en Italie la voie intercica. Son attention s'étendit jusqu'à l'Espagne. Ses deux fils Titus et Domitien l'imitèrent en cela ; mais ils furent surpassés par Trajan. On voit encore en Italie, en Espagne, sur le Danube, et ailleurs les restes des nouvelles voies et ponts qu'il avait fait construire en tous ces lieux-là. Ses successeurs eurent la même passion jusqu'à la décadence de l'empire, et les inscriptions qui restent suppléent aux omissions de l'histoire.

Il faut d'abord distinguer les voies militaires, viae militares, consulares, praetoriae, de celles qui ne l'étaient pas, et que l'on nommait viae vicinales. Ces dernières étaient des voies de traverse qui aboutissaient à quelque ville située à droite ou à gauche hors de la grande voie, ou à quelque bourg, ou à quelque village, ou même qui communiquaient d'une voie militaire à l'autre.

Les voies militaires se faisaient aux dépens de l'état, et les frais se prenaient du trésor public, ou sur les libéralités de quelques citoyens zélés et magnifiques, ou sur le produit du butin enlevé aux ennemis. C'étaient les intendants des voies, viarum curatores, et les commissaires publics qui en dirigeaient la construction ; mais les voies de traverse, viae vicinales, se faisaient par les communautés intéressées, dont les magistrats réglaient les contributions et les corvées. Comme ces voies de la seconde classe fatiguaient moins que les voies militaires, on n'y faisait point tant de façons : cependant elles devaient être bien entretenues. Personne n'était exempt d'y contribuer, pas même les domaines des empereurs.

Des particuliers employaient eux mêmes, ou léguaient par leur testament une partie de leurs biens pour cet usage. On avait soin de les y encourager ; le caractère distinctif du romain était d'aimer passionnément la gloire. Quel attrait pouvait-on imaginer qui eut plus de force pour l'animer, que le plaisir de voir son nom honorablement placé sur des monuments publics, et sur les médailles qu'on en frappait. L'émulation s'en mêlait, c'était assez.

La matière des voies n'était point partout la même. On se servait sagement de ce que la nature présentait de plus commode et de plus solide ; sinon, on apportait ou par charrais, ou par les rivières, ce qui était absolument nécessaire, quand les lieux voisins ne l'avaient pas. Dans un lieu c'était simplement la roche qu'on avait coupée ; c'est ainsi que dans l'Asie mineure on voit encore des voies naturellement pavées de marbre. En d'autres lieux, c'était des couches de terres, de gravais, de ciment, de briques, de cailloux, de pierres carrées. En Espagne la voie de Salamanque était revêtue de pierre blanche : de là son nom via argentea, la voie d'argent. Dans les Pays bas les voies étaient revêtues de pierres grises de couleur de fer. Le nom de voies ferrées que le peuple leur a donné, peut aussi bien venir de la couleur de ces pierres, que de leur solidité.

Il y avait des voies pavées, et d'autres qui ne l'étaient pas, si par le mot de pavées on entend une construction de quelques lits de pierres sur la surface. On avait soin que celles qui n'étaient point pavées fussent dégarnies de tout ce qui les pouvait priver du soleil et du vent ; et dans les forêts qui étaient sur ces sortes de voies, on abattait des arbres à droite et à gauche, afin de donner un libre passage à l'air ; on y faisait de chaque côté un fossé en bordure pour l'écoulement des eaux ; et d'ailleurs pour n'être point pavées, il fallait qu'elles fussent d'une terre préparée, et qu'on rendait très-dure.

Toutes les voies militaires étaient pavées sans exception, mais différemment, selon le pays. Il y avait en quelques endroits quatre couches l'une sur l'autre. La première, statumen, était comme le fondement qui devait porter toute la masse. C'est pourquoi avant que de la poser, on enlevait tout ce qu'il y avait de sable ou de terre molle.

La seconde, nommée en latin ruderatio, était un lit de tests de pots, de tuiles, de briques cassées, liées ensemble avec du ciment.

La troisième, nucleus, ou le noyau, était un lit de mortier que les Romains appelaient du même nom que la bouillie, puls, parce qu'on le mettait assez mou pour lui donner la forme qu'on voulait, après quoi on couvrait le dos de toute cette masse ou de cailloux, ou de pierres plates, ou de grosses briques, ou de pierrailles de différentes sortes, selon le pays. Cette dernière couche était nommée summa crusta, ou summum dorsum. Ces couches n'étaient pas les mêmes partout, on en changeait l'ordre ou le nombre, selon la nature du terrain.

