S. m. (Grammaire) c'est en général de l'aptitude singulière à faire quelque chose, soit que cette aptitude soit naturelle, soit qu'on l'ait acquise. On dit le talent de la Peinture, de la Sculpture, de la Poésie, de l'Eloquence ; la nature a partagé les talents. Il est rare qu'on ait deux grands talents ; il est plus rare encore qu'on ne fasse pas plus de cas dans la société des talents agréables que des talents utiles, et des uns et des autres que de la vertu. On dit encore, il a du talent dans son métier. Il a le talent de plaire.

TALENT, (Monnaie anc.) fameux poids et monnaie des anciens, qui était de différente valeur non seulement dans les divers pays, mais dans le pays même, selon que les espèces qui composaient le talent étaient plus ou moins fortes.

Le talent d'argent en poids chez les Hébreux pesait trois mille sicles, ou 125 livres de 12 onces chacune, ou 12 mille drachmes. Quant à sa valeur, cinquante mines faisaient le talent hébraïque d'argent ; ce qui revient à 450 livres sterlings. Le talent d'or des Hébreux sur le pied de seize d'argent, reviendrait à 7200 livres sterlings.

Le talent d'Athènes comprenait soixante mines, qui reviendraient, selon le docteur Bernard, à 206 livres sterlings 5 schellings. Le talent d'or, à raison de 16 d'argent, 3300 livres sterlings.

Le talent d'argent de Babylone contenait 7000 dragmes d'Athènes, faisant 240 livres sterlings 12 schellings 6 sols. Le talent d'or, à raison de 16 d'argent, 3850 livres sterlings.

Cinquante mines faisaient le talent d'argent d'Alexandrie, qui revient à 450 livres sterlings. Le talent d'or, à raison de 16 d'argent, 7200 livres sterlings.

Le talent de Cyrène était égal à celui d'Alexandrie. Le talent de Corinthe était le même que celui d'Egine, savoir de cent mines attiques. Le talent de Rhodes était de 4502 deniers romains. Le talent thracien était du poids de 120 livres, l'égyptien de 80 livres.

Les Romains avaient de grands et de petits talents. Soixante douze livres romains faisaient leur grand talent, que le docteur Bernard évalue à 216 livres sterlings. Plaute désigne toujours le grand talent romain par magnum talentum ; considéré comme poids, il pesait 125 livres.

Hérodote, en parlant du talent de Babylone, dit qu'il valait 70 mines d'Eubée. Elien, en parlant du même talent, dit qu'il valait 72 mines d'Athènes. De-là il s'ensuit que 70 mines d'Eubée en valaient 72 d'Athènes ; et comme le talent était toujours de 60 mines, on voit par-là la différence du talent d'Eubée et de celui d'Athènes.

Mais il faut qu'il y eut encore deux autres sortes de talents d'Eubée, ou que les auteurs se contredisent ; Festus dit : Euboicum talentum numno graeco septem millium, nostro quatuor millium denariorum : le talent d'Eubée est de 7 mille drachmes grecques, et de 4 mille deniers romains. Tout le monde convient qu'il y a ici quelque faute de copiste, et qu'au-lieu de 4 mille deniers romains, il doit y avoir 7 mille ; la preuve en est que, selon le même Festus, la drachme des Grecs et le denier des Romains étaient de même valeur. En effet il dit que le talent d'Athènes, qui était de six mille drachmes, contenait aussi six mille deniers romains. Selon lui donc, le denier romain et la drachme d'Athènes étaient de même valeur, et il y en avait sept mille au talent d'Eubée. Cependant le talent d'Eubée de la somme que devait payer Antiochus aux Romains était bien plus fort ; Polybe dit, legat. XXV. p. 817. et Tite-Live aussi, l. XXXVII. et XXXVIII. qu'il contenait 10 livres romaines. Or la livre romaine contenait 96 deniers romains, et par conséquent 10 de ces livres faisaient 7680 deniers romains, c'est-à-dire 240 livres sterlings.

Mais il faut remarquer qu'il y a une différence dans le traité entre Tite-Live et Polybe ; car quoique Tite-Live, dans le projet du traité, dise, aussi-bien que Polybe, que les 15 mille talents étaient des talents d'Eubée ; dans le traité même, il les appelle talents d'Athènes ; Tite-Live en traduisant ici Polybe, a fait une faute ; car Polybe dit seulement que l'argent du payement qu'on donnerait aux Romains serait, , du meilleur argent d'Athènes, et Tite-Live ne faisant pas assez d'attention à ces expressions qui marquent la qualité de l'argent, et non pas l'espèce de monnaie, a traduit des talents d'Athènes. Or comme le talent d'Eubée était le plus pesant, la monnaie d'Athènes était aussi la plus fine de toutes ; et selon le traité, le payement se devait faire de la manière la plus favorable aux Romains. Ils obligèrent Antiochus, pour acheter la paix, de leur payer cette somme, déjà prodigieuse en elle-même, de la manière la plus onéreuse pour lui, en talents les plus forts, et pour la qualité du meilleur ou du plus fin argent.

On ne trouve jamais nos auteurs français d'accord sur l'évaluation des talents des anciens, parce qu'ils ne l'ont jamais faite d'après le poids et le titre, mais toujours d'après le cours variable de nos monnaies ; ainsi Budée évalue le talent d'Athènes à 1300 livres ; Tourreil à 2800, et nos derniers écrivains à 4550 livres. (D.J.)

TALENT HEBRAÏQUE, (Monnaie des Hébreux) monnaie de compte des Hébreux, qui valait trois mille sicles ; &, selon le docteur Bernard, 450 livres sterlings. Voyez-en les preuves détaillées à l'article MONNOIES des Hébreux. (D.J.)

TALENT, peintre à, (Peinture) c'est le nom qu'on donne à un artiste qui s'applique à quelque genre particulier de peinture, comme à faire des portraits, à peindre des fleurs, à représenter des animaux, des paysages, des noces de village, des tabagies, etc. (D.J.)