S. m. (Botanique exotique) plante du Mexique, sur laquelle s'élèvent les cochenilles sauvages et cultivées. Les Indiens nomment cette plante nopalli, et je crois que pour éviter l'erreur, nous devons lui conserver le nom de nopal en français, et abroger les noms équivoques de figuier d'Inde, de raquette, de cardasse, et autres semblables. M. Hans-Sloane, dans sa magnifique histoire de la Jamaïque, appelle le nopal en botaniste, opuntia maxima, folio oblongo, rotundo, majore, spinulis obtusis, mollibus, et innocentibus obsito, flore, striis rubris variegato. C'est le tuna mitior, flore sanguineo, cochenillifera, de Dillenius, horti Elthamensis tab. ccxcvij. fig. 383. et le nopal nocheztti d'Hernandez, Histoire Mexic. pag. 78.

Les nopals du Mexique sont des plantes dont la structure est bien différente de celle des nôtres. Ils ont plusieurs branches ou tiges, mais chaque branche n'est qu'une fîle de feuilles mises bout-à-bout, comme sont les grains de chapelets. Chaque feuille est plate, à contour oval ; elle tire son origine de celle qui la précède ; elle y tient par son bout inférieur, et du bout supérieur part la feuille qui la suit. C'est apparemment la figure de ces feuilles qui a fait donner le nom de raquette à la plante, car chaque feuille est une palette épaisse.

Le nopal qui nourrit la fine cochenille est une sorte d'arbrisseau, qu'on cultive soigneusement et uniquement au Mexique. Il porte des côtes ou feuilles nommées pencas, de figure ovale, d'un verd pâle, pleines de suc, longues chacune de 10 à 12 pouces, larges de 5 ou 6, épaisses, environnées de quelques piquans mols et faibles : voilà tout ce qu'on sait de vrai sur la description de cette plante, et quand je n'ajoute rien de son fruit, de sa fleur, de sa graine, c'est manque de guide, et de peur de tomber dans l'erreur.

Si les personnes qui ont pris des informations au Mexique sur la nature de la cochenille avaient eu soin de demander en même temps une description complete de la plante, nous saurions à quoi nous en tenir, entre les descriptions des Botanistes et des voyageurs, qui se contredisent les uns les autres. M. Hans-Sloane est le seul qui nous ait donné une figure de cette plante, à laquelle on puisse se fier, mais il n'est point entré dans les détails du fruit, de la fleur, et de la graine.

Il y a tant d'espèces de tuna d'Amérique, que nous pouvons en comparer le nombre à celui des figuiers de nôtre Europe. Hernandez en décrit sept dans une seule province du Mexique. Il est arrivé de cette variété, que presque tous les auteurs ou voyageurs nous ont donné les unes ou les autres espèces de tuna de leur connaissance, pour celle qui nourrit la cochenille : ainsi, par exemple, Pison, liv. XIV. chap. xxxv. a cru faussement que son jamacera était le cochenilier. M. Geoffroy a été semblablement trompé, en pensant que l'opuntia major, validissimis aculeis munita, de Tournefort, Inst. rei herb. 129. était le nopal ; mais le P. Labat surtout, a fait ici autant de bévues que de pas, 1°. en décrivant et représentant le poirier piquant pour l'arbre qui nourrit la cochenille ; 2°. en disant que la cochenille se trouve dans toutes les îles où il y a des acacias ; 3°. enfin dans sa description de l'insecte qu'il n'a jamais vu, ni mort ni vif. (D.J.)