Bergier qui a épuisé dans un savant traité tout ce qui regarde cette matière, a fait creuser une ancienne voie romaine de la province de Champagne, près de Rheims, pour en examiner la construction. Il y trouva premièrement une couche de l'épaisseur d'un pouce d'un mortier mêlé de sable et de chaux. Secondement, dix pouces de pierres larges et plates qui formaient une espèce de maçonnerie faite en bain de ciment très dur, où les pierres étaient posées les unes sur les autres. En troisième lieu, huit pouces de maçonnerie de pierres à peu-près rondes et mêlées avec des morceaux de briques, le tout lié si fortement, que le meilleur ouvrier n'en pouvait rompre sa charge en une heure. En quatrième lieu, une autre couche d'un ciment blanchâtre et dur, qui ressemblait à de la craie gluante ; et enfin une couche de cailloux de six pouces d'épaisseur.

On est surpris quand on lit dans Vitruve, les lits de pavés qui étaient rangés l'un sur l'autre dans les appartements de Rome. Si on bâtissait si solidement le plancher d'une chambre qui n'avait à porter qu'un poids léger, quelles précautions ne prenait-on pas pour des voies exposées jour et nuit à toutes les injures de l'air, et qui devaient être continuellement ébranlées par la pesanteur et la rapidité des voitures ?

Tout ce maçonnage était pour le milieu de la voie, et c'est proprement la chaussée, agger. Il y avait de chaque côté une lisière, margo, faite des plus grosses pierres et de blocailles, pour empêcher la chaussée de s'ébouler ou de s'affaisser, en s'étendant par le pied. Dans quelques endroits, comme dans la voie appienne, les bordages étaient de deux pieds de largeur, faits de pierres de taille, de manière que les voyageurs pouvaient y marcher en tout temps et à pied sec ; et de dix pieds en dix pieds, joignant les bordages, il y avait des pierres qui servaient à monter à cheval ou en chariot.

On plaçait de mille en mille des pierres qui marquaient la distance du lieu où elles étaient placées, à la ville d'où on venait, ou à la ville où l'on allait. C'était une invention utîle de Caius Gracchus, que l'on imita dans la suite.

Toutes les voies militaires du cœur de l'Italie, ne se terminaient pas aux portes de Rome, mais au marché forum, au milieu duquel était la colonne milliaire qui était dorée, d'où lui venait le nom de milliarium aureum. Pline, et les autres écrivains de la bonne antiquité, prennent de cette colonne le terme et l'origine de toutes les voies. Pline, l. III. c. Ve dit : ejusdem spatii mensura currente à milliario in capite fori Romani statuto. C'est de là que se comptaient les milles ; et comme ces milles étaient distingués par des pierres, il s'en forma l'habitude de dire ad tertium lapidem, ad duodecimum, ad vigesimum, etc. pour dire à trois milles, à douze milles, à vingt milles, etc. On ne voit point que les Romains aient compté au-delà de cent, ad centesimum, lorsqu'il s'agissait de donner à quelque lieu un nom pris de sa distance. Bergier croit que c'est parce que la juridiction du vicaire de la ville ne s'étendait pas plus loin.

Quoi qu'il en sait, il y avait de ces colonnes milliaires dans toute l'étendue de l'empire romain, et sans parler d'un grand nombre d'autres, on en voit encore une debout à une lieue de la Haye, avec le nom de l'empereur Antonin. Les colonnes, sous les empereurs, portaient d'ordinaire les noms des empereurs, des Césars, des villes, ou des particuliers qui avaient fait faire ou réparer les voies ; quelquefois aussi l'étendue du travail qu'on y avait fait ; et enfin la distance du lieu où elle était à l'endroit du départ, ou au terme auquel cette voie menait.

Tout ce que je viens de marquer, ne regarde que les voies militaires. Les Romains avaient encore des voies d'une autre espèce ; leur mot iter, qui est générique, comprenait sous lui diverses espèces, comme le sentier, semita, pour les hommes à pied ; le sentier pour un homme à cheval, callis ; les traverses, tramites ; les voies particulières, par exemple, avaient huit pieds de largeur pour deux chariots venant l'un contre l'autre. La voie pour un simple chariot, actus, n'avait que quatre pieds ; la voie nommée proprement iter, pour le passage d'un homme à pied ou à cheval, n'en avait que deux ; le sentier qui n'avait qu'un pied, semita, semble être comme si on disait semi iter ; le sentier pour les animaux, callis, n'avait qu'un demi-pié ; la largeur des voies militaires était de soixante pieds romains, savoir vingt pour le milieu de la chaussée, et vingt pour la pente de chaque côté.

