v. act. (Grammaire) c'est monter derechef ; Jesus-Christ est remonté au ciel : c'est s'élever ; la lune remonte sur l'horizon : c'est relever un corps à la hauteur d'où il est descendu ; remontez ce poids : aller contre le fil de l'eau, c'est remonter la rivière ; il y a des machines à remonter les bateaux. On remonte à cheval ; on remonte une compagnie ; on remonte de cordes un instrument ; on remonte une machine dont les parties étaient desassemblées ; on remonte une garniture ; on remonte à l'origine d'un faux bruit, d'un préjugé populaire ; on remonte dans l'avenir. Voyez dans les articles suivants quelques autres acceptions du même mot.

REMONTER, en terme de guerre, c'est fournir à des troupes de nouveaux chevaux à la place de ceux qui ont été tués ou blessés dans une action, ou qui par vieillesse ou autre défaut ne peuvent plus servir. Chambers.

REMONTER, terme de rivière, c'est naviger contre le courant d'une rivière.

REMONTER, Ve act. terme d'Horloger, remonter une montre, une horloge, c'est remettre la corde sur la fusée, ou relever le contrepoids, pour mettre la montre ou l'horloger en état de marquer et de sonner les heures. (D.J.)

REMONTER, (Soierie) c'est faire succéder de nouvelles soies pour continuer une pièce, lorsque celle sur laquelle on travaille est entièrement employée et vient à manquer.

Comme c'est une opération fort longue que de monter un métier, il a fallu imaginer quelque moyen fort court pour faire succéder des soies nouvelles à celles qui viennent à manquer ; et voici celui dont on use.

On a sur un instrument, appelé le billot, de la soie toute préparée : cette préparation consiste à être encraisée de vingt fils en vingt fils par un bout, et de fil en fil par l'autre. La soie prend ces deux en croix sur le moulin, et c'est le bout encraisé de fil en fil qui s'enveloppe le premier sur le billot ; celui par conséquent qui se présente et se développe le premier, est celui qui est encraisé de vingt en vingt. Toute cette soie portée au sortir du moulin sur le billot est continue ; elle forme comme un grand écheveau de 150 aunes de long, et de 800 doubles ou de 1600 fils. Il y a de ces écheveaux qui ont 1800 fils ; ceux qui sont à l'usage des faiseurs de bluteaux fins ont même 2000 brins ; et comme on passe deux fils ou brins dans chaque dent du peigne, il y a des peignes à 8 et 900 dents ; et pour les faiseurs de bluteaux qui ne passent qu'un fil à chaque dent, il y a des peignes à 2000 dents. Puisque le fil de soie est continu, qu'il forme un écheveau, il est évident qu'il forme une boucle à chaque bout, et que la boucle du bout qui pend du billot est divisée en quatre-vingt parties ou boucles partielles égales ; on appelle ces boucles partielles égales, des portées.

On a un instrument appelé rateau, on jette chaque portée sur une dent du rateau. L'avantage de cette manœuvre est d'étendre la soie, et de la disposer convenablement sur l'ensuple. Pour cet effet, on a une petite baguette appelée composteur, qu'on passe dans toutes les boucles partielles qui forment la grosse boucle qui pend du billot ; cette baguette a une ficelle, appelée cristelle, attachée à une de ses extrémités ; on passe cette ficelle à la place du petit cordon qui tenait les fils encraisés de vingt en vingt, et qui continue de faire cette fonction. On passe ensuite le composteur avec sa ficelle dans la rainure de l'ensuple, on adapte une main ou manivelle au tourillon de l'ensuple ; on tourne l'ensuple, et la soie distribuée en quatre-vingt parties par chaque dent du rateau, ou plutôt en soixante-dix-huit, s'étend sur l'ensuple. Ils disent soixante-dix-huit, parce qu'on fait les deux premières portées doubles, afin que la soie étant plus élevée sur l'ensuple par ses bords que par son milieu, elle ne s'éboule point.

Après un assez grand nombre de tours de l'ensuple pour que le billot soit dégarni, on arrive au bout de l'écheveau où les fils sont encraisés de fil en fil, et tenus en cet état par un cordon.

