S. f. (Grammaire) absence, défaut, privation d'un bien qu'on souhaite, et qui est nécessaire.

PRIVATION, en terme canonique, signifie interdiction ou suspension. Voyez INTERDIT et SUSPENSE.

Les mystiques appellent privation de Dieu, les aridités, les sécheresses de l'âme, à qui Dieu ne se fait plus sentir.

Quelques théologiens de l'Eglise romaine enseignent communément que les enfants qui meurent sans baptême vont aux limbes, où ils sont privés de la vue de Dieu.

PRIVATION, en terme de Physique, est un principe chimérique et négatif, qu'Aristote a voulu joindre à la forme et à la matière pour constituer un corps naturel. Voyez MATIERE et FORME.

Il ne signifie que l'absence de la forme future ; chaque chose suivant Aristote, est formée de ce qui n'était point cette chose auparavant ; par exemple, un poulet est produit de ce qui n'était point un poulet avant sa formation. C'est ce que les Philosophes appellent privation. Voyez PRINCIPE.

Aristote traite les anciens de rustiques et de grossiers, pour n'avoir pas reconnu la privation pour un des principes des causes naturelles ; mais c'est une injustice de leur reprocher d'avoir ignoré une chose qu'il est impossible d'ignorer ; et c'est une illusion que d'avoir produit au monde ce principe de la privation comme un secret fort rare, puisqu'il n'y a personne qui ne suppose comme une chose connue, qu'une chose n'est point avant que d'être faite. Voyez ARISTOTELICIEN, etc.