Toutes les voies militaires, et même quelques-unes des voies vicinales ont été conservées dans un détail très-précieux, dans l'itinéraire d'Antonin, ouvrage commencé dès le temps de la république romaine, continué sous les empereurs, et malheureusement altéré en quelques endroits par l'ignorance, ou par la hardiesse des copistes. L'autre est la table théodosienne, faite du temps de l'empereur Théodose, plus connue sous le nom de table de Peutinger, ou table d'Augsbourg, parce qu'elle a appartenu aux Peutingers d'Augsbourg ; Velser a travaillé à l'éclaircir, mais il a laissé une matière à supplément et à correction.

Les voies militaires étaient droites et uniformes dans tout l'empire, je veux dire qu'elles avaient cinq pieds pour un pas, mille pas pour un mille, une colonne ou une pierre avec une inscription à chaque mille. Les altérations arrivées naturellement dans l'espace de plusieurs siècles, et les réparations modernes que l'on a faites en divers endroits, n'ont pu empêcher qu'il ne restât des indications propres à nous faire reconnaître les voies romaines. Elles sont élevées, plus ordinairement construites de sable établi sur des lits de cailloux, toujours bordées par des fossés de chaque côté, au point même que quelque coupées qu'elles fussent sur le talus d'une montagne, elles étaient séparées de cette même montagne par un fossé destiné à les rendre séches, en donnant aux terres et aux eaux entrainées par la pente naturelle, un dégagement qui n'embarrassait jamais la voie. Cette précaution, la seule qui pouvait rendre les ouvrages solides et durables, est un des moyens qui sert le plus à reconnaître les voies romaines ; c'est du moins ce que l'on remarque dans plusieurs de ces voies de la Gaule, qui plus étroites, et n'ayant pas la magnificence de celles que cette même nation avait construites pour traverser l'Italie, ou pour aborder les villes principales de son empire, n'avaient pour objet que la communication et la sûreté de leurs conquêtes, par la marche facîle et commode de leurs troupes, et des bagages indispensablement nécessaires.

Il faut à présent passer en revue les principales voies romaines, dont les noms sont si fréquents dans l'histoire, et dont la connaissance répand un grand jour sur la géographie ; cependant pour n'être pas trop long, je dois en borner le détail à une simple nomenclature des principales.

Voies de la ville de Rome, en latin viae urbis ; c'est ainsi qu'on appelait les rues de Rome ; elles étaient pavées de grands cailloux durs, qui n'étaient taillés qu'en dessus, mais dont les côtés étaient joints ensemble par un ciment inaltérable. Ces rues dans leur origine étaient étroites, courbes et tortues ; mais quand sous Néron les trois quarts de la ville furent ruinés par un incendie, cet empereur fit tracer les rues incendiées, larges, droites et régulières.

Voie Aemilienne. Elle fut construite l'an de Rome 567, par M. Aemilius Lepidus, lorsqu'il était consul avec C. Flaminius ; elle allait de Rimini jusqu'à Bologne, et de - là tout autour des marais jusqu'à Aquiléia. Elle commençait du lieu où finissait la voie flaminia, savoir du pont de Rimini, et elle est encore le chemin ordinaire de Rimini par Savignano, Césene, Forli, Immola, et Faenza à Bologne, ce qui peut faire une étendue de vingt lieues d'Allemagne, et il faut qu'elle ait eu un grand nombre de ponts considérables. C'est de cette voie que le pays entre Rimini et Bologne s'appelait Aemilia ; il était la septième des onze régions dans lesquelles Auguste divisa l'Italie.

Il y avait une autre voie aemilienne qui allait de Pise jusqu'à Tortone ; ce fut M. Aemilius Scaurus qui la fit construire étant censeur, du butin qu'il avait pris sur les Liguriens dans le temps de son consulat.

Voie d'Albe, en latin via Albana. Elle commençait à la porte Caelimontana, et allait jusqu'à Albe la longue. M. Messala y fit faire les réparations nécessaires du temps d'Auguste ; elle ne peut pas avoir été plus longue que dix-sept milles d'Italie, parce qu'il n'y a que cette distance entre Rome et Albano.

