adj. (Grammaire) qui ne mérite pas une chose. C'est la honte de l'Eglise d'être gouvernée par des hommes indignes du rang où ils sont élevés. Dictionnaire de Trévoux.

Il se dit aussi des actions : il y a des hommes vains qui croient qu'il est indigne d'eux de parler honnêtement à leurs domestiques.

Il est indigne de la grâce qu'il me demande ; il s'est rendu indigne de mon amitié ; il a fait une action indigne d'un galant homme.

Ce qui n'est pas indigne d'un père qui a une femme et des enfants ; d'un amant qui est sensible à la misere de celle qu'il aime ; d'un ami qui parle pour son ami, serait quelquefois indigne d'un homme libre.

INDIGNES, (Jurisprudence) sont ceux qui pour avoir manqué à quelque devoir envers une personne de son vivant ou après sa mort, ont démérité à son égard, et en conséquence sont privés par la loi de sa succession ou des legs et autres droits qu'ils pouvaient avoir à répéter sur ses biens.

Ainsi le donataire qui use d'ingratitude envers son donateur, se rend indigne de la donation ; et quoiqu'en général elle soit irrévocable de sa nature, néanmoins dans ce cas, elle peut être révoquée par le donateur, mais elle ne l'est pas de plein droit.

La femme qui est convaincue d'adultère perd sa dot et toutes ses conventions matrimoniales ; le mari ne lui doit que des aliments dans un couvent.

Celle qui quitte son mari sans cause légitime, ou qui étant veuve se remarie dans l'an du deuil, ou qui vit impudiquement soit dans l'an du deuil ou depuis, ou qui se remarie à une personne indigne de sa condition, est privée, selon le Droit écrit, de tous ses gains nuptiaux.

Le conjoint survivant qui a procuré la mort du prédécédé, ou qui n'en a pas poursuivi la vengeance, est aussi privé comme indigne des avantages qu'il aurait pu prétendre en vertu de la loi, coutume, ou usage sur les biens du prédécédé.

L'héritier testamentaire ou ab intestat qui est auteur ou complice de la mort du défunt, ou qui a négligé d'en poursuivre la vengeance, se rend indigne de la succession ; la peine s'étend même jusqu'aux enfants du coupable.

Il faut néanmoins observer qu'il y a des circonstances telles que la minorité et autres, qui peuvent excuser l'héritier de n'avoir pas poursuivi la mort du défunt.

Celui qui a attenté à l'honneur du défunt, ou qui lui a fait quelque injure grave, se rend aussi indigne de sa succession.

On doit appliquer aux légataires ce qui vient d'être dit de l'héritier.

Ceux qui traitent de la succession de quelqu'un de son vivant, qui ont empêché le défunt de faire un testament, qui tiennent le testament caché, au préjudice des héritiers, sont indignes de la succession, et de toutes les libéralités que le défunt aurait pu leur faire.

Chez les Romains, ce qui était ôté aux indignes, appartenait au fisc ; mais parmi nous le fisc n'en profite point ; les biens appartiennent à ceux qui les auraient eu, si la personne devenue indigne ne les eut pas recueillis.

L'indignité est différente de l'incapacité, en ce que celle-ci empêche d'acquérir ; l'autre empêche bien aussi d'acquérir, mais elle opère de plus que l'indigne ne peut conserver ce qu'il a acquis. Voyez le tit. 9. du XXXIV. liv. du Digeste, et le tit. 35. du VI. livre du code. (A)