(Grammaire) c'est s'éloigner avec vitesse, par quelque crainte que ce soit : ce verbe est tantôt actif, comme dans cette phrase, je fuis les ennuyeux ; tantôt neutre, comme dans celle-ci, il vaut mieux s'exposer à périr, que fuir. Il est pris au simple dans les exemples précédents ; au figuré, dans celui-ci, le méchant fuit la lumière ; il a quelques acceptions détournées. Voyez les deux articles suivants.

FUIR les talons, (Manège) on désigne communément par cette expression, l'action du cheval qui chemine de côté, ses hanches étant assujetties et forcées de suivre le mouvement progressif des épaules, en traçant et en décrivant une seconde piste.

L'utilité et l'avantage de cette action, relativement aux différentes manœuvres d'une troupe de cavalerie, ne m'arrêteront point ici ; je ne l'envisagerai qu'eu égard à la science du Manège ; et en me bornant à cet objet, je m'attacherai d'une part à dévoiler les moyens mis en pratique pour suggérer ce mouvement à l'animal, et détailler de l'autre ceux qui me paraissent les plus propres et les plus convenables à cet effet.

De tous les temps, la plupart des maîtres ont imaginé que l'intelligence de la leçon dont il s'agit, dépend en quelque manière de notre attention à profiter d'abord de la facilité que la muraille semble nous présenter, lorsqu'il est question de limiter les actions du cheval. On l'a par conséquent conduit le long d'un des murs du manège droit d'épaules et de hanches. Là, dans l'intention de travailler ensemble l'une et l'autre extrémité, on a insensiblement engagé la croupe par l'approche plus ou moins forte de la jambe ou du talon de dehors ; et tandis que cette même jambe était toute entière occupée du soin de fixer, de contraindre, et de chasser le derrière en-dedans, la main armée du caveçon, ou des rênes de la bride, entretenait le mouvement de l'épaule sur ce même côté où l'on se proposait de porter l'animal. Si les aides de la jambe n'avaient point d'efficacité, on recourait à celle du pincer ; et dans le cas de l'inutilité et de l'impuissance de celle-ci, on faisait vivement sentir l'éperon. C'est ainsi que le célèbre duc de Newcastle s'explique lui-même, en parlant de la méthode qu'il a suivie à cet égard ; et lorsque le cheval fuyait les talons aussi facilement à une main qu'à l'autre, il le travaillait éloigné de ce même mur vis-à-vis duquel il l'avait commencé.

Quelques écuyers, ainsi que quelques-uns de ceux qui ont paru de nos jours, ont encore ajouté à ces aides et à ce châtiment, pour vaincre avec plus de succès l'impatience de l'animal : les uns ont employé le secours d'un homme à pied, muni d'une chambrière ou même d'un nerf de bœuf, et préposé pour frapper sans pitié sur le flanc répondant à la muraille, à l'effet d'en détacher la croupe, et de la maintenir sur le dedans ; les autres se sont saisis d'une gaule dans chaque main ; ils en attaquaient l'épaule, afin de la déterminer et de la mouvoir sur la main à laquelle ils travaillaient ; et si les hanches demeuraient, ils adressaient leurs coups sur les flancs, sans négliger l'approche du talon, tandis qu'un homme pareillement à pied et placé du côté opposé à celui où ils tendaient, dirigeait ceux de la gaule dont il était pourvu sur la poitrine à l'endroit des sangles, quand l'épaule n'obéissait pas, et sur les fesses, quand le derrière était rébelle.

Il en est qui ont tenté de réussir par une autre voie : ceux-ci ne se donnaient pas la peine de monter le cheval pour l'exercer ; ils le rangeaient la tête au mur, un homme de chaque côté tenant une longe du caveçon, laquelle avait deux ou trois aunes de longueur. Celui qui se trouvait sur la main, où il était question d'aller, tirait fortement à lui la tête de l'animal ; et dans l'instant que l'épaule portée, par exemple, à droite, la croupe se disposait à fuir à gauche, l'écuyer qui suivait attentivement s'opposait au mouvement de cette partie ; il la déterminait dans le sens du devant, par le moyen du châtiment, et l'empêchait d'échapper.

