(Histoire naturelle) petit animal qui n'a point de sang. On a distingué les animaux de cette nature en grands et en petits ; les grands sont les animaux mous, les crustacés et les testacés ; les petits sont les insectes. Il y a plus d'espèces d'insectes que d'espèces de poissons, d'oiseaux, ou de quadrupedes. Il y a aussi plus de différences de conformation parmi les insectes, que dans tout autre genre d'animaux. Sans cesser de considérer les insectes en général, tâchons de prendre une idée des différentes parties de leurs corps.

La peau des chenilles, des vers etc. est fort tendre et très-foible ; certaines araignées ont plusieurs peaux l'une sur l'autre, comme les pellicules d'un oignon. La peau de tous les insectes est poreuse ; dans quelques-uns elle tombe une fois chaque année, et dans d'autres jusqu'à quatre fois ; enfin il y a des insectes qui ont la peau fort dure et même garnie d'écailles.

La tête des insectes est fort petite dans les uns, et très-grosse dans d'autres à proportion du corps ; elle a différentes formes dans diverses espèces. On en voit de rondes, de plates, d'ovales, de larges, de pointues et de carrées, d'unies, de raboteuses et de velues.

La situation de cette partie varie aussi ; elle est droite ou inclinée, fort apparente ou presqu'entièrement cachée.

Les insectes qui ont des ailes et des pieds, ont aussi des antennes au front au-dessus des yeux ; dans quelques-unes elles tiennent à la trompe. Ces antennes ont des articulations, dont le nombre varie dans les diverses espèces d'insectes ; on en a compté jusqu'à cent dans quelques sauterelles. Les phalanges qui sont entre ces articulations, ont différentes grosseurs et différentes longueurs dans différentes antennes ; il y en a de rondes qui se touchent les unes les autres comme des grains de chapelet : quelquefois elles sont plus éloignées. On en voit qui sont couvertes de poils, ou qui ont la forme d'un cœur, et qui sont placées les unes au bout des autres. Les antennes de quelques insectes sont terminées par un renflement qui leur donne en quelque façon la forme d'une massue, ou d'une baguette de tambour ; d'autres antennes sont fourchues ou divisées en plusieurs branches. Le corps des antennes est tout uni ou garni de barbe comme une plume, d'un seul côté ou des deux côtés ; à l'aide du microscope, on aperçoit sur celles de quelques antennes d'autres barbes secondaires, qui en font une plume entière. Les antennes se meuvent sur des petits tubercules qui leur servent de bases, et se fléchissent en différents sens par le moyen des articulations de leurs phalanges ; pour l'ordinaire elles sont droites ou recourbées, dirigées en avant ou de côté.

Il y a beaucoup de variété dans la forme et la couleur des yeux des insectes qui sont pourvus de cet organe ; ils sont hémisphériques ou sphériques ; ils sont blancs, noirs, verts comme l'éméraude, de couleur d'or ou de vermillon, bruns, rougeâtres, lorsqu'ils sont exposés au soleil ; il y en a qui ont presqu'autant de brillant qu'une pierre précieuse. Les yeux sont ordinairement placés sur le front au-devant des antennes, et quelquefois derrière ; ceux des grillons des champs avancent un peu hors de la tête ; ceux des petites demoiselles aquatiques sont si saillans, qu'ils ne semblent tenir à la tête que par une articulation. Le nombre des yeux varie dans différents insectes ; la plupart en ont deux ; les mouches en ont cinq ; les araignées huit pour l'ordinaire. Il y a quelques insectes dont les yeux sont composés d'un très-grand nombre d'hexagones disposés comme les alvéoles des abeilles. Chaque hexagone est un oeil qui a un point de vue particulier, puisqu'ils sont tous placés sur un demi-globe. La situation et le grand nombre de ces yeux supplée au mouvement qui leur manque ; quoiqu'ils soient fixes, l'animal voit autant d'objets que s'il n'avait de chaque côté qu'un oeil qu'il put mouvoir. Les yeux des insectes sont nuds, mais leur cornée est dure.

La bouche des insectes a différentes formes ; elle est large ou pointue, ou longue comme un groin de cochon ; les uns ont les lèvres placées en haut et en bas, les autres sur les côtés. Il y a aussi sur les côtés de la bouche de plusieurs insectes deux ou quatre barbillons qui ont plusieurs articulations, deux, trois, quatre, cinq et plus : l'extrémité de ces barbillons est le plus souvent renflée en forme de massue. Cette extrémité est cannelée dans les scarabés noirs qui viennent des vers du lard. On a soupçonné que ces barbillons pourraient être les organes de l'odorat ; au moins les insectes s'en servent pour porter les aliments à la bouche. Il y a dans la bouche des serres qui tiennent lieu de dents ; quoique très-déliées, elles sont dures et fortes, et si tranchantes qu'elles percent le bois, et broyent les aliments les plus durs comme des dents. Ces serres sont unies dans quelques insectes, et ressemblent aux ergots des coqs ; il s'en trouve qui ont sur la face intérieure de chaque pièce des dents pointues et courbes ; c'est avec ces serres que les insectes saisissent leur proie : elles leur servent aussi d'armes offensives et défensives.

La trompe des insectes leur sert de langue ; elle est placée entre les serres de quelques-uns comme les grillons des champs. Il y en a qui l'étendent et la raccourcissent à leur gré ; les papillons la roulent entre deux lames barbues qui la mettent à couvert, d'autres la couchent sous leur ventre dans une petite cannelure qui s'y trouve. La trompe de quelques insectes est très-petite et très-peu apparente, d'autres l'ont plus longue que tout le corps. Dans certaines espèces d'insectes elle est renfermée dans une sorte de fourreau, dont le bout est pointu et peut percer différentes substances ; ensuite il s'ouvre, et la trompe en sort pour sucer ce qui se trouve dans les trous faits par le fourreau.

