S. f. (Logique) L'école a donné le nom d'épicherême aux syllogismes dans lesquels l'on joint à chaque prémisse sa preuve, au moins lorsque chacune en a besoin. M. de Crousaz en donne l'exemple suivant :

Il est raisonnable de penser que les biens qui ont le plus de rapport à ce que notre nature renferme de plus excellent, sont les plus capables de nous rendre heureux ; car la félicité et la perfection doivent aller d'un pas égal, puisqu'elles sont l'une et l'autre notre but.

Or la science et la sagesse sont des biens qui perfectionnent ce qu'il y a en nous de plus excellent, puisque l'entendement et la volonté sont des facultés beaucoup plus estimables que les sens.

Il est donc raisonnable de penser que l'on se rendra plus heureux par la connaissance et par la sagesse, que par les voluptés des sens.

L'épicherême, dit-on, a un grand avantage ; c'est de ne point retarder l'impatience de l'homme, parce qu'elle prouve ses prémisses en les avançant : ce qui est court et très-agréable ; mais il ne s'agit pas ici d'agrément. Ou de si courtes preuves sont inutiles par l'évidence de la proposition, ou elles ne sont pas suffisantes pour la démontrer. L'épicherême de M. de Crousaz lui-même n'est peut-être pas trop solide ; mais qu'il le soit ou non, je dis que des preuves que l'on fait passer si rapidement devant l'esprit, ne sont guère propres qu'à l'éblouir, au lieu de l'éclairer : ainsi l'usage de ce syllogisme irrégulier, qu'on nomme épicherême, n'est bon que pour former les récapitulations des orateurs, quand les principes d'où dépend leur conclusion, ont déjà été précédemment établis et approuvés par ordre. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.