EUSE, adj. (terme de Chirurgie) on appelle ichoreuse, l'humeur séreuse et âcre qui découle de certains ulcères. Les parties exangues, telles que les ligaments, les membranes, les aponévroses, les tendons, ne fournissent jamais une suppuration vraiment purulente ; les ulcères qui affectent ces parties donnent un pus ichoreux, une espèce de sanie : ce mot vient du grec , ichor, sanies, sanie, ou sérosité âcre.

On tarit la source de l'humeur ichoreuse dans les plaies des parties membraneuses et aponévrotiques, par l'usage de l'esprit de térébenthine. Ce médicament desseche l'extrémité des vaisseaux qui fournit l'ichor. Lorsque dans la piqûre d'une aponévrose ou d'un ligament, les matières ichoreuses et âcres seront retenues derrière, elles y produisent des accidents qu'on ne fait cesser ordinairement qu'en faisant une incision pour donner une issue à ces matières ; l'incision est d'ailleurs indiquée pour arrêter les suites funestes de l'étranglement que l'aponévrose enflammée fait sur les parties qu'elle embrasse. Voyez GANGRENE.

Si le pus est ichoreux par le défaut de ressort des chairs relâchées et spongieuses d'un ulcère, les remèdes détersifs corrigent ce vice ; l'indication particulière peut déterminer à les rendre cathérétiques ou anti-putrides. Voyez DETERSIF. Les chairs mollasses d'un cautère forment quelquefois un bourrelet pâle dont il ne sort qu'un pus ichoreux. On applique ordinairement de l'alun calciné pour détruire les chairs excédentes. Je me suis servi avec succès dans ce cas de la poudre de scammonée et de rhubarbe ; j'en ai même chargé une boule de cire pour mettre à la place du pais. La vertu de ces médicaments ranime les chairs, et produit un dégorgement purulent : ces bons effets montrent la justesse de l'idée des anciens sur la qualité des remèdes détersifs qu'ils appelaient les purgatifs des ulcères. (Y)