adj. (Grammaire) Priscien, et après lui la foule des Grammairiens, ont désigné par cette dénomination, les verbes caractérisés par la terminaison sco ou scor, ajoutée à quelque radical significatif par lui-même. Tels sont les verbes,

Au reste cette dénomination pourrait avoir été adoptée bien légèrement, et il ne parait pas que dans l'usage de la langue latine, les bons écrivains aient supposé dans cette sorte de verbe, l'idée accessoire d'inchoation ou de commencement, que leur nom y semble indiquer. Le style des commentaires de César devait avoir et a en effet de l'élégance, de la pureté et de la justesse ; celui de Caton (de R. R.) doit encore avoir plus de précision, parce qu'il est purement didactique ; cependant ces deux auteurs ayant besoin de marquer le commencement de l'événement désigné par des verbes prétendus inchoatifs, se sont servis l'un et l'autre du verbe incipio : cùm MATURESCERE frumenta incipèrent, Caes. Et ubi primum incipiunt HISCERE, legi oportet, Cat. Cicéron qui savait louer avec tant d'art, et qui connaissait si bien les différences délicates des mots les plus aisés à confondre, dit à César (pro Marcel.) en faisant l'éloge de sa justice et de sa douceur, at verò haec tua justitia et lenitas FLORESCIT quotidie magis : peut-on penser qu'il ait voulu lui dire que tous les jours il cessait d'avoir de la justice et de la douceur pour recommencer chaque jour à en montrer davantage ? En ce cas, c'était une satyre sanglante plutôt qu'un éloge ; et dans Cicéron, une absurdité plutôt qu'un effet de l'art.

C'est donc sur d'autres titres, que sur la foi du nom d'inchoatif, qu'il est nécessaire d'établir le caractère différentiel de cette sorte de verbe. Consultons les meilleurs écrivains. On lit dans Virgile, Georg. III. 504.

Sin in processu coepit CRUDESCERE morbus,

Sur quoi Servius fait cette remarque, crudescère, validior fieri, ut dejectâ CRUDESCIT pugna camillâ : et lorsqu'il en est à ce vers de l'Eneïde, XI. 833. il l'explique ainsi, crudescit, crudelior fit caede multorum ; ce qui peut se justifier par l'autorité même de Virgile, qui avait dit ailleurs dans le même sens, magis effuso CRUDESCUNT sanguine pugnae. Aen. VII. 788.

Au douzième livre de l'Eneïde (45.), Virgile s'exprime ainsi :

Haud quaquam dictis violentis Turni

Flectitur ; exsuperat magis, AEGRESCIT que medendo.

Et voici le commentaire du même Servius : undè magna ejus aegritudo crescebat, unde se ei Latinus remedium sperabat afferre.

Il est donc évident que crudescère exprime l'augmentation graduelle de la cruauté, et aegrescère l'augmentation graduelle de la douleur : et c'était apparemment d'après de pareilles observations que L. Valle (Elegant. lib. I.) voulait que l'on donnât aux verbes de cette espèce le nom d'augmentatifs. Mais ce terme est déjà employé dans la Grammaire grecque et dans la Grammaire italienne, pour désigner des noms qui ajoutent à l'idée individuelle de leur primitif, l'idée accessoire d'un degré extraordinaire, mais fixe d'augmentation. D'ailleurs ne paraitrait-il pas choquant d'appeler augmentatifs les verbes deflorescère, decrescère, defervescère, etc. qui expriment à la vérité une progression graduelle, mais de diminution plutôt que d'augmentation ? Ce n'est que cette progression graduelle qui caractérise en effet les verbes dont il s'agit, et c'était d'après cette idée spécifique qu'il fallait les nommer progressifs.

Ces verbes ont tous la signification passive ; et c'est pour cela que Servius les explique tous par le verbe passif fieri ; il y ajoute un comparatif pour désigner la gradation caractéristique : CRUDESCERE, validior fieri ; et de même AUGESCERE, fieri major ; CALESCERE, fieri calidior ; MITESCERE, fieri mitior ; LAPIDESCERE, fieri ad lapidis naturam propior ; DEFERVESCERE, minùs fervidus fieri, etc.

Nous avons aussi en français des verbes progressifs, ou si l'on veut, des verbes inchoatifs, qui sont pour la plupart terminés en ir, comme blanchir, jaunir, vieillir, grandir, rajeunir, fleurir, etc. (B. E. R. M.)