Le corcelet est une partie de l'insecte placée entre la tête et le corps ; il est plus ou moins dur, il est plat ou renflé, terminé en pointe par-derrière ou arrondi, couvert de poils, de tubercules, ou d'éminences qui ont diverses formes.

Il y a sur le corps des insectes des incisions, ou des articulations qui se divisent en plusieurs anneaux, et c'est de ces incisions qu'est venu le mot d'insecte. Les anneaux qu'elles forment sont larges ou étroits ; il y en a de carrés ; ils sont placés les uns au bout des autres, ou en partie les uns sur les autres. Certains insectes n'en ont que cinq ; la plupart en ont un plus grand nombre, le mille-piés long et plat en a cinquante quatre. Les insectes se meuvent en écartant ou en rapprochant ces anneaux ; ils se couvrent et se découvrent plus ou moins, selon le degré de température qu'ils veulent se procurer. Il y a presqu'autant de différences dans la figure du corps des insectes, qu'il y a d'espèces de ces animaux. Ceux qui n'ont point de pieds, ont sur le corps des piquans ou de petites pointes, par le moyen desquelles il se maintiennent en place ; le ver qui se trouve dans l'estomac du cheval serait bientôt entrainé par les matières qui passent de ce viscère dans les intestins, s'il n'avait de ces pointes pour s'accrocher aux parois de l'estomac. Les insectes ont aussi sur le corps des éminences unies ou crénelées, ou des tubercules, dont les couleurs sont quelquefois très-belles.

La partie postérieure du corps des insectes est revêtue de poils, ou couverte d'une sorte d'écusson, ou terminée par une membrane roide, qui leur sert de gouvernail lorsqu'ils volent, ou par des mamelons d'où sort la soie qu'ils filent ; d'autres insectes ont sur cette partie postérieure des soies ou des queues minces, au nombre d'une, deux, trois ou quatre, ou des cornes droites ou courbes, qui se raccourcissent lorsqu'on les touche, ou qui ont des pointes ou des barbillons qui sont quelquefois articulés ; quelques insectes ont sur cette même partie une queue fourchue, ou une serre en forme de pince, avec laquelle ils saisissent leur proie.

Les parties de la génération sont placées à la partie postérieure du corps ou sous le ventre. Il y a des femelles qui ont un long tuyau terminé en forme de masse pointue, avec laquelle elles font des trous pour y déposer leurs œufs. Ce tuyau tient à l'ovaire, l'œuf en y entrant le fait gonfler ; il se resserre à l'instant pour pousser l'œuf en avant ; ainsi en se dilatant et se resserrant successivement, le tuyau conduit l'œuf jusque dans le trou qui a été creusé pour le recevoir. Certains insectes aquatiques ont un tuyau à la partie postérieure du corps, par laquelle ils respirent en s'élevant à la surface de l'eau.

Quelques insectes ont encore dans la partie postérieure du corps un aiguillon, qu'ils en font sortir pour différents usages ; dans d'autres il est toujours au-dehors du corps. Lorsque cet aiguillon est court, il se trouve placé sous le ventre dans une rainure, lorsqu'il est plus long il déborde en arrière, et il est renfermé dans un étui composé de deux pièces longitudinales, terminées en pointes très-déliées ; elles s'ouvrent pour donner passage à l'aiguillon, dont la pointe ressemble à celle d'un hameçon, et le retient dans la chair lorsque l'insecte a fait sa piqûre, en même temps il tire d'une vessie qui est placée près du ventre à la racine de l'aiguillon, une liqueur qui coule le long du tuyau de l'aiguillon, qui s'insinue dans la plaie et qui y cause de la douleur. Quoique cet aiguillon soit très-délié, il perce des substances dures ; on a éprouvé que celui d'une abeille peut percer un gant de peau de bouc.

Le nombre des jambes varie beaucoup dans les différentes espèces d'insectes ; il y a aussi de grandes variétés dans la longueur des jambes et dans le nombre de leurs articulations ; ordinairement les dernières jambes sont les plus longues, quelquefois aussi elles sont les plus courtes. Il s'en trouve qui n'ont qu'une seule articulation ; d'autres en ont jusqu'à huit : pour l'ordinaire elles ne sont composées que de trois parties ; la première est une sorte de cuisse, la seconde peut être regardée comme la jambe proprement dite, et la troisième est le pied. Quelques insectes ont la jambe et la cuisse revêtues de poils forts et pointus. Le pied est ordinairement composé de quelques pièces qui sont rondes, ou qui ont la forme d'un cœur renversé ; il y en a deux et même jusqu'à cinq dans quelques insectes. La dernière de ces pièces a deux pointes crochues ; d'autres insectes ont entre ces pointes une plante, par le moyen de laquelle ils adhèrent aux corps, lorsqu'ils ne peuvent pas s'y accrocher par les pointes du pied. Il y a des insectes mâles qui ont aux genoux une espèce de palette avec laquelle ils serrent la femelle dans l'accouplement. Certains insectes ont les jambes très-fortes et font de très-grands sauts ; on dit qu'une puce peut parcourir en sautant un espace deux cent fois plus long que son corps. Les insectes se servent de leurs jambes et de leurs pieds pour nager et pour essuyer leurs yeux, leurs antennes et leurs corps, pour creuser et déplacer la terre, pour saisir leur proie, etc.