Voie d'Amérie, en latin via amerina. Elle partait de la voie flaminienne, et conduisait jusqu'à Améria, ville de l'Umbrie, aujourd'hui Amelia, petite ville du duché de Spolete ; mais comme on ne sait point d'où cette voie partait de la flaminienne, on n'en saurait déterminer la longueur.

Voie appienne, en latin via appia ; comme c'était la plus célèbre voie romaine par la beauté de son ouvrage, et le premier chemin public qu'ils se soient avisés de paver, il mérite aussi plus de détails que les autres.

Cette voie fut construite par Appius Claudius Caecus, étant censeur, l'an de Rome 441, elle commençait en sortant de Rome, de la porte Capene, aujourd'hui di San Sebastiano, et elle allait jusqu'à Capoue, ce qui fait environ vingt-quatre lieues d'Allemagne ; Appius ne la conduisit pas alors plus loin, parce que de son temps les provinces plus éloignées n'appartenaient pas encore aux Romains. Deux chariots pouvaient y passer de front ; chaque pierre du pavé était grande d'un pied et demi en carré, épaisse de dix à douze pouces, posée sur du sable et d'autres grandes pierres, pour que le pavé ne put s'affaisser sous aucun poids de chariot ; toutes ces pierres étaient assemblées aussi exactement que celles qui forment les murs de nos maisons ; la largeur de cette voie doit avoir eté anciennement de vingt-cinq pies ; ses bords étaient hauts de deux pieds, et composés des mêmes pierres que le pavé ; à chaque distance de dix à douze pas, il y avait une pierre plus élevée que les autres, sur laquelle on pouvait s'asseoir pour se reposer, ou pour monter commodément à cheval ; exemple qui fut imité par toutes les autres voies romaines. Les auberges et les cabarets fourmillaient sur cette route, comme nous l'apprenons d'Horace.

L'agrandissement de la république, et sur tout la conquête de la Grèce et de l'Asie, engagèrent les Romains à pousser cette voie jusqu'aux extrémités de l'Italie, sur les bords de la mer lonienne, c'est à dire à l'étendre jusqu'à 350 milles. Jules-César ayant été établi commissaire de cette grande voie, la prolongea le premier après Appius, et y fit des dépenses prodigieuses. On croit que les pierres qu'il y employa furent tirées de trois carrières de la Campanie, dont l'une est près de l'ancienne ville de Sinuesse, l'autre près de la mer entre Pouzzol et Naples, et la dernière proche de Terracine. Cette voie a aussi été nommée via trajana, après que Trajan l'eut fait réparer de nouveau. Gracchus y avait fait poser les thermes, et on l'appela toujours pour son antiquité, sa solidité, et sa longueur, regina viarum.

Autant cette voie était entière et unie autrefois, autant est elle délabrée aujourd'hui ; ce ne sont que morceaux détachés qu'on trouve de lieu à autre dans des vallées perdues ; il est difficîle dans plusieurs endroits de la pratiquer à cheval ni en voiture, tant à cause du glissant des pierres, que pour la profondeur des ornières ; les bords du pavé qui subsistent encore ça et là, ont vingt palmes romaines, ou quatorze pieds moins quatre pouces, mesure d'Angleterre.

Voie ardéatine. Quelques uns lui font prendre son origine dans Rome même, au dessous du mont Aventin, près les thermes d'Antonius Caracalla, d'où ils la font sortir par une porte du même nom, et la conduisent dans la ville d'Ardea, entre la voie appienne et la voie ostiense ; c'est le sentiment d'Onuphrius, qui dit, haec (Ardeatina) intra urbem sub Aventino juxta thermas antonianas principium habebat. Cependant le plus grand nombre de savants font partir la voie ardéatine de celle d'Appius, hors de Rome, au-travers des champs à main droite. Quoi qu'il en sait, cette route n'avait que trois milles et demi de longueur, puisque la ville d'Ardea était située à cette distance de Rome.

Voie aurélienne, en latin via aurelia. Elle prit son nom d'Aurélius Cotta, ancien consul, qui fut fait censeur l'an de Rome 512. Cette voie allait le long des côtes en Toscane, jusqu'à Pise ; elle était double, savoir via aurelia vetus, et via aurelia nova, qu'on nomma de son restaurateur, via trajana ; elle touchait aux endroits Lorium, Alsium, Pyrgos, Castrum novum, et Centum cellae. On conjecture que la voie nouvelle aurélienne fut l'ouvrage d'Aurélius Antonin, et l'on croit qu'elle était jointe à l'ancienne.

