(Géographie) île d'Asie, dans les Indes, l'une des trois grandes îles de la Sonde ; elle fut découverte en 1521, par dom Georges Menezés, portugais. Cette ile, qui a environ 600 lieues de tour, est sous la ligne. Tout ce pays est très-fertîle ; il abonde en casse, cire, camphre, poivre, herbes aromatiques, bois odoriférants et résineux, le riz y est le meilleur de toute l'Asie. Il y a aussi de grandes forêts remplies d'animaux singuliers ; le plus extraordinaire sans-doute, est celui que l'on appelle homme sauvage ; il est, à ce qu'on dit, de la hauteur des plus grands hommes, il a la tête ronde comme la nôtre, des yeux, une bouche, un menton un peu différents des nôtres, presque point de nez, et le corps tout couvert d'assez longs poils. Ces animaux courent plus vite que des cerfs ; ils rompent dans les bois des branches d'arbre, avec lesquelles ils assomment les passants, dont ensuite ils sucent le sang : c'est ce qu'en rapporte une lettre inserée dans les Mémoires de Trévoux en 1701. Ces bêtes, que l'on trouve au premier coup d'oeil ressembler si fort à l'homme, et qui examinées en détail en différent presque dans tous les traits, pourraient bien n'être que des singes, dont des voyageurs, amis du merveilleux, ont exagéré un peu la taille, l'agilité à la course, et beaucoup la conformité à l'espèce humaine. On y voit aussi des singes rouges, noirs ou blancs, appelés oncas, qui fournissent de très-beaux bézoards.

Cette île contient plusieurs royaumes ; le principal est celui de Borneo, dont la capitale est la ville du même nom ; elle est bâtie dans un marais, sur pilotis comme Venise ; son port est grand et beau. Le roi de Borneo n'est que le premier sujet de sa femme, à qui le peuple et les grands défèrent toute l'autorité : la raison en est qu'ils sont extrêmement jaloux d'être gouvernés par un légitime héritier du trône, et qu'une femme est certaine que ses enfants sont à elle, ce qu'un mari n'ose assurer. Journal des Savants du mois de Février 1680.