Les insectes ailés ont deux ou quatre ailes ; leur situation est très-différente, car elles sont horizontales, obliques ou verticales. Dans plusieurs insectes, comme les scarabés, elles ont une sorte de couverture ou de fourreau, dans d'autres elles n'en ont point ; celles-ci sont lisses ou garnies d'une espèce de farine ou de poussière ; telles sont les ailes des papillons ; celles qui sont lisses ont des nervures très-apparentes, elles sont très-minces et même transparentes. La poussière des ailes des papillons vue au microscope, parait sous la forme d'écailles qui ont diverses figures. Dans les différentes espèces de ces insectes, il y en a dont les ailes sont composées de longues plumes, qui ont des barbes comme celles des oiseaux. Toutes ces ailes varient beaucoup pour la figure et pour les couleurs, qui sont très-belles dans plusieurs espèces de papillons ; on y voit aussi des caractères qui ressemblent à des lettres. Les fourreaux qui se trouvent sur les ailes de plusieurs insectes, ont une consistance très-ferme, et sont plus ou moins durs, plus ou moins épais, et plus ou moins transparents, ou entièrement opaques ; ils sont aussi plus ou moins longs. Dans quelques insectes ils ne couvrent qu'une petite partie du corps en de-là du cervelet, dans d'autres ils s'étendent jusqu'au milieu du corps, quelquefois plus loin et même jusqu'à l'extrémité. Il y a beaucoup de variété dans leurs figures et dans leurs couleurs ; il y en a qui sont garnis de poils, d'autres sont striés ou couverts de tubercules, etc. Les ailes qui se trouvent sous ces fourreaux sont très-minces et transparentes ; elles ont dans plusieurs insectes beaucoup plus de longueur que les fourreaux : dans ce cas la partie qui déborderait au-de-là des fourreaux, se replie avant que l'insecte abaisse les fourreaux sur les ailes.

Il y a plusieurs insectes qui ont des poils ; ils sont si fins dans quelques-uns, qu'on ne les aperçoit qu'à-travers une loupe. Les chenilles en ont sur la tête, les phalenes sur le corcelet, les bourdons sur la partie postérieure du corps ; on en voit sur les ailes et sur les jambes. Tous ces poils ont différentes couleurs, qui changent lorsque l'insecte vieillit, ou lorsqu'il est prêt à former sa coque. Il y a aussi sur différents insectes des touffes de poils disposés en forme de brosses rondes ou carrées, et souvent terminées en pointe comme un pinceau. Certains insectes ont des poils si gros qu'on leur a donné le nom d'épine, ils ont quelquefois plusieurs branches. Ces poils et ces épines se brisent lorsqu'on tient l'insecte, et leurs débris entrent dans la peau et y causent de la demangeaison ; c'est ce qui a fait croire que les chenilles étaient venimeuses : celles qui sont rases ne font pas le même effet à ceux qui les manient.

Plusieurs insectes ont des cornes dures qui sont mobiles ou immobiles, qui diffèrent des antennes, en ce qu'elles n'ont point d'articulations. Quelques-uns portent sur la tête une corne recourbée ou droite ; tel est le scarabé du tan appelé rhinoceros, à cause de sa corne. D'autres insectes ont sur le devant de la tête deux cornes qui s'étendent en haut ou en dehors ; ces cornes sont courtes, un peu recourbées et unies, ou branchues comme celles du cerf-volant : quelquefois elles sont plus longues l'une que l'autre. Il y a des insectes qui ont trois cornes perpendiculaires sur la tête ou sur les épaules.

Tous les insectes ont les sens du tact et du goût ; mais il y en a qui sont privés de la vue, d'autres n'ont point d'odorat ; aucun n'a des oreilles apparentes à l'extérieur ni même à l'intérieur ; cependant il parait qu'ils ne sont pas tous privés du sens de l'ouie.

Plusieurs insectes ont des qualités fort extraordinaires ; il y en a qui jettent de la lumière pendant la nuit ; tels sont les vers-luisans et les portes-lanternes de la Chine et d'Amérique ; la lumière de ceux-ci est si vive qu'ils peuvent servir de chandelle pour lire et pour faire différents ouvrages pendant la nuit.

Les insectes n'ont à proprement parler point de voix, mais il y en a plusieurs qui rendent des sons et qui font différents bruits, comme les cigales, les grillons, les abeilles, etc. Ces sons viennent du frottement de la nuque du cou contre le corcelet, du frottement des ailes l'une contre l'autre, ou contre le dos, ou d'une conformation particulière de quelque partie du corps ; c'est par ces sons que les grillons des champs appellent leurs femelles.

Il y a des insectes qui répandent une odeur très desagréable ; telles sont les cantharides, les punaises, etc. au contraire il y a des scarabés qui sentent le musc, la violette, la rose.

Une grande quantité d'insectes offrent aux yeux les couleurs les plus vives et les plus belles, principalement les papillons et même les chenilles, les scarabés, les buprestes, etc.

La plupart des insectes n'ont pas toujours la même forme ; la plupart en changent au point de n'être pas reconnaissables ; ce changement est ce qu'on appelle transformation ou métamorphose des insectes. Swammerdam (Biblia naturae) en distingue de quatre sortes.

Dans la première sorte de métamorphose, les insectes ne subissent d'autre transformation que celle qu'ils éprouvent, en sortant de l'œuf, ils croissent ; la plupart changent de peau, quelques-unes de leurs parties grandissent quelquefois un peu plus que d'autres, et prennent une couleur différente de celle qu'elles avaient auparavant ; telles sont les araignées et les diverses espèces de poux des hommes et des animaux, les vers de terre, les sangsues, les mille-piés, etc.

Dans les trois autres sortes de métamorphose, lorsque les insectes ont mué la plupart diverses fais, et qu'ils sont parvenus à leur point d'accroissement, ils prennent la forme de sémi-nymphe, de nymphe, ou de chrysalide ; après être restés quelque temps sous l'une de ces formes, ils la quittent et deviennent des insectes parfaits et propres à la génération.