D'autres enfin, et de ce nombre sont Pluvinel et la Noue, ont préféré la leçon du cercle à celle de la muraille. Dans le centre de ce cercle, était un pilier auquel ils attachaient l'animal, la tête en étant plus ou moins éloignée : le cavalier l'aidait tant de la main et de la gaule que de la jambe et du talon. Il l'arrêtait de temps en temps, et lui demandait ensuite quelques pas semblables au premier ; il le reprenait sur l'autre jambe, et cherchait à lui en faire entendre le temps, l'aide, et l'avertissement : après quoi, pour le confirmer dans l'habitude qu'il lui avait donnée par ce moyen, il le promenait en liberté sur un autre cercle qu'il lui faisait d'abord reconnaître sans le contraindre. Ce cercle suffisamment reconnu, le cavalier faisait insensiblement effort de la jambe et du talon, et il aidait de la gaule, à l'effet de mettre le cheval de côté ; le devant étant toujours un peu plus avancé sur la circonférence de la volte, que le derrière ; et le cercle tracé, il l'arrêtait pour le remettre sur l'autre main ; enfin il parvenait à le travailler de suite à l'une et à l'autre.

Quelle que puisse être la réputation de ceux qui ont adopté ces diverses méthodes, j'oserai en proposer une autre, persuadé que l'autorité des plus grands noms est un vain titre contre la raison et l'expérience.

