v. act. (Grammaire) c'est embellir la chose par des ornements, ou par une manière avantageuse de la présenter. On pare une église. On pare sa marchandise. Les femmes en se parant rendent bien aux hommes l'hommage qu'elles en obtiennent. Tout le temps donné à la toilette est perdu pour celle que la nature n'a pas parée. La terre se pare au printemps. On dit aussi se parer d'une vertu qu'on n'a pas, ce qui est pis peut-être que de se parer d'un vice qu'on a. Le premier est un hypocrite qui en impose ; le second est un libertin dont la dépravation des mœurs a passé jusqu'au jugement, et qui fait horreur ou pitié. Voyez aux articles suivants quelques autres acceptions du même mot.

PARER UN CAP, (Marine) c'est-à-dire, doubler un cap, passer au-delà, et le laisser à côté. Nous fumes trois jours à parer le cap. Voyez DOUBLER.

Parer quelque chose, c'est la débarrasser et se mettre en état de s'en servir. Parer le cabestan. Parer une barrique de vin pour faire du breuvage.

Parer un câble, c'est mettre un câble en état de s'en servir.

Parer une ancre, c'est mettre une ancre en état de s'en servir, c'est-à-dire, qu'on l'a débarrassée, et qu'elle est prête pour la mouiller. (Z)

PARER, (Manufacture) Ce mot se dit de quelques préparations que l'on donne à certaines marchandises, pour les rendre plus éclatantes, ou pour les disposer à faire un meilleur service. Les Bonnetiers parent leurs bas, les Marchands et Manufacturiers leurs marchandises, par des eaux qu'ils leur donnent, ou par la manière de les presser, comme aux tabis, aux taffetas, aux camelots, aux callemandres, etc.

PARER, en terme de Boutonnier, c'est l'action de donner la dernière main à un bouton avec le paroir, pour le rendre plus parfait. Voyez PAROIR.

PARER, terme de Corroyeur, Peaussier et Parcheminier, qui signifie gratter et ratisser la superficie des cuirs ou peaux avec la lunette, ou quelqu'autre instrument d'acier tranchant, et en ôter le superflu pour les rendre plus belles, plus unies, et d'une meilleure vente. Voyez LUNETTE.

Les cuirs et les peaux se parent pour l'ordinaire du côté de la chair ; c'est dans ce sens qu'on dit : un cuir paré. Voyez nos Planches du Corroyeur, qui représentent un ouvrier qui pare un cuir avec la lunette.

PARER, (Escrime) c'est détourner avec son épée celle de l'ennemi, de manière que l'estocade qu'il porte ne nous touche point.

PARER, terme de Marchands de liqueurs. Ce mot se dit de quelques liqueurs, particulièrement des cidres et des poirés ; c'est leur ôter le goût douçâtre qu'elles ont naturellement, et leur en donner un qui approche davantage de celui du vin. Quelques-uns se servent pour cela de l'eau-de-vie.

PARER, en termes de Maréchal, c'est couper les ongles ou la corne d'un cheval avec un boutoir ou paroir, pour rendre la sole unie et propre à être ferrée. Bien parer. Parer le pied sans rencontrer le vif. Le parer est un arrêt relevé du cheval de manège. Ainsi on dit un beau parer, pour dire un bel arrêt bien relevé, et sur les hanches.

PARER, terme de Relieurs. Les Relieurs de livres appellent parer une couverture de veau ou d'un autre cuir, en enlever avec un tranchoir, qu'ils nomment couteau à parer, ce qu'il y a de trop épais sur les bords du cuir, afin qu'ils se collent plus facilement sur le carton. On pare la couverture sur un marbre ou pierre de liais, après que la peau a été mouillée, ratissée et coupée. (D.J.)