S. f. (Grammaire) ce terme désigne un grand nombre d'objets rassemblés, et se dit des choses et des personnes : une multitude d'animaux, une multitude d'hommes, une multitude de choses rares. Méfiez-vous du jugement de la multitude ; dans les matières de raisonnement et de philosophie, sa voix alors est celle de la méchanceté, de la sottise, de l'inhumanité, de la déraison et du préjugé. Méfiez-vous-en encore dans les choses qui supposent ou beaucoup de connaissances, ou un goût exquis. La multitude est ignorante et hébétée. Méfiez-vous-en surtout dans le premier moment ; elle juge mal, lorsqu'un certain nombre de personnes, d'après lesquelles elle réforme ses jugements, ne lui ont pas encore donné le ton. Méfiez-vous-en dans la morale ; elle n'est pas capable d'actions fortes et généreuses : elle en est plus étonnée qu'approbatrice ; l'héroïsme est presque une folie à ses yeux. Méfiez-vous-en dans les choses de sentiment ; la délicatesse de sentiments est-elle donc une qualité si commune qu'il faille l'accorder à la multitude ? En quoi donc ; et quand est-ce que la multitude a raison ? En tout ; mais au bout d'un très-longtemps, parce qu'alors c'est un écho qui répète le jugement d'un petit nombre d'hommes sensés qui forment d'avance celui de la postérité. Si vous avez pour vous le témoignage de votre conscience, et contre vous celui de la multitude, consolez-vous-en, et soyez sur que le temps fait justice.