A en juger par les efforts et par les précautions des maîtres dont j'ai parlé, on devrait envisager l'action dont il s'agit, comme une de celles qui coutent le plus à l'animal ; la difficulté qu'il a de s'y soumettre ; le sentiment desagréable qu'elle parait lui faire éprouver, semblent en offrir les plus fortes preuves. Nous conviendrons que quoique la nature ait construit et combiné ses ressorts de manière à lui en permettre l'exécution, le mouvement qui opère en-avant le transport de son corps, lui est infiniment plus facîle que celui qui le porte et le meut entièrement de côté : mais cette observation et cet aveu ne peuvent que confirmer de plus en plus dans la persuasion où l'on doit être, de la nécessité de profiter des ressources de l'art, et des secours de l'habitude, pour favoriser et pour perfectionner des déterminations primitives. Il est une gradation dans le développement des membres, comme il en est une dans leur accroissement ; c'est dans la science de cette gradation que résident les principes d'une saine théorie. Il ne suffit pas en effet de connaître ce que l'animal peut, il faut encore discerner les voies les plus propres à assouplir insensiblement les fibres destinées à l'exercice des opérations possibles, ainsi que les actes réitérés qui les rendront successivement capables de telle ou telle action, selon un certain ordre, et un certain enchainement naturel. Tel mouvement conduit à un autre mouvement. Le passage de l'un à l'autre n'est pénible qu'autant qu'il est trop subit. L'animal ne se déplaira point dans le jeu de ses organes ; et ce jeu pour être excité n'aura pas besoin de l'impression de la force et de la violence, dès que les conditions sous lesquelles il peut être sollicité, seront exactement suivies, c'est-à-dire dès qu'il sera, s'il m'est permis de m'expliquer ainsi, en raison composée de la disposition première et de la disposition acquise de ces mêmes organes. J'entends par disposition acquise, celle qui résulte de la répétition d'une action, dont les rapports avec une nouvelle action demandée, sont évidents ; et si, eu égard au mouvement dont je traite ici, je recherche les actions qui lui étant relatives peuvent par leur nature y préparer le cheval, je les trouverai sans-doute dans celles que suggèrent les leçons qui tendent à procurer la souplesse des épaules, et un commencement d'union. Voyez UNION. Ces leçons administrées 1° sur les cercles, 2° sur le carré représenté par le manège, non-seulement invitent l'omoplate et l'humerus au mouvement circulaire dont ces parties sont susceptibles, mais elles contraignent, lorsque ce mouvement est bien effectué, les extrémités postérieures à un retrécissement, d'où nait de la part de ces extrémités une propension à chevaler, puisque la foulée de l'une des jambes de derrière se rencontre toujours au-devant de la piste de celle qui l'avoisine. Voyez EPAULE. Or l'action de cheminer de côté, soit au pas, soit au trot, ne pouvant être accomplie qu'autant que les membres du devant et du derrière croiseront successivement, et que chaque jambe de dehors passera sur chaque jambe de dedans qui forme sa paire ou qui lui répond, il s'ensuit que le mouvement qui y a le plus de rapport et d'affinité, est sans contestation celui que les leçons dont je viens d'examiner les effets sollicitent ; d'où, par une conséquence nécessaire, on peut juger de l'importance d'y exercer parfaitement et longtemps l'animal, avant de tenter et d'entreprendre de lui faire fuir les talons. Supposons à-présent que nous soyons assurés de la liberté et de la franchise de ses membres, dans le sens où leur articulation sphéroïde leur permet de se mouvoir, nous débuterons par l'observation des lignes qui traçant de simples, conduisent à des changements de main étroits. Nous maintiendrons d'abord scrupuleusement l'animal droit de tête, d'épaules et de hanches, sur celles de ces lignes qui sont droites, ainsi que sur la ligne oblique, que nous devons décrire pour arriver au mur. Ces demi-voltes exécutées avec précision à chaque main, nous commencerons à engager légèrement la croupe, lorsque nous parviendrons sur cette dernière ligne, en dirigeant la rêne de dedans en-dehors, c'est-à-dire en la croisant de manière à rejeter faiblement néanmoins l'épaule de dedans sur le dehors, et à assujettir proportionnément par ce moyen les hanches, naturellement portées à se déterminer toujours dans une direction opposée à celle du devant. Dans cet état le corps de l'animal chemine dans un degré d'obliquitté imperceptible ; et les pistes de ses extrémités antérieures et postérieures sont telles, que la ligne oblique qui passait auparavant entre ses quatre jambes sur sa longueur, se trouve foulée par celle de dedans de devant, et par celle de dehors de derrière. A proportion de la facilité que le cheval acquiert par un travail réitéré et assidu, ce degré d'obliquitté doit à l'une et à l'autre main, accroitre insensiblement, jusqu'à ce que la foulée du pied antérieur de dehors s'effectue toujours et à chaque pas, de manière que si depuis cette foulée on tirait une ligne droite en-arrière, cette même ligne répondrait au milieu de la piste tracée par les extrémités postérieures ; car les épaules dans cette action, doivent constamment précéder les hanches. Pour y parvenir, il s'agit d'augmenter insensiblement aussi la force de la rêne de dedans, qui doit captiver la croupe, en observant sans-cesse de la croiser de telle sorte que la résistance ne cede que graduellement à l'effort de la puissance ; et comme l'effet de cette même rêne agissant seule, et portée sur le dehors à un certain point, s'imprimerait avec trop de violence sur les épaules, et que celle de dehors se trouverait dès-lors si contrainte et si retenue, qu'il ne serait pas possible à l'animal de chevaler, et qu'il s'entablerait infailliblement ; il est indispensable à mesure qu'il présente de plus en plus le flanc sur le côté où il est mu, de croiser et de mettre en œuvre la rêne de dehors, dont l'office sera de porter continuellement la jambe de dehors sur celle de dedans, la rêne de dedans demeurant chargée de s'opposer à la sortie de la croupe. C'est ici que se manifestent principalement la nécessité et l'importance de saisir avec précision les temps des jambes. Les rênes, ces muscles artificiels, si je peux employer cette expression, n'ont d'efficacité qu'autant que la disposition actuelle des membres favorise la possibilité de l'action à laquelle elles doivent déterminer. Vainement les jambes seront-elles sollicitées dans l'instant de leur chute, à suivre une autre direction que celle qui les attire sur le sol sur lequel elles descendent, et sur lequel elles sont en voie de se poser. Il faut donc absolument, et pour ne point faire violence à la nature, profiter des moments rapides et successifs, où elles seront dans leur soutien. Celle de dehors est-elle en l'air, celle de dedans est à terre. Craisez la rêne de dehors en-dedans, l'épaule de dehors obligée au mouvement circulaire de la faculté duquel elle est douée, l'extrémité qu'elle dirige sera nécessitée de passer sur celle qui repose. Celle-ci est-elle élevée à son tour, agissez de la rêne de dedans, mais en raison du mouvement que vous vous proposez de suggérer à la jambe du même côté, et opérez avec cette activité, cette finesse et cette subtilité qu'exigent les temps des deux rênes ; temps qui peuvent échapper d'autant plus aisément, qu'ils sont, ainsi qu'on doit le comprendre, extrêmement près et voisins l'un de l'autre.