Voie cassienne, en latin via cassia. Elle allait entre la voie flaminienne, et la voie aurélienne, au-travers de l'Etrurie. L'on prétend en avoir Ve les vestiges entre Sutrio, aquae passerae, et près de Vulsinio jusqu'à Clusium ; et l'on conjecture qu'elle fut l'ouvrage de Cassius Longinus, qui fut censeur l'an de Rome 600, avec Valérius Messala.

Voie ciminia, en latin ciminia via ; elle traversait en Etrurie, la montagne et la forêt de ce nom, et passait à l'orient du lac aujourd'hui nommé lago di Vico, dans le petit état de Ronciglione.

Voie claudienne ou clodienne, en latin clodia via ; ce grand chemin commençait au pont Milvius, allait joindre la voie flaminienne, et passait par les villes de Luques, Pistoye, Florence, etc. Ovide, ex ponto, l. I. Eleg. 8. Ve 43. et 44. dit :

Nec quos piniferis positos in collibus hortos,

Spectat flaminiae Clodia juncta via.

Voie domitienne, construite par l'empereur Domitien, allait de Sinuesse jusqu'à Pozzuolo, prenait son trajet par un chemin sablonneux, et se joignait enfin à la voie appienne ; elle existe encore presque toute entière.

Voie flaminienne ; elle fut construite par C. Flaminius, censeur, l'an de Rome 533. Son trajet allait de la porte Flumentana, par Ocriculus, Narnia, Carsula, Menavia, Fulginium, forum Flaminii, Helvillum, forum Sempronii, forum Fortunae, et Pisaurum, jusqu'à Ariminum (Rimini), où elle aboutissait au-bout du pont de cette ville.

De l'autre côté commençait la voie émilienne, qui allait jusqu'à Boulogne, et peut-être jusqu'à Aquiléïa ; c'est pourquoi plusieurs auteurs prennent ces deux voies pour une seule, et lui donnent la longueur de la voie appienne.

Auprès du fleuve Metaurus, elle était coupée par le roc, d'où vient qu'on l'appela intercisa, ou petra pertusa ; lorsqu'elle fut délabrée, Auguste la fit réparer ; sa longueur jusqu'à Rimini, était de deux cent vingt-deux mille pas, ou cinquante-cinq lieues d'Allemagne ; une partie de cette voie était dans l'enceinte de Rome ; elle allait, comme je l'ai déjà dit, de la porte Flumentana, aujourd'hui porta del popolo, jusqu'à la fin de la via lata, dans la septième région, ou jusqu'à la piazza di sciarra, en droite ligne depuis le pont Milvius ; c'est pourquoi Vitellius, Honorius, Stilico, etc. firent leur entrée triomphante par cette voie.

On l'appelle maintenant jusqu'au Capitole, et même une partie qui passe la piazza di sciarra, la strada del corso, parce que le pape Paul II. avait prescrit la course à cheval du carnaval dans cette rue, pour qu'il put voir cette course du palais qu'il avait près de l'église de S. Carlo di corso ; on avait fait auparavant cette course près du mont Testace, c'est-à-dire depuis le palais Farnese, jusqu'à l'église de S. Pierre, mais on la fit alors depuis l'église de S. Maria del Popolo, jusqu'audit palais ; cette rue est une des plus belles de Rome, à cause du palais, outre qu'elle a en face une place ornée d'un obélisque, et que son commencement se fait par les deux églises della Madona di monte santo, et di santa Maria di miracoli, qu'on appelle à cause de leur ressemblance le sorelle.

Voie gabine ou gabienne ; elle partait à droite de la porte gabine, et s'étendait jusqu'à Gabies. Son trajet était de 100 stades, environ 12 milles et demi d'Italie.

Voie gallicane, en latin gallicana via ; elle était dans la Campanie, et traversait les marais pomptins.

Voie herculienne, en latin herculanea ; c'était une chaussée dans la Campanie, entre le lac Lucrin et la mer. Silius Italicus, liv. XII. Ve 118. nomme cette voie herculeum iter, supposant que c'était l'ouvrage d'Hercule. Properce, l. III. éleg. 16. dit dans la même idée.

Qua jacet et Trojae tubicen Misenus arena

Et sonat Herculeo structa labore via.

Voie hignatienne, en latin hignatia via ; elle était dans la Macédoine, et avait 530 milles de longueur, selon Strabon, l. VII. Il ne faut pas la confondre avec l'equatia via qui était en Italie. La voie hignatienne menait depuis la mer Ionienne, jusqu'à l'Hellespont. Ciceron en parle dans son oraison touchant les provinces consulaires.

