ou ASNE, s. m. asinus, (Histoire naturelle) animal quadrupede, bien connu par plusieurs défauts et par plusieurs bonnes qualités ; de sorte qu'il n'y a aucun animal qui soit plus dédaigné et plus employé. Il est du genre des solipedes, c'est-à-dire qu'il a la corne du pied d'une seule pièce. Il est plus petit que le cheval ; il a les oreilles plus longues et plus larges, les lèvres plus épaisses, la tête plus grosse à proportion du reste du corps, et la queue plus longue : mais elle n'est garnie de poil qu'à l'extrémité, et sa crinière n'est pas si grande que celle du cheval. Les ânes sont de plusieurs couleurs : la plupart sont gris de souris ; il y en a de gris argenté, de gris marqué de taches obscures ; il y en a de blancs, de bruns, de roux, etc. Ils ont des bandes noires sur le cou et sur les jambes ; il y a deux autres bandes qui se croisent sur le garrot ; l'une suit la colonne vertébrale dans toute son étendue, et l'autre passe sur les épaules. Il y a des ânes noirs. Les flancs de cet animal sont blancs ; son poil est dur et roide. Il a six dents incisives ; à deux ans et demi il perd les premières : les canines ne sont guère plus longues que les incisives, et en sont éloignées comme dans les chevaux ; de sorte que les ânes ont aussi des barres. L'âne a le membre plus grand à proportion du corps que tout autre quadrupede ; il a aussi une très-grande ardeur pour l'accouplement : mais il est peu fécond ; on choisit le printemps pour faire saillir les ânesses, surtout le mois de Mai, et l'été est encore plus favorable à leur fécondation. Comme leur terme arrive dans le douzième mois, elles mettent bas l'année suivante dans la même saison où elles ont été fécondées : le printemps et l'été sont aussi plus favorables pour l'ânon ; car le froid est plus contraire à ces animaux qu'aux autres bêtes de nos climats. Les ânes peuvent s'accoupler à deux ans et demi : mais il y en a bien peu qui soient féconds à cet âge ; il faut qu'ils aient trois ans pour être bons étalons, et qu'ils n'en aient pas plus de dix. On croit que les meilleurs sont de couleur grise tirant sur le brun ou le noir ; qu'ils doivent être gros et grands : il faut qu'ils portent bien la tête, qu'ils aient le cou long, les flancs élevés, la croupe plate, la queue courte, etc. et surtout que les parties essentielles à l'opération à la quelle on les destine soient grosses, charnues et robustes. Si la femelle n'a pas été fécondée avant que de perdre ses dernières dents, elle est stérîle pour toute sa vie, dit Aristote. Il y a des ânesses qui sont en chaleur chaque mois de l'année : mais on a remarqué qu'elles sont moins fécondes que les autres. Aussi-tôt que la femelle a été saillie, on la fouette, et on la fait courir pour empêcher qu'elle ne rende la liqueur séminale qu'elle a reçue ; elle ne porte ordinairement qu'un petit à la fais, il est très-rare qu'elle ait deux jumeaux. Sept jours après qu'elle a mis bas, elle s'accouple de nouveau avec le mâle ; elle est féconde pendant toute sa vie. On ne doit pas la faire travailler pendant le temps qu'elle porte ; et au contraire, le travail rend les mâles plus propres à l'accouplement. L'âne s'accouple avec la jument, et le cheval avec l'ânesse ; les mulets viennent de ces accouplements, et surtout de celui de l'âne avec la jument. On choisit pour servir d'étalons les plus grands ânes et les plus vigoureux, ceux qui ont le plus gros membre, comme sont les ânes de Mirebalais ; il y en a eu qui ont valu dans quelques provinces ou royaumes jusqu'à douze et quinze cens livres. Voyez
MULET. L'âne s'accouple aussi avec la vache, et l'ânesse avec le taureau, et ils produisent les jumarts. Voyez
JUMART.
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