Jusqu'à-présent nous ne nous sommes occupés que des aides de la main : celles des jambes du cavalier seraient-elles donc inutiles ? Je n'ai garde de les envisager comme telles ; mais en me défendant des piéges du préjugé, je les regarde simplement comme des aides nécessaires ou auxiliaires, à-moins qu'il ne soit besoin de déterminer la machine en-avant ; car ce n'est que dans ce cas qu'elles doivent être tenues pour des aides capitales. Voyez MANEGE. Or dans la supposition où le cheval se serait retenu lors de mes premières opérations, j'aurais approché mes jambes à l'effet de le resoudre, tandis que ma main aurait toujours conduit et réglé les mouvements des membres ; et si ma rêne de dedans n'avait pu contenir les hanches, et empêcher le cheval de devuider, j'aurais d'abord et sur le champ mis à moi la rêne de dehors, sans cesser de croiser l'autre dont j'aurais accru la tension ; et je n'aurais fait usage de ma jambe de dehors, que dans la circonstance de l'insuffisance de ces deux premiers agens.

Cet exercice sur les changements de main étroits, pratiqué assez constamment pour frapper l'intelligence du cheval, et pour le confirmer dans l'exécution de cette leçon, on lui proposera des changements de main larges. De ces changements de main larges, on le conduira sur des cercles plus ou moins étendus, en cherchant à le rendre également libre aux deux mains ; et enfin on le travaillera de la même manière, la tête ou la croupe au mur ; la tête au mur s'il tire, s'il pese, s'il a de l'ardeur, parce que par ce moyen il sera forcé de se rassembler, de s'allégerir et de s'apaiser avec moins d'aide de la bride, et non s'il a de la disposition à être rétif ou ramingue ; car les leçons étroites et si fort limitées le rappelleraient à son vice naturel. Ses progrès doivent au surplus nous décider, eu égard au temps où il convient de susciter le pli auquel la souplesse de son encolure le dispose, et d'exiger que sa tête soit toujours fixée sur le dedans. Ce pli est non-seulement nécessaire à la grâce, mais à l'aisance et à la liberté de l'action du devant, puisqu'il ne peut avoir lieu que la jambe de dedans ne soit portée en-arrière, et que celle de dehors n'ait par conséquent plus de facilité à chevaler et à croiser. Il sera imprimé par la tension de la rêne de dedans, dirigée d'abord près du corps du cavalier, et croisée subtilement ensuite ; car une partie de l'effet de sa direction au corps du cavalier, tendrait inévitablement à chasser la croupe sur le dehors, et il est besoin que cette partie de son effet soit détruite par le port de cette même rêne en-dehors. Du reste le cheval dans les commencements doit être plié faiblement ; et on ne doit l'habituer qu'insensiblement et peu-à-peu, à regarder ainsi dans le dedans, Ve la contrainte dans laquelle le jette le raccourcissement que le pli occasionne, et le retrécissement de ses hanches qui se trouvent alors extrêmement pressées. Si ce retrécissement est tel qu'elles soient prêtes à échapper, elles pourront être contenues par la tension de la rêne de dehors, rapprochée du corps du cavalier, dans l'instant même où l'animal allait les dérober, et par la précision avec laquelle la rêne de dedans sera croisée ; précision qui suppose dans l'une et dans l'autre une proportion exacte, mais très-difficîle à rencontrer. Enfin dans le cas où l'animal se retiendra, les aides des jambes l'en détourneront, et même celles de la jambe du dehors secourront celles de la main, si elles étaient impuissantes.

Je terminerai cet article par quelques réflexions très-simples, que je me dispenserai d'étendre, sur la pratique de ceux qui font fuir au cheval la gaule, la chambrière, ou le nerf de bœuf, plutôt que les talons.

Il n'est pas douteux, en premier lieu, que l'action de l'animal sur une ligne vis-à-vis de la muraille, ne lui coute infiniment davantage qu'une action moins bornée, et dans laquelle ses membres moins assujettis jouissent de la liberté de se ployer en avant. Or je n'aperçais aucune raison capable de justifier ceux qui préfèrent d'abord cette ligne aux lignes obliques ou diagonales.

