(Géographie) montagne de Suède dans la Dalécarlie, aux confins de la Gestricie. Elle renferme les plus riches mines de cuivre du royaume, d'où lui vient son nom par excellence, qui signifie montagne de cuivre, nom commun à la montagne et à la petite ville qui est voisine, quoique la ville soit plus particulièrement appelée Fahlun.

Olaus Nauclerus a fait une description complete des mines de cuivre de cette montagne, dans une dissertation rare, intitulée de magnâ Fodinâ Cuprimontanâ, où il nomme cette mine la huitième merveille du monde.

Indépendamment de la grande mine cuivreuse de cette montagne, il y en a plusieurs moyennes et plusieurs petites ; les unes où l'on travaille toujours, et d'autres que l'on a abandonnées, ou qu'on reprend après les avoir longtemps délaissées.

On a fait dans cette montagne, pour l'exploitation de ces mines, plusieurs ouvertures ou espèces de puits qui servent la plupart à tirer la matière. Pour cet effet, on a creusé la terre en perçant la roche. Les Suédais appellent ces puits ou fosses schachtes ; et ils leur ont donné des noms de rois de Suède, ou de personnes illustres qui présidaient au collège métallique, en mémoire des soins et des dépenses qu'elles ont faites généreusement.

Ces puits sont plus ou moins profonds ; le puits dit de Charles XI. a 567 pieds de profondeur ; celui de la Régence 567 ; celui de Vrede 466 ; celui de Charles XII. 444 ; celui de Gustave 423, etc. Ces puits sont très-obscurs et pleins de vapeurs, tout homme qui n'y est pas accoutumé, n'y saurait entrer sans éprouver des vertiges. Au bord de ces puits, il y a des engins que deux, trois ou quatre chevaux font tourner, et qui par le moyen de câbles de chanvre, élèvent dans des corbeilles, ou dans des tonneaux, la matière que l'on tire de la mine.

Outre ces engins, il y a d'autres machines nommées opfordrings wark, que l'eau fait tourner. Les Suédais les appellent speel et spelhuns ; ce sont de grands réservoirs d'eau sur la terre, bâtis de bois ; ils reçoivent l'eau qui tombe des hauteurs voisines ou qui y est rassemblée par des tuyaux, et la versent sur des roues d'environ cent pieds de circonférence, sur l'aissieu desquelles se roulent des cordes de cuir. Ces roues élèvent les métaux, la terre, et les pierres des mines dans des corbeilles ou dans des caisses.

Auprès de chacune de ces machines, il y a deux logements ; l'un pour celui qui la gouverne, spellyarents ; et l'autre pour l'écrivain qui tient compte des corbeilles que l'on en tire.

Ces machines ingénieuses ont été inventées par Christophe Polhammaers ; car il faut consacrer les noms des mécaniciens qui ont rendu service au public. Celles qui servent à faire écouler les eaux dont les mines se remplissent, ne sont pas moins dignes d'éloges. Avant que l'on eut l'usage de ces machines, on emportait l'eau dans des sacs de cuirs, ce qui demandait du temps et des peines incroyables ; à présent, il y a telle mine où l'on fait remonter aisément l'eau par le moyen de dix-huit ou vingt pompes.

Sur la terre, il y a des bâtiments qui forment une espèce de bourg, et dans quelques-uns de ces bâtiments on garde les métaux jusqu'à ce que l'on puisse les transporter commodément aux forges, où l'on les prépare. Le sénat, la cour de justice et la chambre des comptes, y ont une maison pour leurs assemblées.

Enfin, comme ces mines rapportent un revenu considérable à la Suède, on a établi dans ces endroits des logements pour les charpentiers, forgerons et autres ouvriers, ainsi que des magasins de tous les outils qui leur sont nécessaires.

(Le Chevalier DE JAUCOURT.)