ou TITRI, s. m. (Histoire naturelle, Ichtyologie) poissons des îles Antilles, qu'on peut manger par centaine sur le bout de la fourchette : ils ne sont guère plus gros qu'une grosse épingle et plus petits de moitié. C'est ordinairement pendant la saison des pluies aux environs des pleines lunes, qu'on le trouve en si grande abondance à l'embouchure des petites rivières peu profondes dont l'eau coule dans la mer, qu'il s'en fait une prodigieuse consommation dans tout le pays.

Cette espèce n'est point particulière ; c'est un mélange de plusieurs sortes de petits poissons de mer nouvellement éclos, qui cherchent un asîle dans les ruisseaux où les gros ne peuvent entrer ni les poursuivre. On peut bien penser que ce poisson ne se prend pas à l'hameçon. La manière de le pêcher est d'étendre au fond de l'eau une grande nappe ou un drap blanc chargé de quelques pierres pour l'assujettir. Le titiri, attiré par la blancheur, se rassemble par milliers, et le drap en étant tout couvert, on l'enlève par les quatre coins, et on recommence cet exercice jusqu'à-ce qu'on en ait rempli plusieurs petits baquets pleins d'eau qu'on a fait apporter exprès. Le titiri étant très-délicat, ne peut se garder longtemps. Il faut le manger tout-de-suite : la manière de le préparer, est de commencer par le bien laver dans plusieurs eaux pour en séparer le sable dont il est toujours couvert ; on le fait cuire ensuite dans de l'eau avec du sel et des fines herbes, y ajoutant du beurre, si on se contente de le manger de cette façon. Autrement, après l'avoir retiré avec une écumoire, on le laisse s'égoutter, et on y fait une sauce liée : on peut encore le faire frire, en le saupoudrant de farine, ou bien en former des beignets, au moyen d'une pâte claire dont on rehausse le goût avec du jus de bigarade ou de citron.

Le titiri est blanc, gras, délicat et toujours très-bon, à quelque sauce qu'on l'accommode. Les Européens qui passent aux Isles, en sont très-friands : ce poisson est appelé pisquet par les habitants de la Guadeloupe : cependant il ne faut pas le confondre avec le pisquet proprement dit, et connu sous ce nom dans toutes les îles françaises : celui-ci est une espèce particulière qui n'excède guère la grosseur des petits éperlans. Article de M. le ROMAIN.