S. m. concilium, (Histoire ancienne) assemblée publique chez les Romains, où il ne se trouvait aucun patricien : elle était tenue et convoquée par les tribuns du peuple ; s'il s'y trouvait quelques patriciens, l'assemblée s'appelait comice. Voyez
COMICE. Les auteurs ont souvent confondu les comices avec les conciles.
CONCILE, (Histoire ecclés. et Jurisprudence canoniq.) Le concîle est une assemblée de prélats catholiques, convoquée pour décider les questions de foi, ou régler ce qui concerne la discipline. Nous le définissons une assemblée de prélats, parce que suivant la discipline moderne, les simples prêtres n'ont point séance ni droit de suffrage dans les conciles. A l'égard des premiers siècles de l'Eglise, quelques-uns pensent que non-seulement les évêques, mais même les prêtres et les diacres y étaient admis ; et il faut convenir que plusieurs textes leur sont favorables. Nous voyons dans le concîle de Jérusalem, le plus ancien de tous, et dans lequel on décida la fameuse question qui s'était élevée à Antioche sur l'observation des cérémonies légales ; nous voyons, dis-je, que les prêtres y prirent séance avec les apôtres ; convenerunt apostoli et seniores videre de verbo hoc, disent les actes des apôtres, c. XVe ver. 6. Le mot latin seniores, et le mot grec , ne signifient point autre chose que les prêtres. Au verset 22 du même chapitre, où l'on conclud d'envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé, deux hommes choisis et des premiers d'entre les frères, Barsabas et Silas, et où on les charge d'une lettre qui contient la décision du concile, cette résolution parait être également l'avis des prêtres comme celui des évêques ; tunc placuit apostolis et senioribus, etc. Suivant même le texte grec, la lettre est conçue au nom des apôtres, des prêtres, et de tous les frères : . Il y a lieu de croire pareillement qu'au concîle de Nicée les prêtres et les diacres prirent séance avec les évêques ; et que dans le nombre des trois cent dix-huit pères dont ce concîle fut composé, on ne doit compter que deux cent cinquante évêques, en sorte que les autres étaient des prêtres et des diacres. En effet Eusebe, vie de Constantin, liv. III. ch. VIIIe dit qu'il y eut à ce concîle plus de deux cent cinquante évêques et un nombre considérable de prêtres, de diacres, d'acolytes et autres. Le témoignage d'Eustathe rapporté par Théodoret, liv. I. de son hist. eccl. chap. VIIIe vient à l'appui de celui d'Eusebe. Eustathe prétend que plus de 270 évêques se trouvèrent au concîle de Nicée. Or Eusebe de Césarée et Eustathe d'Antioche sont des témoins oculaires. L'opinion néanmoins la plus générale, est que les évêques étaient au nombre de trois cent dix-huit, rassemblés de toutes les provinces de l'Empire. Voyez
Socrate, liv. I. chap. Ve Théodoret liv. I. chap. VIIe Athanase dans sa lettre à l'empereur Jovien ; Epiphane, hérésie lxjx. Rufin, liv. I. ch. j. Et si dans les actes qui nous restent de ce concile, nous ne trouvons pas ce nombre d'évêques par les souscriptions, il faut l'attribuer à l'injure des temps. Mais quoi qu'il en sait, ceux qui veulent que les prêtres et les diacres ont eu anciennement droit de suffrage conjointement avec les évêques, se fondent sur ce que ces différents auteurs font mention qu'Athanase, pour lors diacre d'Alexandre, patriarche d'Alexandrie, assista au concîle et y soutint tout le poids des affaires ; que Vite et Vincent, simples prêtres, y représentèrent le pape Sylvestre ; d'où ils concluent en général que les prêtres et les diacres y prirent séance, et y souscrivirent. Ils s'autorisent encore d'un endroit des actes du concîle d'Aquilée tenu en l'année 381. S. Valérien d'Aquilée tenait le premier rang dans ce concile, et S. Ambraise en était l'âme : celui-ci interrogeant le prêtre Attale, lui demanda s'il avait souscrit au concîle de Nicée ; mais Attale qui favorisait la cause de Pallade et des Ariens, gardant le silence, saint Ambraise insista en ces termes : Attalus presbyter, licet inter Arianos sit, tamen habet autoritatem loquendi ; profiteatur utrum subscripserit tractatu concilii sub episcopo suo Aggrippino, an non ; tom. II. des conciles, pag. 979. et suiv. Ces paroles, disent-ils, annoncent clairement que les simples prêtres avaient le droit de parler dans les conciles, et pouvaient souscrire aux actes qu'on y dressait. Ils tirent un nouvel avantage de ce qu'Eusebe, liv. VII. ch. xxjx. et xxxjx. dit qu'on tint à Antioche un concîle contre Paul de Samosate ; que Malchion qui, de préfet de l'école d'Antioche, avait été promu à l'ordre de prêtrise à cause de la pureté de sa foi, et qui d'ailleurs était fort savant et grand philosophe, convainquit l'hérésiarque, découvrit ses artifices, et manifesta malgré lui ses sentiments. Or il parait que dans ce concile, les prêtres opinèrent aussi-bien que les évêques, si l'on fait attention à l'inscription de la lettre synodale