adj. (Grammaire) se dit au simple et au figuré. On dit au simple qu'un ouvrage est délicat, lorsque les parties qui le composent sont déliées, fragiles, et n'ont pu être travaillées qu'avec beaucoup de peine, d'adresse et d'attention de la part de l'ouvrier ; en ce sens, rien n'est si délicat que ces petites chaînes qui nous viennent d'Allemagne, rien n'est si délicat que les montres en bague du sieur Jodin. On dit encore au simple, d'un ouvrage, que le travail en est délicat ; alors le mot délicat ne concerne pas les parties de l'ouvrage qui peuvent être très-solides, mais la main-d'œuvre qui a exécuté sur ces parties des ornements, des formes qui montrent une grande légèreté de dessein, de burin, de lime, et un goût exquis. Au figuré, on dit d'une pensée qu'elle est délicate, lorsque les idées en sont liées entr'elles par des rapports peu communs qu'on n'aperçoit pas d'abord, quoiqu'ils ne soient point éloignés ; qui causent une surprise agréable, qui réveillent adroitement des idées accessoires et secrètes de vertu, d'honnêteté, de bienveillance, de volupté, de plaisir, et qui insinuent indirectement aux autres la bonne opinion qu'on a ou d'eux ou de soi. On dit d'une expression qu'elle est délicate, lorsqu'elle rend l'idée clairement, mais qu'elle est empruntée par métaphore d'objets écartés, que nous voyons tout-d'un-coup rapprochés, avec plaisir et surprise. On dit qu'une table est délicatement servie, lorsque les mets en sont recherchés et pour la qualité et pour l'assaisonnement. Faire entre les objets des distinctions délicates, c'est y remarquer des différences fines qui échappent, même aux bons yeux, et qui ne frappent que les excellents.

DELICAT, adj. en Peinture, est une façon de peindre et de dessiner, qui approche du mesquin, sans qu'on puisse cependant lui reprocher ce vice. On dit en éloge, cela est délicatement touché, délicatement exprimé, rendu avec délicatesse, ce qui pour lors a rapport à l'esprit. (R)