Chirurgie

terme de Chirurgie, ouverture qu'on fait au ventre par une incision qui pénètre dans sa capacité, soit pour y faire rentrer quelque partie qui en est sortie, soit pour en extraire quelques corps. Ce mot est grec, , composé de , venter, ventre, et de , sectio, incision, du verbe , seco, je coupe.

On a pratiqué avec succès la gastrotomie, pour donner issue au sang épanché dans le bas-ventre, à la suite des plaies pénétrantes de cette partie. On en peut lire plusieurs observations très-détaillées dans un mémoire de feu M. Petit le fils sur les épanchements, inséré dans le premier volume de ceux de l'académie royale de Chirurgie.

S. m. terme de Chirurgie, quelques-uns écrivent gaitre ou gouetre ; c'est une tumeur indolente, mobîle et sans changement de couleur à la peau, qui vient au-devant de la gorge. Les Savoyards et tous les habitants des montagnes sont fort sujets à cette maladie ; on attribue cette endémie aux eaux et neiges fondues et de sources froides qu'ils sont obligés de boire.

Le mot goètre est formé par corruption du latin guttur, gorge ; plusieurs autres ont confondu mal-à-propos le goètre avec une autre maladie de la gorge, nommée bronchocele. Voyez BRONCHOCELE.

S. f. terme de Chirurgie, tumeur qui se forme sous la langue par l'amas de la salive dans ses réservoirs. Tous ceux qui ont parlé de cette maladie avant la découverte des organes qui servent à la secrétion de la salive, n'ont pu avoir des idées précises sur la nature de cette tumeur : on croit que Celse en parle dans le xij chap. du VII. liv. qui a pour titre, de abscessu sub linguâ. Ambraise Paré dit que la grenouillette est formée de matière pituiteuse, froide, humide, grosse et visqueuse, tombant du cerveau sur la langue. Fabrice d'Aquapendente met cette tumeur au nombre des enkistées, et ajoute qu'elle est de la nature du melliceris ; Dionis est aussi de ce sentiment, et il estime que la grenouillette tient un peu de la nature des loupes. Munnick instruit par les découvertes de l'anatomie moderne, ne s'est pas mépris sur la nature de cette maladie ; il dit positivement qu'elle vient d'une salive trop acre et trop épaisse, laquelle ne pouvant sortir par les canaux salivaires inférieurs, s'amasse sous la langue et y produit une tumeur. Une idée si conforme à la raison et à la nature des choses, n'a pas été suivie par M. Heister ; il a emprunté d'Aquapendente tout ce qu'il dit sur la grenouillette ; et M. Col de Villars, médecin de Paris, dans son cours de Chirurgie, dicté aux écoles de Médecine, dit que la ranule est causée par le séjour et l'épaississement de la lymphe qui s'accumule sous la membrane dont les veines ranules sont couvertes. Enfin M. de la Faye, dans ses notes sur Dionis, reconnait deux espèces de grenouillette, les unes rondes placées sous la langue, qu'il dit produites par la dilatation du canal excrétoire de la glande sublinguale, les autres sont plus longues que rondes, placées à la partie latérale de la langue, et formées, dit-il, par la dilatation du canal excrétoire de la glande maxillaire inférieure ; il ajoute que la salive est la cause matérielle de ces tumeurs, par son épaississement et l'atonie du canal. Voilà le précis des diverses opinions qu'on a eues sur la nature et le siège de la grenouillette.

ou TAILLE HYPOGASTRIQUE, (Chirurgie) est une opération par laquelle on tire la pierre hors de la vessie, au moyen d'une incision faite à son fond, à la partie inférieure du bas-ventre, au-dessus de la symphise des of pubis.

On est redevable de l'idée de cette opération à Pierre Franco, natif de Turiers en Provence, qui fixa son établissement à Orange, après avoir exercé la Chirurgie avec distinction en Suisse, où il était pensionné des villes de Berne et de Lausanne. L'impossibilité de tirer une pierre du volume d'un œuf de poule à un enfant de deux ans, après de vains efforts ; les grandes douleurs du malade, les vives instances des parents, et un sentiment d'amour-propre, ne voulant pas, dit l'auteur, qu'il lui fût reproché de n'avoir su tirer la pierre ; tous ces motifs le déterminèrent à faire une incision au-dessus de l'os pubis, sur la pierre même qu'il soulevait avec les doigts d'une main, introduits dans l'anus, pendant qu'un aide l'assujettissait par une compression à la partie inférieure du bas-ventre. La pierre fut tirée, et le malade guérit. Cette observation a été publiée dans la Chirurgie de l'auteur, Lyon, 1561.

S. f. terme de Chirurgie, épanchement de sang dans le globe de l'oeil, à l'occasion d'un coup, d'une chute, ou d'une plaie. Il n'est pas possible d'espérer la résolution du sang épanché dans le globe de l'oeil, par les saignées et l'application des remèdes propres à calmer l'inflammation et à prévenir ses progrès. Il faut donner issue au sang épanché. La plaie, s'il y en a, est une voie pour l'évacuation de ce fluide. Ceux qui ont cru perfectionner l'opération de la cataracte par l'extraction du crystallin, en imaginant, au lieu des ciseaux dont M. Daviel, inventeur de cette opération, se sert pour couper demi-circulairement à droite et à gauche la cornée transparente au bord de la conjonctive, après avoir pénétré avec une lancette dans la chambre antérieure ; ceux, dis-je, qui ont cru pouvoir éviter la multiplicité des instruments, en se servant d'un petit bistouri pour faire la section de la cornée dans toute l'étendue convenable, ont éprouvé l'inconvénient de blesser l'iris et de procurer une hémorrhagie qui a rempli la chambre antérieure de l'oeil. Cette hémalopie, considérée en elle-même, n'a aucune mauvaise suite, parce que l'incision de la cornée permet la sortie de ce sang que le renouvellement de l'humeur aqueuse délaye. Si la plaie qui a occasionné l'épanchement du sang, n'en favorisait pas l'issue ; ou si l'hémalopie avait pour cause l'impression de quelque corps contondant sans plaie, il serait à propos de faire avec une lancette une ponction à la partie inférieure de la cornée transparente pour tirer le sang épanché, et par-là prévenir les désordres que son séjour et son altération pourraient produire dans le globe de l'oeil. On laverait ensuite le globe deux ou trois fois par jour avec du lait tiede, dans lequel on aurait fait infuser du safran. Quelques praticiens préfèrent le lait de femme. On traiterait d'ailleurs le malade suivant les règles que prescrivent son tempérament, et les dangers qu'on aurait à craindre de la blessure plus ou moins grave. Voyez PLAIE en général, et PLAIE DE L'OEIL en particulier. (Y)