Via lata, rue célèbre de Rome dans la septième région de la ville, qui en prit son nom ; elle commençait de la Piazza di Sciarra, et allait jusqu'au capitole, elle fait maintenant partie della Strada del Corso, et elle est une des plus belles rues de Rome. Autrefois elle était ornée des arcs de triomphe de Gordianus, Marcus, Verus, et d'autres belles choses, dont on voit à peine quelques vestiges.

Voie latine, en latin latina via ; elle commençait à Rome de la porte latine, s'étendait dans le latium, et se joignait près de Casilino à la voie appienne. Elle prenait son trajet entre l'Algidum et les montagnes de Tusculum par Picta, et continuait par Ferentinum, Frusinum, Teanum, Sidicinum, Calenum, jusqu'à Caselinum.

On trouvait sur cette voie le temple de la Fortune féminine, avec la statue de la déesse, que les seules femmes mariées pouvaient toucher sans sacrilège. Il y avait aussi sur la même voie plusieurs tombeaux, sur l'un desquels était cette épitaphe remarquable, rapportée par Ausone, et qu'un de nos poètes modernes a pris pour modèle de la sienne :

Ci git, qui ? quoi ? Ma foi personne, rien, &c.

Non nomen, non quo genitus, non undè, quid egi ?

Mutus in aeternum, sum cinis, ossa, nihil.

Non sum, nec fueram : genitus tamen è nihilo sum

Mitte, nec exprobres singula : talis eris.

Phylis, nourrice de Domitien, avait sa maison de campagne sur cette voie ; et comme l'empereur lui-même fut inhumé dans le voisinage, les voyageurs qui étaient mal traités sur cette route, disaient que c'était l'esprit de Domitien qui y régnait encore.

La voie latine s'appelait aussi la voie ausonienne. Martial la nomme latia, dans les deux vers suivants :

Herculis in magni vultus descendere Caesar

Dignatus latiae dat nova templa viae.

Dans un autre endroit, il l'appelle ausonia.

Appia, quam simili venerandus imagine Caesar

Consecrat Ausoniae, maxima fama viae.

Selon l'itinéraire d'Antonin, la voie latine était partagée en deux parties, dont la première y est ainsi décrite.

A Compitum succede Anagnia, et autres lieux jusqu'à Beneventum, qui est au bout de la voie prénestine.

Les antiquaires ont trouvé sur la voie latine, l'inscription suivante.

L. Annio. Fabiano.

III. Viro. Capitali.

Trib. Leg. 11. Aug.

Quaest. Urban. Tr. Pleb.

Praetor. Curatori.

Viae Latinae. Leg.

Leg. Xe Fretensis.

Leg. Aug. Ve Propr. Pro.

Vinc. Dac. Col. Ulp.

Trajana. Zarmat.

Voie laurentine ; cette voie, selon Aulugelle, se trouvait entre la voie ardéatine et l'ostiense. Pline le jeune les fait voisines l'une de l'autre, quand il dit que l'on pouvait aller à sa maison de campagne par l'une et l'autre route. Aditur non unâ viâ, nam et laurentina et ostiensis eodem ferunt ; sed laurentina ad xiv. lapides ostiensis ad XIe relinquenda est.

Voie nomentane, en latin via nomentana ; elle commençait à la porte Viminale, et allait jusqu'à Nomentum, en Sabine, à 4 ou 5 lieues de Rome.

Voie ostiense, en latin via ostiensis ; elle commençait à la porte Trigemina, et allait jusqu'à Ostie. Selon Procope, cette voie avait 126 stades de longueur, qui font 19 milles italiques et un huitième ; mais l'itinéraire ne lui donne que 16 milles d'étendue, et cette seule étendue, continue-t-il, empêche que Rome ne soit ville maritime.

Voie postumiane, en latin via postumia ; route d'Italie, aux environs de la ville Hostiliae, selon Tacite, hist. l. III. Il en est aussi fait mention dans une ancienne inscription, conservée à Gènes. Augustin Justiniani, dit qu'on nomme aujourd'hui cette route via costumia, qu'elle conduit depuis Rumo jusqu'à Novae, et qu'elle passe par Vota Arquata, et Seravalla.

Voie praenestine, en latin praenestina via ; route d'Italie, qui, selon Capitolin, conduisait de Rome à la ville de Préneste, d'où elle a pris son nom ; elle commençait à la porte Esquiline, et allait à droite du champ esquilin jusqu'à Préneste.

