v. act. et pas. (Grammaire) on dit habiller quelqu'un, habiller un régiment, et s'habiller. Le velours habille bien. Ce peintre sait habiller élégamment sa figure. Habiller un auteur étranger à la française. Habiller a dans les Arts des acceptions fort différentes. Habiller un animal en Cuisine, c'est le dépouiller de sa peau, si c'est un quadrupede ; le plumer, évuider, piquer, si c'est un oiseau ; le laver, le vider, le préparer à être cuit, si c'est un poisson. Chez les Cardeurs, habiller une carde, c'est la monter ou la faire : pour cet effet, on a un instrument appelé le panteur, sur lequel est accroché la peau à des pointes renversées et placées de distance en distance. Voyez l'article
PANTEUR. Les deux bouts de la peau sont tirés chacun par une corde qui Ve s'entortiller à la branche du maîtrebrin du panteur. Cette peau ainsi disposée est percée de trous. C'est dans cette dernière opération que consiste tout l'art du faiseur de cardes. Voyez l'article
CARDE. On ne se sert ni de règle ni de compas ; l'oeil seul dirige la main qui pique d'une vitesse incroyable, laissant entre les trous des intervalles toujours égaux, et faisant les rangées de trous exactement droites et parallèles. L'instrument à percer s'appelle la fourchette ; il fait deux trous à-la-fais : ensuite on fiche les pointes ; on les habille tantôt en passant la pierre sur les pointes et la tirant de gauche à droite et de droite à gauche, afin de les renverser toutes également et du même côté, tantôt en poussant la pierre droit devant soi, et la retirant dans la même direction, pour abattre le tranchant des pointes, tantôt en les redressant avec l'instrument appelé le dresseur, les refendant, etc. ces manœuvres se réitèrent jusqu'à ce que la carde soit distribuée en allées bien compassées, les pointes également renversées, et le tranchant parfaitement usé. Pour en venir à l'habillage, tout étant préparé, c'est-à-dire la matière des pointes coupée et pliée au premier doublet, mise en petits paquets ou tas contigus sur le plateau, et pliée au second doublet arrêté sur le milieu du plateau par un support de bois élevé d'environ un pouce ; le plateau est fixé sur un bloc ; l'habilleur est devant un autre bloc couvert d'un patron de la longueur du feuillet qui sert de contrepoids, quand on passe la pierre. On finit par monter le feuillet sur un bois ou fust à manche et à rebord du même côté. C'est la dernière main de la carde.
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