La seconde sorte de métamorphose est une transformation incomplete ; car les insectes, tels que les demoiselles aquatiques, les sauterelles, les grillons, les punaises volantes, etc. n'acquièrent par ce changement que des ailes qui leur manquaient auparavant ; lorsque ces ailes se forment, on donne à l'insecte le nom de sémi-nymphe ; dans cet état on voit sur le dos au-delà du corcelet, des étuis qui renferment les ailes naissantes ; auparavant elles ne paraissent que très-peu ou point du tout. Les insectes dans l'état de sémi-nymphe, mangent, marchent, courent, sautent ou nagent comme à l'ordinaire. La forme de la plupart de ces insectes ne diffère guère après l'état de sémi-nymphe de celle qu'ils avaient auparavant, que par les ailes qu'ils ont de plus ; cependant il s'en trouve qui sont très-différents de ce qu'ils étaient dans leur premier état.

Dans la troisième et quatrième sorte de métamorphose, les insectes perdent l'usage de tous leurs membres ; ils ne peuvent ni manger ni agir, et ne ressemblent en rien à ce qu'ils étaient auparavant ; tel de ces insectes qui auparavant n'avait point de jambes, ou en avait jusqu'à cinq ou six, sept, huit, neuf, dix et onze paires, n'en a alors jamais ni plus ni moins que trois paires, qui avec ses ailes et ses antennes sont ramenées sur son estomac, et s'y tiennent immobiles.

Dans la troisième sorte de métamorphose, les insectes, tels que les abeilles, sont revêtus d'une fine membrane ; on leur donne lorsqu'ils sont dans cet état, le nom de nymphe. Dans la quatrième sorte de métamorphose, les insectes, tels que les papillons, les phalenes, sont renfermés dans une enveloppe dure et crustacée, qui réunit toutes les parties de l'animal en une seule masse ; dans cet état on les nomme chrysalides.

" Les insectes qui se changent en chrysalides, subissent une transformation de plus que les autres insectes ; avant de devenir nymphes ils prennent sous cette peau la forme d'une ellipsoïde, ou d'une boule allongée, dans laquelle on ne reconnait aucune partie de l'animal ; dans cet état la tête, le corcelet, les ailes et les jambes de la nymphe sont renfermées dans la cavité intérieure du ventre, dont elles sortent successivement par le bout antérieur, à peu-près de la même manière qu'on ferait sortir l'extrémité d'un doigt de gant qui serait rentré dans sa propre cavité. Les insectes de cette classe ne se distinguent pas des autres seulement en ce qu'ils se changent en nymphes sous leur peau, mais surtout en ce que pour devenir nymphes, ils subissent une double transformation. Suivant cette idée on pourrait réduire les différences des quatre ordres de transformation à des termes plus aisés et plus simples, disant que les insectes du premier ordre, après être sortis de l'œuf, parviennent à leur état de perfection, sans s'y disposer par aucun changement de forme ; que ceux de la seconde classe s'y disposent par un changement de forme incomplet ; ceux de la troisième par un changement de forme complet, et ceux de la quatrième par un double changement de forme. "

Indépendamment de ces métamorphoses, les insectes changent de peau ; les uns tels que les araignées une seule fais, et les autres plusieurs fais, par exemple les grillons des champs et les chenilles du chou en changent quatre fois ; d'autres enfin se dépouillent jusqu'à six fais, et même plus. Les uns fendent leur peau près de la tête pour la quitter, et les autres sous le ventre ; la dépouille de plusieurs espèces d'insectes garde la forme exacte de toutes les parties de leur corps.

Les chrysalides ont différentes formes ; il y en a de coniques, d'autres sont angulaires ; il s'en trouve de ressemblans à des dattes ; on leur donne le nom de feves. D'autres ressemblent en quelque façon à un enfant au maillot, à la tête d'un chien, d'un chat, d'une souris, d'un oiseau, etc. On se doute bien que ces ressemblances sont très-imparfaites. On reconnait plus aisément dans la forme de la chrysalide celles des principales parties de l'insecte qui en doit sortir ; tous ses membres sont rangés, appliqués, pliés ou étendus contre le corps ; on les voit à-travers la coque de quelques chrysalides, ou au moins on distingue leur figure. Les chrysalides ont différentes couleurs quelquefois très-belles ; il y en a de dorées, de brunes, de jaunes, de rouges, de vertes, de blanches, de violettes ; on en voit qui ont différentes teintes de ces couleurs. Souvent les plus beaux insectes sortent des chrysalides les moins belles, et les insectes les plus laids viennent des plus belles chrysalides.

Quelques insectes sont immobiles dans l'état de chrysalides ; d'autres font quelques petits mouvements lorsqu'on les touche ; mais aucun ne prend de nourriture durant cet état. Comme ils ne peuvent pas veiller à leur sûreté, ils se placent à l'abri d'une pierre ou d'une racine ; et ils rendent le côté de leur coque qui est exposé plus ferme pour résister à la dent des vers ; d'autres se suspendent à des fils, ou font autour d'eux une sorte de filet à larges mailles ; d'autres enfin se revêtent de laine ou de coques de soie. Il y a des coques ovales ; il y en a de sphéroïdes, de coniques, de cylindriques, d'angulaires ; d'autres ont la forme d'un bateau, d'une navette ou d'une larme de verre, dont le corps serait renflé et la pointe recourbée, etc.

Chaque espèce d'insecte a son temps pour se transformer en nymphe ou en chrysalide ; les uns au mois de Mai, d'autres en Juin, en Juillet, en Aout, en Septembre. Il y en a qui ne demeurent dans cet état que douze jours, tandis que d'autres y en restent quinze, seize ou vingt ; quelques-uns ne sortent pas même si tôt de leur prison ; ils y sont enfermés les uns trois semaines et les autres un mois ; on en voit qui y restent deux mois, d'autres six, neuf ou dix ; d'autres enfin une année et même plus ; par conséquent on les voit paraitre successivement dans différents temps de l'année, depuis le mois de Février jusqu'au mois de Décembre ; il y en a même qui ont deux générations en un an.

