S. f. terme de Chirurgie, qui exprime génériquement une opération par laquelle on divise avec un instrument tranchant la continuité des parties. On fait des incisions pour évacuer le pus contenu dans un dépôt purulent, voyez ABSCES. Pour agrandir les plaies, extirper les callosités des ulcères et des fistules, voyez PLAIES, ULCERES, FISTULES. Pour extraire les corps étrangers, ou réputés tels, voyez CESARIENNE, LITHOTOMIE, HAUT APPAREIL. Pour retrancher quelque membre, voyez AMPUTATION. Pour séparer ce qui est uni contre l'ordre de la nature, voyez IMPERFORATION. Pour réduire des parties qui sont hors de leur place, voyez REDUCTION.

Les incisions diffèrent par leur grandeur, par leur situation, par la nature des parties qu'on divise, et par la direction des incisions ; à ce dernier égard les unes sont longitudinales, les autres obliques, les autres transversales ; il y en a de circulaires, de cruciales, de triangulaires, en V, en T, etc.

Le point essentiel dans l'ouverture des abscès, est de procurer autant qu'il est possible une issue, par laquelle les matières puissent s'écouler facilement et complete ment. Le pus qui croupit devient plus nuisible dans un abscès, lorsque par l'ouverture l'air y a accès, qu'auparavant. Si la situation de l'abscès ne permet pas de l'ouvrir de façon que les matières puissent s'écouler par leur propre pente, il y a des cas où l'on supplée à ce défaut par une contre-ouverture. Pour la faire, on retient d'un pansement à l'autre la matière dans le foyer de l'abscès, au moyen d'un tamponnement méthodique, et d'un bandage légèrement compressif ; la fluctuation peut alors indiquer l'endroit où le pus se présente le plus superficiellement. Quand l'endroit où l'on doit faire la contre-ouverture répond par une ligne droite à la première incision, on peut au moyen d'une sonde à bouton soulever les téguments, et pénétrer dans le foyer sur l'extrémité de cette sonde. La contre-ouverture peut aussi se faire de dedans en-dehors, avec un trocart particulier destiné à cette opération ; voyez CONTRE-OUVERTURE. En général les contre-ouvertures ne peuvent suffire que lorsqu'elles sont faites dans les endroits mêmes où le pus séjourne, et où la pente l'entraîne le plus. Si la contre-ouverture ne pouvait pas être assez étendue, ou qu'elle ne répondit pas immédiatement au foyer de l'abscès, elle ne laisserait pas que de pouvoir être utîle en certains cas, au moyen d'un seton, voyez SETON. La compression, le bandage expulsif, et les injections, peuvent remplir les vues du chirurgien, et opérer efficacement l'évacuation du pus, la détension des parois du foyer et leur récolement, sans avoir recours à la contre-ouverture. On doit ménager les incisions le plus qu'il est possible, et ne se déterminer à les pratiquer que dans le besoin démontré.

La question que l'académie royale de Chirurgie proposa en 1732 pour le premier prix, à la naissance de cette compagnie, demandait pourquoi certaines tumeurs doivent être extirpées, et d'autres simplement ouvertes ; dans l'une et l'autre de ces opérations quels sont les cas où le cautère est préférable à l'instrument tranchant, et les raisons de préférence. Le mémoire qui a été couronné est imprimé à la tête du premier tome du recueil des pièces qui ont concouru pour le prix de l'académie ; cet ouvrage contient des préceptes excellents sur la doctrine des incisions, et dont tout chirurgien doit être instruit.

L'extraction des corps étrangers et l'ouverture des abscès profonds, demandent une grande connaissance de l'Anatomie, parce que les cas qui exigent ces opérations étant sujets à une infinité de variations, il ne peut y avoir aucune méthode fixée par les préceptes pour la diversité de chaque cas. C'est à la prudence et au savoir à guider de concert la main du chirurgien ; ce sont ses lumières qui conduiront l'instrument avec la fermeté et la précision nécessaires pour ne faire que ce qu'il faut, et inciser à propos et avec connaissance de cause les parties qu'il est important de ne pas respecter.

Il y a peu d'opérations qui n'exigent des incisions ; pour lesquelles il y a des règles particulières.

Les inflammations et les gonflements considérables qui menacent un membre de gangrene, ne viennent souvent que de l'étranglement causé par quelques fibres aponévrotiques, dont la section ferait cesser tous les accidents. Voyez GANGRENE.

Les incisions qu'on fait superficiellement pour procurer le dégorgement des parties oedémateuses, se nomment mouchetures : si elles pénétraient dans le corps graisseux, telles qu'on en fait dans les engorgements sanguins qui menacent de suffoquer le principe vital dans la gangrene, elles s'appellent scarifications ; enfin, on donne le nom de taillades aux incisions profondes qui pénétrent quelquefois jusqu'à l'os dans le sphacele. Voyez ces mots. (Y)

INCISION, INSERER, INCISER, (Jardinage) est l'art d'enter, de greffer. Voyez GREFFE.