Voilà une opération préliminaire à tout travail, et qu'il faut faire et recommencer toutes les fois qu'on veut commencer à travailler une pièce, ou qu'une pièce finissant, on veut la continuer et substituer de la soie à celle qui manque. Mais ce n'est pas tout dans ce dernier cas, il y a une seconde opération, qui s'appelle tordre.

Et voici comment elle se fait : on prend l'ensuple sur laquelle on a jeté la soie qui était sur le billot, on la met dans les tourillons des allonges, voyez l'article ALLONGE, on attache à chacun de ses bouts une corde qui passe sur elle, et qui se rend sur l'ensuple de devant.

On a fait des berlins ou portions de tous les bouts de soie, restes de la pièce employée, qui pendent hors de la lisse. Ces berlins sont encraisés d'un fil en un fil, on dispose les envergeures dans leurs encroix, et l'on fixe ces envergeures fortement à l'aide des cordes qui sont tendues des extrémités d'une ensuple aux extrémités de l'autre, en faisant faire un tour à chaque corde à l'extrémité de chaque envergeure.

Puis on prend le bout de la nouvelle pièce, on place des envergeures à son encroix, et on l'amène jusqu'à ce qu'elle soit contiguè à l'extrémité des berlins de la pièce qui finit ; on fixe ces envergeures pareillement sur les cordes qui vont d'une ensuple à l'autre ; on pend un poids à l'ensuple de derrière capable de l'empêcher de tourner, en sorte que la soie soit bien tendue ; on divise la soie de la nouvelle pièce en deux berlins ; on passe le nœud d'un berlin de la pièce nouvelle dans l'encroix du berlin de la pièce qui finit, et on l'y fixe avec une corde.

Puis, avec la main gauche, on cherche à l'aide de l'encroix le premier fil du berlin de la pièce expirante, et avec la droite et à l'aide de l'encroix le premier fil de la pièce nouvelle ; cela fait, on prend celui-ci sur le pouce et l'autre sur l'index, on serre les deux doigts, la soie prete de la quantité du diamètre de l'index et du pouce ; alors en faisant glisser ces deux doigts l'un contre l'autre, ces portions des deux fils se tordent ensemble et restent tors ; cet endroit de jonction est même ordinairement si fort, que ce n'est presque jamais-là que les brins de soie cassent. Après qu'on a tors les brins, on jette ou tord les deux brins avec le fil de soie du côté de l'ensuple de derrière.

Cela fait, on tord ensemble les deux seconds fils, et ainsi de suite fil à fil jusqu'à la fin d'une pièce. Cette opération est si prompte, qu'un bon ouvrier tord dix-huit cent fils en deux heures ; afin que les fils tors ne se séparent point, on se mouille les doigts avec de la salive, du plâtre, de l'eau gommée, etc. mais cela est presque superflu. Cette manière d'unir les soies est si ferme, que si un ouvrier ne tord pas également, je veux dire que s'il prend avec ses doigts un peu plus de soie en continuant de tordre qu'il n'en a pris au commencement, alors le poids qui tire l'ensuple montera, et les premiers fils tors seront lâches ; ce poids est pourtant énorme. Cela fait, on a, comme on voit, une pièce nouvelle, jointe et continue avec les restes d'une autre, sans qu'on ait été obligé de monter le métier.

Mais il y a toujours une portion de soie qui ne peut être travaillée, celle qui est comprise entre l'ouvrage disposé sur l'ensuple de devant, et l'endroit où l'on a tors. On tourne donc l'ensuple de devant, la soie de la pièce nouvelle suit les restes de l'ancienne, on amène les portions torses jusque sur l'ensuple de devant au-delà du peigne, et l'on continue de travailler.

Ce qui occasionne cette perte de soie, c'est la grosseur ou inégalité des deux fils tors, contre laquelle les dents du peigne agissant sépareraient les fils et gateraient tout.

REMONTER, terme de Fauconnerie, se dit de l'oiseau de proie qui vole de bas en-haut, et du fauconnier lorsqu'il jette l'oiseau du plus haut d'une colline, et aussi lorsqu'il travaille à engraisser un oiseau qui est trop maigre, alors on dit, il faut remonter l'oiseau.