Voie Quinctia ; elle partait de la voie salarine, et tirait son nom de Lucius Quinctius qu'on fit dictateur, lorsqu'il labourait son champ.

Voie salarienne, en latin via salaria ; elle commençait à la porte Colline, et prenait son nom du sel que les Sabins allaient chercher à la mer en passant sur cette voie : elle conduisait par le pont Anicum en Sabine.

Voie setina ; elle portait le nom de la ville de Setia, dans le Latium, et finissait par se joindre à la voie Appienne.

Voie triomphale ; elle commençait à la porte Triomphale, prenait son trajet par le champ flaminien, et le champ de Mars, sur le vatican, d'où elle finissait en Etrurie.

Voie valerienne, en latin via valeria ; elle commençait à Tibur, et allait par Alba Fernentis, Cersennia, Corfinium, Interbromium, Teate, Marremium jusqu'à Hadria.

Voie vitellienne, en latin via vitellia ; elle allait depuis le janicule jusqu'à la mer, et croisait l'Aurelia vetus.

Voilà les principales voies des Romains en Italie ; ils les continuèrent jusqu'aux extrémités orientales de l'Europe, et vous en trouverez la preuve au mot CHEMIN.

C'est assez de dire ici, que d'un côté on pouvait aller de Rome en Afrique, et de l'autre jusqu'aux confins de l'Ethiopie. Les mers, comme on l'a remarqué ailleurs, " ont bien pu couper les chemins entrepris par les Romains, mais non les arrêter ; témoins la Sicile, la Sardaigne, l'île de Corse, l'Angleterre, l'Asie, l'Afrique, dont les chemins communiquaient, pour ainsi dire, avec ceux de l'Europe par les ports les plus commodes. De l'un et de l'autre côté d'une mer, toutes les terres étaient percées de grandes voies militaires. On comptait plus de 600 de nos lieues de voies pavées par les Romains dans la Sicîle ; près de 100 lieues dans la Sardaigne ; environ 73 lieues dans la Corse ; 1100 lieues dans les îles Britanniques ; 4250 lieues en Asie ; 4674 lieues en Afrique. (D.J.) "

VOIE D'EAU. C'est une ouverture dans le bordage d'un vaisseau par où l'eau entre ; ce qui est un accident fâcheux, qu'on doit réparer promptement.

VOIE, s. f. (Commerce) ce mot se dit ordinairement des marchandises qui peuvent se transporter sur une même charette et en un seul voyage. Ainsi l'on dit une voie de bois, une voie de charbon de terre, une voie de plâtre, etc. A Paris, la voie de bois à bruler, c'est-à-dire de celui qui n'est ni d'andelle, ni de compte, et qu'on appelle bois de corde, est composée d'une demi corde de bois mesurée dans une sorte de mesure de bois de charpente appelée membrure, qui doit avoir 4 pieds de tout sens. La voie de charbon de terre qui se mesure comble, est composée de 30 demi-minots, chaque demi-minot faisant 3 boisseaux ; en sorte que la voie de charbon de terre doit être de 90 boisseaux. La voie de plâtre est ordinairement de douze sacs, chaque sac de 2 boisseaux ras, suivant les ordonnances de police. La voie de pierre de taille ordinaire est de 5 carreaux, c'est-à-dire environ 15 pieds cubes de pierre. Deux voies font le chariot. La voie de libage, est de six à sept morceaux de pierre. On appelle quartier de voie, quand il n'y en a qu'un ou deux à la voie. (D.J.)

VOIE de pierre, s. f. (Maçonnerie) c'est une charretée d'un ou plusieurs quartiers de pierre, qui doit être au moins de 15 pieds cubes.

Voie de plâtre. Quantité de douze sacs de plâtre, chacun de 2 boisseaux et demi. (D.J.)

VOIE de calandre, s. f. (Manufacture) on dit qu'on a donné une voie de calandre à une étoffe ou à une toile, pour faire entendre qu'elles ont passé huit fois de suite sous la calandre. On parle aussi par demi voie : ce qui s'entend quand l'étoffe ou la toîle n'ont eu que quatre tours. (D.J.)

VOIE de chardon, s. f. (Lainage) donner une voie de chardon à un drap ou autre étoffe de laine, c'est le lainer, en tirer la laine, le garnir superficiellement de poil depuis le chef jusqu'à la queue, par le moyen du chardon. (D.J.)

