S. f. (Botanique exotique) on trouve sous ce nom dans les boutiques, des racines, ou plutôt des branches de racines qui ont plusieurs aunes, grosses comme des joncs, ou des plumes d'oye, pliantes, flexibles, cannelées dans leur longueur, revêtues d'une écorce mince ; extérieurement de couleur roussâtre ou cendrée. Sous cette écorce est une substance blanche, farineuse, un peu charnue, molle, se réduisant aisément en une petite poussière quand on la frotte entre les doigts ; ressemblant à l'agaric ; d'un goût tant soit peu gluant, un peu amer, et qui cependant n'est pas désagréable. Le cœur de la racine est ligneux, uni, pliant et difficîle à rompre. Il sort transversalement plusieurs de ces branches d'une même racine, qui est de la grosseur d'un pouce et écailleuse. On nous apporte la sarsepareille de la nouvelle-Espagne, du Pérou et du Brésil.

On estime celle qui est pleine, moèlleuse, solide, bien conservée, blanche en-dedans, de la grosseur d'une plume d'oye, et qui se fend aisément comme l'osier en parties égales dans toute sa longueur. On rejette celle qui est d'un gris noirâtre, qui est cariée, et qui répand beaucoup de poussière farineuse quand on la fend ; on rebute aussi celle qui est trop grosse, et qui vient communément de Maranhaon province du Brésil.

On apporte d'Amérique, sous le nom de racine de sarsepareille, différentes plantes semblables, ou plutôt de même genre que le smilax aspera. Hernandès en nomme quatre espèces qui croissent au Mexique, et dans la nouvelle-Espagne. Monard fait aussi mention d'une certaine sarsepareille qui croit à Quito, province de la dépendance du Pérou. Enfin Pison et Marcgrave décrivent la sarsepareille du Brésil, que les habitants de ce pays appellent juapecanga.

Elle jette au loin ses racines écailleuses et fibreuses ; ses tiges sont velues, sarmenteuses, ligneuses, souples, vertes, garnies d'aiguillons de part et d'autre. Il vient sur les tiges des feuilles disposées dans un ordre alternatif, longues de six ou huit pouces, pointues de deux côtés, comme le représente la figure de Pison, ou figurées en cœur selon Hernandez et Monard ; elles sont larges de trois ou quatre pouces, avec trois côtes remarquables étendues sur toute leur longueur ; d'un verd-clair en-dehors, et foncé endessous ; munies à leur queue de deux clavicules ou vrilles, qui nouent fortement la sarsepareille aux autres plantes. Les fleurs y sont en grappes ; il leur succede des baies d'abord vertes, rouges ensuite, enfin noires ; de la grosseur des médiocres cerises, ridées, contenant un ou deux noyaux, d'un blanc-jaunâtre, qui renferment une amande dure et blanchâtre.

Les Anciens Grecs et les Arabes ne connaissaient pas la sarsepareille. Les Espagnols ont les premiers fait passer du Pérou son usage en Europe. On sait qu'elle est puissamment sudorifique, et qu'elle divise ou atténue les humeurs visqueuses et ténaces. On s'en sert avec succès dans les maladies vénériennes ; celles de la peau en général, et les maladies chroniques qui viennent d'humeurs froides, épaisses et visqueuses. Comme les particules de cette plante sont plus subtiles que celles de la squine et du gayac, elles excitent une plus grande sueur.

On débite en Europe quelques autres racines sous le nom de sarsepareille, mais qu'on peut distinguer facilement de la véritable ; cependant celle dont nous allons parler approche de ses vertus. C'est la racine d'une plante nommée aralia caule nudo, par Linnaeus, Hort. cliff. Zarzaparilla Virginiensis nostratibus dicta, lobatis unbelliferae foliis Americana. Pluk. Alm. 396. Cette racine est longue de cinq à six pieds, moèlleuse, épaisse, odorante et moins compacte que la vraie sarsepareille. Elle pousse une tige haute d'environ une coudée, d'un rouge-foncé, velue, laquelle se partage en trois rameaux longs de cinq ou six pouces ; chaque rameau porte cinq feuilles, oblongues, larges de deux pouces et longues de trois, dentelées sur le bord.

De l'endroit où se divise la tige, sort un pédicule nud, qui se sépare en trois brins, chargés chacun d'un bouquet de fleurs, entouré à sa base d'une fraise de petites feuilles. Chaque fleur est portée sur un filet long d'un demi-pouce, dont le calice placé sur la tête de l'embryon est très-petit, à cinq dentelures. Les pétales sont au nombre de cinq, disposés en rond. L'embryon qui porte la fleur devient une baie rouge, creusée à sa partie supérieure en manière de nombril aplati, a quatre ou cinq angles, et partagée en autant de loges, dont chacune renferme une graine aplatie et cannelée. Cette plante croit dans la Virginie et le Canada, entre les 40, 45 et 47 degrés de latitude. Les habitants l'appellent sarsepareille, parce qu'elle a presque la figure et les vertus de la véritable. (D.J.)