S. m. (terme de Grammaire) le barbarisme est un des principaux vices de l'élocution.

Ce mot vient de ce que les Grecs et les Romains appelaient les autres peuples barbares, c'est-à-dire étrangers ; par conséquent tout mot étranger mêlé dans la phrase grecque ou latine était appelé barbarisme. Il en est de même de tout idiotisme ou façon de parler, et de toute prononciation qui a un air étranger ; par exemple, un Anglais qui dirait à Versailles, est pas le roi allé à la chasse, pour dire, le roi n'est-il pas allé à la chasse, ou je suis sec, pour dire, j'ai soif, ferait autant de barbarismes par rapport au français.

Il y a aussi une autre espèce de barbarisme ; c'est lorsqu'à la vérité le mot est bien de la langue, mais qu'il est pris dans un sens qui n'est pas autorisé par l'usage de cette langue, en sorte que les naturels du pays sont étonnés de l'emploi que l'étranger fait de ce mot : par exemple, nous nous servons au figuré du mot d'entrailles, pour marquer le sentiment tendre que nous avons pour autrui ; ainsi nous disons il a de bonnes entrailles, c'est-à-dire il est compatissant. Un étranger écrivant à M. de Fenelon, archevêque de Cambrai, lui dit : Mgr, vous avez pour moi des boyaux de père. Boyaux ou intestins pris en ce sens, sont un barbarisme, parce que selon l'usage de notre langue, nous ne prenons jamais ces mots dans le sens figuré que nous donnons à entrailles.

Ainsi il ne faut pas confondre le barbarisme avec le solécisme ; le barbarisme est une élocution étrangère, au lieu que le solécisme est une faute contre la régularité de la construction d'une langue ; faute que les naturels du pays peuvent faire par ignorance ou par inadvertance, comme quand ils se trompent dans le genre des noms ou qu'ils font quelqu'autre faute contre la syntaxe de leur langue.

Ainsi on fait un barbarisme, 1°. en disant un mot qui n'est point du dictionnaire de la langue. 2°. En prenant un mot dans un sens différent de celui qu'il a dans l'usage ordinaire, comme quand on se sert d'un adverbe comme d'une proposition ; par exemple, il arrive auparavant midi, au lieu de dire avant midi. 3°. Enfin en usant de certaines façons de parler, qui ne sont en usage que dans une autre langue.

Au lieu que le solécisme regarde les déclinaisons, les conjugaisons, et la syntaxe d'une langue, 1°. les déclinaisons, par exemple, les émails au lieu de dire les émaux : 2°. les conjugaisons, comme si l'on disait il allit pour il alla : 3°. la syntaxe, par exemple, je n'ai point de l'argent, pour je n'ai point d'argent.

J'ajouterai ici un passage tiré du IV. livre ad Herennium, ouvrage attribué à Cicéron : La latinité, dit l'auteur, consiste à parler purement, sans aucun vice dans l'élocution. " Il y a deux vices qui empêchent qu'une phrase ne soit latine, le solécisme et le barbarisme ; le solécisme, c'est lorsqu'un mot n'est pas bien construit avec les autres mots de la phrase ; et le barbarisme, c'est quand on trouve dans une phrase un mot qui ne devait pas y paraitre, selon l'usage reçu ". Latinitas est quae sermonem purum conservat, ab omni vitio remotum. Vitia in sermone, quominus is latinus sit, duo possunt esse ; solecismus et barbarismus. Solecismus est, cum verbis pluribus consequents verbum superiori non accommodatur. Barbarismus est, cùm verbum aliquod vitiose effertur. Rhetoricorum ad Herenn. Lib. IV. cap. XIIe (F)