VOIE de sautereaux, (Lutherie) sorte de petit poinçon ou équarrissoir à pans, dont les facteurs de clavecins se servent pour accroitre les trous des languettes, afin qu'elles tournent librement autour de l'épingle qui leur sert de charnière. Voyez SAUTEREAU et la figure de cet outil, qui est emmanché comme une lime, Pl. de Lutherie, fig. 16. n °. 2.

VOIE, s. f. (Menuis. Charp. Sciage) les Menuisiers, les Charpentiers, les Scieurs au long appellent voie l'ouverture que fait la scie dans le bois qu'on coupe ou qu'on fend avec la scie. Les dents d'une scie doivent sortir alternativement, et s'incliner à droite et à gauche, afin que la scie puisse passer facilement. Il faut de temps en temps recoucher les dents d'une scie de l'un de l'autre côté, afin qu'elle se procure assez de voie. (D.J.)

VOIE, MOYEN, (Synonyme) on suit les voies ; on se sert des moyens.

La voie est la manière de s'y prendre pour réussir. Le moyen est ce qu'on met en œuvre pour cet effet. La première a un rapport particulier aux mœurs ; et le second aux événements. On a égard à ce rapport, lorsqu'il s'agit de s'énoncer sur leur bonté : celle de la voie dépend de l'honneur et de la probité : celle du moyen consiste dans la conséquence et dans l'effet. Ainsi la bonne voie est celle qui est juste ; le bon moyen est celui qui est sur. La simonie est une très-mauvaise voie, mais un fort bon moyen pour avoir des bénéfices.

Voie, dans le sens de chemin, ne se dit ordinairement qu'au figuré, comme la voie du salut est difficîle ; marcher dans la voie que Dieu a prescrite. On se sert de voie dans le propre, en parlant des grands chemins des Romains ; la voie d'Appius Claudius subsiste aujourd'hui pour la plus grande partie. Ce terme se dit encore au propre en parlant de chasse : être sur les voies, retrouver les voies de la bête. (D.J.)

VOIE, se prend aussi pour une forme d'agir et de procéder.

Voie canonique, est lorsqu'on n'emploie que des formes et moyens légitimes et autorisés par les canons, pour faire quelque élection ou autre acte ecclésiastique.

Voie civile, est lorsque l'on se pourvait par action civîle contre quelqu'un.

Voie criminelle, est lorsque l'on rend plainte contre quelqu'un.

Voie de droit, est lorsque l'on poursuit son droit en la forme qui est autorisée par les lois. La voie de droit est opposée à la voie de fait.

Voie extraordinaire, est lorsqu'on poursuit une affaire criminelle par récolement et confrontation.

Voie de fait, est lorsqu'on commet quelque excès envers quelqu'un, ou lorsque de son autorité privée l'on fait quelque chose au préjudice d'un tiers. Voyez ci-devant VOIE DE DROIT.

Voie de nullité, signifie demande en nullité, moyen de nullité. Voyez NULLITE.

Voie d'opposition, c'est lorsqu'on forme opposition à quelque jugement ou contrainte. Voyez OPPOSITION.

Voie de requête civile, c'est lorsqu'on se pourvait contre un arrêt par requête civile. Voyez REQUETE CIVILE.

Voie parée, se dit en quelques pays pour exécution parée, comme au parlement de Bordeaux.

Voie de saisie, c'est lorsqu'un créancier fait quelque saisie sur son débiteur. Voyez CREANCIER, CRIEES, DEBITEUR, DECRET, EXECUTION, SAISIE. (A)

VOIE, (Chimie) voie seche, voie humide, via sicca, via humida. Les chymistes se servent de l'une ou de l'autre de ces expressions, pour désigner la manière de traiter un certain corps, déduite de ce qu'on applique à ce corps un menstrue auquel on procure la liquidité ignée, ou bien un menstrue liquide de la liquidité aqueuse. Voyez LIQUIDITE, Chimie. Par exemple, ils disent du kermès minéral préparé en faisant fondre de l'antimoine avec de l'alkali fixe, qu'il est préparé par la voie seche ; et de la même préparation exécutée en faisant bouillir de l'antimoine avec une lessive d'alkali fixe, qu'elle est faite par la voie humide ; ils appellent le départ des matières d'or et d'argent fait par le moyen de l'eau forte, le départ par la voie humide, et cette même séparation effectuée par le moyen du soufre et d'autres matières fondues avec l'argent aurifère, départ par la voie seche. Voyez KERMES MINERAL, DEPART, Docimastiq. et SEPARATION, Docimastiq. (b)