S'il y a des insectes dont la génération soit spontanée, comme l'ont cru les anciens, au moins la plupart des insectes que nous connaissons le mieux sont les uns mâles et les autres femelles ; ils s'accouplent et produisent des œufs d'où il sort un ver. Les éphemères ne s'accouplent pas, le mâle fraie seulement comme les poissons sur les œufs de la femelle ; dans quelques espèces, comme celles des limaces, des escargots, des vers de terre, chaque individu a les deux sexes qui se joignent réciproquement de part et d'autre dans l'accouplement ; dans certaines espèces, telles que celles des abeilles, des guêpes, des fourmis, il y a grand nombre d'individus qui ne sont ni mâles ni femelles ; c'est pourquoi on les appelle mulets. On a observé dans ce siècle qu'un puceron produit d'autres pucerons lui seul sans accouplement ; enfin, différentes parties d'un polype coupées et séparées les unes des autres, deviennent chacune des polypes entiers, comme le rameau d'un arbre devient par bouture un arbre complet.

Dans les espèces d'insectes qui s'accouplent, les femelles sont ordinairement plus grosses que les mâles ; cette différence est évidente parmi les puces, les grillons, etc. dans plusieurs espèces les antennes des mâles ont des nœuds, des barbes ou des bouquets de poils qui ne sont pas sur les antennes des femelles ; les mâles de quelques espèces d'insectes ont des ailes, et les femelles en manquent, ou n'en ont que d'imparfaites ; elles sont pourvues dans d'autres espèces d'un tuyau qui sert à conduire leurs œufs entre l'écorce des arbres, dans la terre, dans le parenchyme des feuilles, et dans d'autres endroits où ils ne pourraient pas parvenir sans cet organe. Quelquefois les couleurs du mâle sont différentes de celles de la femelle.

Il se trouve autant de variétés entre les œufs des insectes qu'entre leurs différentes espèces, tant par la grandeur et la forme de ces œufs, que par les couleurs. On en voit de ronds, d'ovales, de coniques, etc. de bruns, de verts, de rougeâtres, de jaunâtres, de couleur d'or et de perles, etc. la ponte de quelques insectes, tels que le grand scarabé pillulaire, n'est que d'un œuf ; d'autres en font six ou sept, trente, soixante, etc. il en sort plusieurs centaines, et même plusieurs milliers d'une seule femelle, telle par exemple qu'une mère abeille. Il y a des insectes qui ne prennent d'autre soin de leurs œufs que de les déposer dans des lieux où les vers trouvent au sortir de l'œuf une nourriture convenable ; plusieurs les enveloppent de soie, les couvrent de poils qu'ils tirent de leur corps, les enduisent d'une matière visqueuse, les mettent sous des arbres, les cachent en terre, etc. la plupart des mères meurent dès qu'elles ont pondu ; d'autres au contraire, n'abandonnent jamais leurs œufs ; quelques espèces d'araignées les portent toujours avec elles renfermés dans une enveloppe ; les abeilles, les guêpes, les frelons, les fourmis ont un soin continuel de leurs œufs et de leurs nymphes.

Plusieurs insectes font des nids avec une singulière industrie ; ils y emploient différentes matières. La teigne qui vit au fond de l'eau se fait un fourreau avec des brins d'herbe, de petites pierres, des fragments de bois, d'écorces, de feuilles, etc. elle colle ces différentes matières les unes contre les autres avec une sorte de glu, qui rend le fourreau lisse à l'intérieur tandis qu'il est raboteux à l'extérieur. D'autres insectes, tels que les scarabés pillulaires, font des petits nids ronds semblables à ceux des hirondelles. Il y a des abeilles qui roulent des feuilles pour en faire un étui où elles déposent leurs œufs ; cet étui a la forme d'un dé à coudre : " elles soudent de leur bouche, par le moyen d'une humeur visqueuse, les côtes d'une feuille fort soigneusement ; elles ferment le fond de leur nid par trois ou quatre morceaux de feuilles circulaires, appliquées les unes sur les autres pour rendre l'ouvrage plus solide ; et comme ces pièces circulaires ont un peu plus de circonférence que n'en a l'ouverture qu'elles doivent fermer, cela fait que quand le bourdon les y colle, elles prennent une figure convexe. Le dessus du nid est fermé par un couvercle qui a la forme d'une assiette. Le bourdon le lève quand il veut sortir, après quoi il se referme de lui-même. " Elles se servent des feuilles de différentes autres manières aussi industrieuses, et font d'autres manœuvres très-singulières, pour se loger et pour renfermer leurs provisions, leurs œufs, leurs nymphes, etc. comme on peut le voir dans cet ouvrage aux articles de plusieurs insectes, par exemple, voyez ABEILLE, RUCHE, GUEPE, GUEPIER, Extrait de la Théolog. des insectes.

On divise les insectes en sept classes.

La première classe comprend les insectes coléoptères ; ils ont des fourreaux sur les ailes, et leurs mâchoires sont posées l'une à côté de l'autre, et non-pas l'une au-dessus de l'autre, comme dans les quadrupedes.

La deuxième classe comprend les hémiptères ; ils ont les ailes croisées et une trompe recourbée sous la poitrine.

La troisième classe comprend les neuroptères ; ils ont quatre ailes parsemées de veines en forme de rézeau.

La quatrième classe comprend les lépidoptères ; la plupart ont une trompe en spirale, et ils ont tous quatre ailes membraneuses.