En second lieu, l'idée d'employer continuellement la jambe et même le talon, et de leur confier le soin entier de maitriser l'arriere-main (abstraction faite de l'endurcissement même qui en résulte de la part de l'animal, et de l'action de quouiller, que de semblables aides occasionnent), me parait peu conforme à celle que l'on doit concevoir du système de ses mouvements, lorsque l'on consulte sa structure. La correspondance des épaules et des hanches est intime. Celles-ci fuient naturellement du côté opposé à celui où les premières sont mues, et les premières tendent toujours au sens opposé à celui où les secondes sont portées. La propension qu'elles ont à ce mouvement contraire, est rachetée par la faculté dont les membres sont doués, conséquemment à leurs articulations sphéroïdes, de croiser les uns sur les autres ; et c'est par ce moyen que l'action progressive peut être effectuée de côté : mais cette propension est toujours telle, que la dépendance du devant et du derrière ne cesse point, et que la contrainte de l'un entraîne la contrainte absolue de l'autre. Or si lorsque j'entreprends de les mouvoir ensemble dans un même sens, je captive le devant par l'action de ma main, et le derrière en même temps par l'action plus ou moins violente de ma jambe, et par les châtiments que l'on substitue à cette action, dans le cas de son insuffisance, il est certain que toute la machine se trouve entreprise par la contrariété des effets qui suivent de ces différentes aides ; les hanches chassées et poussées sur le dedans, l'épaule que la main veut y porter est retenue sur le dehors, tout le corps se roidit, les membres ne jouissent plus de leur liberté, et l'animal se livre aux désordres que lui inspire la difficulté d'un mouvement, dont l'exécution, bien loin d'être facilitée, lui devient comme impossible. Il arrive encore que lorsque l'on est parvenu par un excès de force et de rigueur, et aux dépens de ses ressorts affoiblis par la gêne et par le travail, à l'habituer à l'obéissance et à le soumettre par la voie dont il est question, à ce transport de biais et de côté, il est rare que son action soit exactement juste et mesurée, le cheval s'atteint et heurte fréquemment d'un sabot l'un sur l'autre. On remarque toujours le peu d'aisance avec laquelle l'épaule et le bras accomplissent le mouvement en rond, d'où résulte celui de chevaler ; il se plie, il se couche dans la volte, il pousse la côte, il s'accule, il s'entable, il croise dessous de temps-en-temps, au lieu de croiser dessus ; il se traverse, il n'embrasse jamais assez de terrain ; on est obligé de le presser pour l'engager à décrire une diagonale ; ses hanches enfin précèdent continuellement le devant ; et l'on peut dire que le cavalier ne règle en aucune façon son action, puisqu'il ne dispose point à son gré les membres sur le lieu même où ils doivent se poser, et qu'il le pousse plutôt qu'il ne le conduit. Tels sont en général les défauts qu'il est très-facîle d'observer dans un nombre infini de chevaux exercés dans la plupart de nos manéges. Ils ne naissent véritablement que de l'emploi dur, cruel et mal-entendu des jambes, que l'on charge trop inconsidérément d'une grande partie des opérations que l'on doit attendre de la précision, de la finesse, de la sagacité de la main, tandis qu'elles ne devraient que la seconder dans ses effets, lorsqu'ils sont combattus par la résistance de l'animal. J'avoue que cette manière de le travailler n'est pas propre à le conduire à l'intelligence des aides qu'elles peuvent fournir ; mais les exercices qui ont eu pour objet de le déterminer et de le resoudre, ainsi que l'action du pas écouté, et du passage par le droit qui a précédé cette leçon, ont dû la lui suggérer. D'ailleurs pourrait-on lui imprimer la connaissance de toutes les gradations de ces mêmes aides dans un mouvement aussi pénible pour lui, et qui exige constamment non-seulement l'approche la plus vive de la part de la partie qui doit aider, mais encore des châtiments et des secours étrangers ?

Le cheval peut encore cheminer de côté dans des autres allures que dans celle du passage ; et même dans les airs relevés. Voyez les articles concernant ces airs et ces allures. (e)

FUIR ; il se dit en Peinture, des objets qui dans le lointain d'un tableau, s'éloignent naturellement des yeux : il faut faire fuir cette partie. On fait fuir les objets dans un tableau, en les diminuant de grandeur, de vivacité de couleur, c'est-à-dire en les faisant participer de celle de l'air, qui est entre l'oeil et l'objet, et en les prononçant moins que ceux qui sont sur le devant. (R)