adressée aux autres églises après la condamnation des dogmes impies de Paul. Eusebe nous a conservé cette lettre, dont voici l'inscription : Dionisio et Maximo, et omnibus per universum orbem comministris nostris, episcopis, presbyteris, et ecclesiae quae sub coelo est, Helenus et Hymaeneus, Theophylus, etc. et reliqui omnes qui nobiscum sunt vicinarum urbium et provinciarum episcopi, presbyteri ac diaconi, et ecclesiae Dei ; carissimis fratribus in Domino salutem. Enfin, pour dernière preuve de ce qu'ils avancent, ils font valoir l'autorité que Louis Aleman, vulgairement appelé le cardinal d'Arles, emploie dans la harangue qu'il prononça au concîle de Bâle, pour réfuter Panorme et Louis Romain qui soutenaient l'opinion contraire, et du témoignage que cet illustre prélat rend en cette occasion sur un fait qui lui est personnel. L'autorité qu'il emploie est celle de S. Augustin in tractatu 5°. in Joan. cap. XIIe Suivant ce saint docteur, les clés ont été données en la personne de S. Pierre à toute l'Eglise, et par conséquent aux évêques et aux prêtres ; de-là ce cardinal infère que les prêtres font partie du concile, quoiqu'il soit principalement composé d'évêques. Ensuite il ajoute que pour lui il s'est trouvé et a donné sa voix au concîle de Constance, dans le temps qu'il n'était que docteur et simple prêtre, et que les conciles précédents fournissent d'autres exemples de ce genre. Cela s'accorde parfaitement avec le système du célèbre Gerson chancelier de l'université de Paris, d'Almain professeur en Théologie à Navarre, et de Simon Vigor conseiller au grand conseil, qui pensent que les prélats du second ordre, c'est-à-dire les curés, doivent avoir dans le concîle voix décisive. Voyez
Gerson, de origine juris et legum ; Almain, de supremâ potestate ecclesiae ; et Vigor, de statu et regimine ecclesiae, liv. IV. cap. ult. Cependant M. Doujat, homme versé dans les matières du droit canon, est d'un sentiment opposé ; il prétend que les évêques jouissent seuls de la prérogative de donner leurs suffrages, tant aux conciles oecuméniques que nationaux et provinciaux ; et que si quelquefois dans les anciens conciles il est fait mention de prêtres et de clercs, ou d'abbés et autres personnes religieuses dans ceux qui sont plus récens, tels que les conciles de Latran, on doit entendre simplement qu'ils étaient consultés, et non pas qu'ils aient eu voix. Praenot. can. lib. II. cap. j. Il s'appuie principalement sur ces paroles du concîle de Chalcédoine, synodus episcoporum est, non clericorum ; superfluos foras mittite. Action j. t. IV. des conc. p. 111. Mais on réplique que ces paroles ne sont autre chose que les clameurs qu'excitèrent dans le concîle les évêques d'Egypte. Ils étaient du parti de Dioscore qui avait tenu le faux concîle d'Ephese contre Flavien de Constantinople. Ces évêques voyant que Dioscore était sur le point d'être condamné, et que les clercs qui avaient assisté au faux concîle d'Ephese s'excusaient d'y avoir souscrit sur les menaces et la violence qu'on leur avait faites, demandèrent à grands cris et en se servant de ces paroles, qu'on chassât les clercs du concile. Ils ajoutaient pour raison, que l'empereur n'avait mandé que les évêques, ibid. pag. 115. mais ils ne furent point écoutés, et les clercs ne sortirent point. Cette réponse est celle que fit autrefois le cardinal d'Arles à l'objection qu'on tire de ce passage, dans la harangue citée ci-dessus. Enée Sylvius, depuis le pape Pie II. l'a rapportée toute entière, liv. I. des mém. sur ce qui s'est passé au concîle de Bâle. Cette harangue est d'une éloquence mâle, et mérite d'être lue. Nous avouerons ici de bonne foi que l'éloignement des temps jette sur cette matière une grande obscurité : si d'un côté on cite des exemples de simples prêtres qui ont souscrit aux conciles, et même ont opiné comme membres de l'assemblée ; d'un autre côté on peut dire 1°. que la souscription toute seule n'est pas une preuve qu'on ait eu la qualité de juge dans le concile, mais uniquement une marque de soumission et d'acquiescement à ses décisions : 2°. que même dans les cas où il est manifeste que des prêtres et des diacres ont donné leurs voix, ce sont des exceptions du droit commun, fondées vraisemblablement sur ce qu'ils étaient des représentants, soit du pape, comme dans le concîle de Nicée, soit des évêques. C'est ainsi que les Théologiens, pour la plupart, expliquent les divers passages qu'on allegue en faveur des prêtres et autres clercs. Au reste, nous nous abstiendrons de prononcer sur ces difficultés, qui ne regardent, comme nous l'avons déjà observé, que les premiers siècles de l'Eglise, la discipline des temps postérieurs étant certaine. Nous allons maintenant examiner l'origine des conciles, nous passerons ensuite à leurs divisions, et nous développerons les principes de chacun d'eux en particulier.
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