La cinquième classe, comprend les hyménoptères ; ils ont quatre ailes membraneuses.

La sixième classe comprend les diptères ; ils n'ont que deux ailes ; il y a sous chacune un stylet terminé par un bouton.

La septième classe comprend les aptères ; ils n'ont point d'ailes.

Chacune de ces sept classes est soudivisée en plusieurs genres.

Première classe : insectes coléoptères, insecta coleoptera. Cette classe comprend vingt-deux genres.

1°. Les scarabés, scarabaei ; ils ont les antennes terminées par un bouton, et divisées à leur extrémité en plusieurs pièces longitudinales.

Les principales espèces de ce genre sont le cerf-volant, le rhinoceros, le hanneton, etc. On distingue ces espèces par la figure des cornes, des mâchoires, de la poitrine, etc. par leur poil, leurs couleurs, etc.

2°. Les scarabés disséqueurs, dermestes ; ils ont les antennes terminées par un bouton, et divisées à leur extrémité en plusieurs pièces transversales.

On distingue les espèces de ce genre par les mêmes caractères que celles des scarabés, et de plus par la forme du ventre, la couleur des yeux, etc.

3°. Les scarabés tortues, cassidae ; ils ont les antennes semblables à des fils ; elles sont plus épaisses sur le côté extérieur que sur l'intérieur ; la poitrine est plate, et terminée de chaque côté par un rebord.

4°. Les coccinelles, coccinellae ; elles ont les antennes terminées par un bouton qui n'est point divisé en lames ; la poitrine forme une demi-sphère avec les fourreaux, dont le côté extérieur et la partie postérieure sont terminés par un rebord.

La plupart des espèces de ce genre sont caractérisées par les couleurs des fourreaux.

5°. Chrisomeles, chrisomelae ; elles ont les antennes composées de grains en forme de chapelet ; ces antennes sont plus épaisses sur le côté extérieur que sur l'intérieur ; ces insectes ont le corps presque ovoïde, et la poitrine presque cylindrique.

6°. Les charansons ou calendres, curculiones ; leurs antennes tiennent à un bec allongé ou une trompe qui a la consistance de la corne.

Quelques espèces de ce genre sont indiquées par la figure de la trompe et des cuisses.

7°. Les capricornes, cerambices ; ils ont les antennes semblables à des soies ; les fourreaux tronqués à la partie antérieure, et la poitrine presque cylindrique.

8°. Les leptures, lepturae ; ils ont les antennes semblables à des soies ; les fourreaux tronqués à la partie antérieure, et la poitrine presque cylindrique.

9°. Les escarbots ou scarabés jardiniers, carabi ; ils ont les antennes semblables à des soies ; la poitrine un peu convexe, terminée sur les côtés par un rebord fait en forme de cœur, et échancrée par derrière.

10°. Les scarabés sauteurs, mordellae ; ils ont les antennes semblables à des fils, la partie postérieure du corps est arrondie ; la plupart ont les pieds conformés de façon que l'insecte a beaucoup de facilité pour sauter.

11°. Les cicindelles, cicindelae ; ces insectes ont les antennes menues comme des fils ; les mâchoires sont saillantes et garnies de dents ; la poitrine est arrondie, à l'exception de quelques angles qui s'y trouvent.

12°. Les buprestes, buprestes ; ils ont les antennes semblables à des soies ; la partie postérieure de la tête entre dans la poitrine ; qui a une forme cylindrique.

13°. Les scarabés d'eau, ditisei ; la plupart ont des antennes semblables à des soies ; les pieds sont conformés d'une manière favorable pour nager, dégarnis de poil.

14°. Les ressorts ou les maréchaux, élatères ; ils ont les antennes semblables à des soies ; et le corps oblong ; ils sautent étant renversés sur le dos, et ils se retrouvent sur leurs pieds.

15°. Les cantharides, cantharides, elles ont les antennes semblables à des soies, les fourreaux flexibles, la poitrine presque plate, et les côtés du ventre plissés en forme de mamelon.

16°. Les bavarots, tenebriones ; les antennes ressemblent à des fils ; les fourreaux tiennent l'un à l'autre, et il n'y a point d'ailes.

17°. Les scarabés de maréchaux, meloe ; les antennes ressemblent à des soies ; les fourreaux ne couvrent que la partie antérieure du corps ; les ailes sont découvertes.

18°. Les fouilles-terre, necidalides ; les antennes ressemblent à des soies ; les fourreaux ne couvrent que la partie antérieure du corps ; les ailes sont découvertes.

19°. Les perce-oreilles, forficulae ; les antennes ressemblent à des soies ; la queue est en forme de pince ; les fourreaux ne couvrent que la partie antérieure du corps, et les ailes se replient sur leurs fourreaux.

20°. Les staphilins ou courtilles, staphilini ; les antennes ressemblent à des fils ; il y a deux vésicules sur la queue ; les fourreaux ne couvrent que la partie antérieure du corps, et les ailes se replient par-dessous.

21°. Les blattes, blattae ; les antennes ressemblent à des soies ; il y a deux petites cornes sur la queue ; les fourreaux sont membraneux ; la poitrine est presque platte, arrondie et terminée par un rebord sur les côtés.

22°. Les grillons, grilli ; les antennes ressemblent à des soies ; les fourreaux sont membraneux, étroits et semblables à des ailes ; la poitrine est serrée par les côtés, et les pieds sont conformés de façon que l'insecte a beaucoup de facilité pour sauter.

Les principales espèces de ce genre sont, le grillon-taupe, ou courtilière, les grillons domestiques et sauvages, les sauterelles, la mante des Indes, etc. On distingue quelques-unes de ces espèces par la figure des pieds et de la queue.

Deuxième classe. Insectes hémiptères, insecta hemiptera : cette classe comprend huit espèces. 1°. Les cigales, cicadae ; elles ont un bec recourbé, des antennes très-courtes, quatre ailes disposées en forme de croix, la poitrine presque cylindrique, le dos convexe, et les pieds conformés de manière que l'insecte saute aisément.

2°. Les punaises, cimices ; elles ont un bec recourbé, les antennes composées de quatre phalanges, quatre ailes disposées en croix, la poitrine terminée par un rebord sur les côtés, le dos plat et les pieds conformés de manière que l'insecte court aisément.

Parmi les espèces de ce genre, les unes sont rondes, et les autres oblongues.

3°. Les punaises à avirons, notonectae ; elles ont un bec recourbé, les antennes très-courtes, quatre ailes disposées en croix, et les pieds conformés de manière qu'elles nagent aisément.

4°. Les scorpions aquatiques, ou les punaises de rivière, hepae ; ils ont un bec recourbé, des antennes en forme de pince d'écrevisse, quatre ailes disposées en croix, et quatre pieds.

Le scorpion de marais, et le scorpion ou la punaise aquatique, sont des espèces de ce genre.

5°. Les kermes, chermes ; ils ont la bouche placée sur la poitrine, le ventre pointu par-derrière, quatre ailes placées sur les côtés du corps, et les pieds conformés de manière que ces insectes sautent facilement.

6°. Les pucerons, aphides ; ils ont un bec recourbé, et quatre ailes qui sont posées verticalement, et qui ne paraissent qu'avec l'âge ; il y a deux cornes sur la partie supérieure de l'avant-dernier anneau du ventre ; et les pieds sont conformés de façon que ces animaux marchent très-lentement.

7°. Les cochenilles, cocci ; elles ont la bouche sur la poitrine et deux ailes posées verticalement ; la partie postérieure du ventre est couverte de soies : il n'y a que les mâles qui aient des ailes.

La cochenille de Pologne et les galinsectes de différentes plantes, sont des espèces de ce genre.

8°. Les amafleurs, thripea ; ils ont le bec peu apparent, le ventre très-mince, étroit et allongé, quatre ailes qui tiennent au dos et qui sont étendues obliquement en-arrière.

Traisième classe. Insectes neuroptères, insecta neuroptera ; cette classe comprend six genres. 1°. La mouche-scorpion, panorpa ; le bec est de figure cylindrique et de substance de corne ; la queue ne diffère de celle du scorpion, qu'en ce qu'elle est terminée par une pince au lieu d'une pointe.

2°. Rapidiae, mouches dont la tête est aplatie et de substance de corne ; la queue est terminée par une soie en forme de piquant.

3°. Hemerobii, mouches qui ont deux petites antennes de chaque côté du palais qui est saillant ; les ailes sont épaisses et inclinées en bas ; les nymphes courent et sont voraces.

Le lion puceron, la mouche puante, le fourmi-lion, etc. sont des espèces de ce genre.

4°. Phryganeae, mouches qui ont deux petites antennes de chaque côté du palais qui est saillant, et les ailes sont couchées sur le corps. Les nymphes de ces insectes sont aquatiques, et logent dans un tuyau cylindrique.

5°. Les mouches éphémères, ephemerae ; elles ont sur la tête deux tubercules en forme d'yeux ; la queue ressemble à une soie et les antennes sont courtes.

6°. Les demoiselles, libellulae ; elles ont la bouche composée de deux mâchoires ; les antennes courtes, et la queue en forme de pince.

On divise ce genre en trois genres secondaires.

1°. Les grandes demoiselles ; 2°. les demoiselles moyennes ; 3°. les petites demoiselles.

Quatrième classe. Insectes lépidoptères, insecta lepidoptera : cette classe ne contient que deux genres. 1°. les papillons de jour, papiliones ; ils ont les antennes terminés par un bouton.

La plupart des espèces de ce genre ont des noms particuliers ; savoir, le maure, la grande tortue, la petite tortue, le double c, le paon de jour, l'amiral, la belle-dame, l'empereur, le roi, la reine, le prince, la princesse, le comte, le faune, le satyre, le coridon, l'alexis, le caniculaire, le gazé, l'aurore, l'argus ; les autres sont désignés par les chenilles qui les ont produits, et par les plantes sur lesquelles les chenilles vivent.

2°. Les phalenes ou les papillons de nuit, phalenae ; leurs antennes n'ont point de bouton.

Les espèces de ce genre sont en très-grand nombre.

Quelques-unes ont des noms particuliers, comme les papillons de jour, savoir, le sphinx, la cochonne, le léopard, le timide ou le craintif, l'ours, le lamda, le c, le psi, le double W, l'omicron, l'ypsilon.

Les espèces des phalenes étant très-nombreuses, on a été obligé de diviser ce genre en cinq genres secondaires ; 1°. les phalenes qui ont les antennes prismatiques ; 2°. les phalenes qui ont les antennes comme des plumes, et qui n'ont point de trompe ; 3°. les phalenes qui ont les antennes comme des plumes, une trompe contournée en spirale, et les ailes horizontales ou inclinées en bas ; 4° les phalenes qui ont les antennes simples, la trompe contournée en spirale, et les ailes horizontales ; 5°. les phalenes qui ont les antennes simples, le front élevé et la trompe contournée en spirale, ou qui n'ont point de trompe.

Cinquième classe. Insectes himenoptères, insecta himenoptera : cette classe contient cinq genres.

1°. Les mouches à scie ou à tarière, teuthredines ; les femelles ont près de l'anus un aiguillon dentelé sur toute sa surface : les vers qui produisent ces insectes ont plusieurs pieds.

2°. Les bedeguards ou mouches à tarière, teuthredines, ont l'aiguillon de l'anus de figure conique et recourbé : les nymphes qui les produisent se trouvent dans des galles de plantes.

3°. Les ichneumons, ichneumones ; ils ont un aiguillon à l'anus renfermé dans un fourreau composé de deux pièces.

4°. Les abeilles, apes ; elles ont à l'anus un aiguillon dont on ne voit pas le fourreau ; elles se servent de cet aiguillon pour piquer.

Ce genre contient non-seulement les abeilles, mais encore les guêpes, les frelons et les bourdons.

5°. Les fourmis, formicae ; elles ont une écaille élevée entre la poitrine et le ventre : les fourmis ouvrières n'ont point d'ailes.

Sixième classe. Insectes diptères, insecta diptera : cette classe contient sept genres. 1°. Astri ; ils n'ont point de bouche.

Les espèces de ce genre se trouvent sur différents animaux : il y en a une qui est dans l'eau, et que l'on appelle le caméléon.

2°. Les asiles, asili ; elles ont un bec simple, pointu, et fait en forme d'haleine.

3°. Les mouches de cheval, hippoboscae ; ces insectes ont la trompe divisée en deux parties, obtuse, et de forme cylindrique ; la langue ressemble à une soie.

4°. Les taons, tabani ; leur bouche a des dents et une trompe terminée par un bouton, comme celle de l'éléphant.

5°. Les mouches, muscae ; leur bouche n'a qu'une trompe sans aucunes dents.

On a divisé ce genre en six genres secondaires.

1°. Les mouches qui ont différentes couleurs sur les ailes : 2°. les mouches velues ; 3°. les mouches qui ont différentes couleurs ; 4°. les mouches qui mangent les pucerons ; 5°. les mouches dorées ; 6°. les mouches communes.

6°. Les cousins, culices ; leur bouche a la forme d'un syphon qui ressemble à un fil.

7°. Les tipules, tipulae ; elles ont aux côtés de la bouche des antennules courbes et composées de phalanges.

Septième classe. Insectes aptères, insecta aptera : cette classe comprend onze genres. 1°. Les poux, pediculi ; ils ont six pieds conformés de manière qu'ils marchent lentement : ils ont deux yeux simples.

Le poux de l'homme, le morpion, les poux de différents animaux, tant quadrupedes qu'oiseaux. Les poux de bois, et le poux de terre, sont des espèces de ce genre.

2°. La puce, pulex ; elle a six pieds conformés de manière qu'elle saute avec beaucoup de facilité : elle a deux yeux : le bec est recourbé et le ventre est aplati sur les côtés et arrondi.

3°. Les poux sauteurs, podurae ; ils ont six pieds conformés de façon que ces insectes peuvent courir : ils ont deux yeux composés chacun de huit petits ; la queue est fourchue, recourbée, et sert à ces insectes pour sauter.

4°. Les perroquets d'eau, monoculi ; les premiers pieds sont divisés en plusieurs filets : ces insectes s'en aident pour nager et pour sauter ; ils n'ont qu'un oeil, mais il est composé de trois petits ; le corps est couvert d'une taie.

5°. Les cirons, acari ; ils ont deux yeux et huit pieds ; les jambes sont composées de huit phalanges.

Les cirons de l'homme, des animaux quadrupedes, des oiseaux et des insectes ; l'un de ces cirons est nommé le poux des insectes, les cirons des plantes : telle est l'araignée faucheur ; les cirons du bois, au nombre desquels est le scorpion araignée ; les cirons de la farine ; les cirons qui se trouvent sur la terre et sur les pierres ; les cirons qui sont dans l'eau, etc. sont des espèces de ce genre.

6°. Les scorpions, scorpiones ; ces insectes ont huit pieds, deux pinces sur le front et huit yeux, dont deux sont placés l'un contre l'autre sur la partie postérieure de la poitrine, et les six autres sur les côtés ; la queue est terminée par un aiguillon courbe.

7°. Les crustacées, cancerea ; ils ont deux yeux et dix pieds, dont les premiers sont faits en forme de pince ; la queue est composée de plusieurs lames.

Le crabe, le poupar, l'araignée de mer, le homard, l'écrevisse, la squille, le soldat, ou bernard-l'hermite, la puce aquatique, etc. sont des espèces de ce genre.

8°. Cloportes, onisei ; ils ont quatorze ou seize pieds, et le corps est de figure ovale. Linnaei, Syst. naturae.

INSECTE AMPHIBIE, (Histoire naturelle) insecte qui peut vivre également ou alternativement dans l'air et dans l'eau ; mais M. Lyonnet observe très-bien, que les insectes qu'on considère comme amphibies, ne le sont pas tous de la même manière.

Il y en a qui après avoir été aquatiques sous une forme, changent tellement de nature en la quittant, que s'il leur arrive ensuite de tomber dans l'eau, ils s'y noient.

D'autres naissent, vivent, et subissent toutes leurs transformations dans l'eau, et vivent ensuite dans les deux éléments.

Quelques-uns après être nés dans l'air, se précipitent dans l'eau, et y restent jusqu'au temps qu'ils prennent des ailes, pour pouvoir redevenir habitants de l'air.

Plusieurs espèces naissent, et croissent dans l'eau, se changent en nymphes dans la terre, et passent leur état de perfection dans l'eau et dans l'air, mais plus constamment dans ce premier élément.

Enfin, il y en a qui passent leur état rampant sous l'eau, sans y être aquatiques que par la tête, le reste de leur corps ne s'y mouille jamais ; il est toujours environné d'un volume d'air assez considérable, pour leur laisser la respiration libre ; et ces sortes d'insectes après leur dernier changement, ne vivent plus que dans l'air. Quelle diversité la nature offre à nos yeux dans la manière d'exister des plus petits animaux ! (D.J.)