S. m. (Géographie) portion ou zone de la surface de la terre, terminée par deux cercles parallèles à l'équateur, et d'une largeur telle que le plus long jour dans le parallèle le plus proche du pôle, surpasse d'une certaine qualité, par exemple, d'une demi-heure, le plus long jour dans le parallèle le plus proche de l'équateur. Voyez TERRE, PARALLELE, etc.

Les climats se prennent donc depuis l'équateur jusqu'aux pôles, et sont comme autant de bandes ou de zones parallèles à l'équateur : mais il y a à la rigueur plusieurs climats dans la largeur de chaque zone. Un climat n'est différent de celui qui est le plus proche de lui, qu'en ce que le plus grand jour d'été est plus long ou plus court d'une demi-heure dans l'un que dans l'autre. Chambers.

L'intervalle du premier climat est de 8d 30', et celui du dernier n'a pas plus de 3'. Pour concevoir la raison de cette inégalité, qui procede d'une propriété de la sphère, il faut s'imaginer que dans la sphère droite la moitié du tropique de cancer, qui est au-dessous de l'horizon, est divisée en quarante-huit parties égales, chaque partie étant de 3d 45', qui valent un quart-d'heure : de plus, qu'il y a une de ces parties vers l'orient, et une vers l'occident, les plus proches de l'horizon, qui toutes deux ensemble font une demi-heure de temps, qui répond à l'intervalle d'un climat. Cela posé, on voit que la raison de l'inégalité des climats procede de la section plus ou moins oblique du tropique par l'horizon, selon les différentes élévations du pôle, qui font que l'horizon coupant moins obliquement le tropique aux parties égales de 3d 45' prises du côté d'orient et d'occident proche l'horizon immobile, il en résulte une plus grande différence des hauteurs du pôle, que lorsque le tropique est coupé plus obliquement par l'horizon aux mêmes points de 3d 5'. Ainsi cette différence des hauteurs du pôle, qui correspond à la demi-heure des premiers climats, étant plus grande vers l'équateur que vers les cercles polaires où sont les derniers climats, cela rend leur intervalle très-inégal, et bien plus grand vers l'équateur que vers les pôles.

Comme les climats commencent à l'équateur, le premier climat dans son commencement a, par cette raison, précisément douze heures de jour à son plus grand jour ; et à sa fin, il a douze heures et demie à son plus grand jour. M. Formey.

Le second climat qui commence où le premier finit, a douze heures et demie de jour à son plus grand jour, et à sa fin il a treize heures de jour à son plus grand jour ; et ainsi des autres climats d'heures qui vont jusqu'au cercle polaire où se termine ce que les Géographes appellent les climats d'heures, et où commencent les climats des mois. Voyez HEURE.

Comme les climats d'heures sont des espaces compris entre deux cercles parallèles à l'équateur, qui ont leur plus grand jour plus long d'une demi-heure dans leur fin que dans leur commencement ; de même les climats de mois sont des espaces terminés par deux cercles parallèles au cercle polaire, situés par delà ce cercle, et dans lesquels le plus grand jour est plus long d'un mois ou de trente jours à la fin qu'au commencement. Voyez MOIS. Chambers.

Les anciens ne donnaient le nom de climat qu'aux endroits de la terre qu'ils croyaient habitables. Ils estimaient qu'une partie de la Zone torride vers l'équateur, et une partie de la Zone tempérée par-delà le 50d. de latitude, étaient inhabitables, et ils n'avaient que sept climats. Ils posaient le commencement du premier à 12d. 41'. de latitude, où le plus long jour d'été est de douze heures trois quarts ; et la fin du septième climat allait vers les 50d. de latitude, où le plus long jour est de 16 heures 20'. Pour mieux distinguer leurs climats, ils en faisaient passer le milieu par les lieux les plus considérables du vieux continent : savoir, le premier par Meroé en Ethiopie, le second par Sienne en Egypte, le troisième par Alexandrie aussi en Egypte, le quatrième par l'île de Rhodes, le cinquième par Rome, le sixième par le Pont-Euxin, et le septième et dernier par l'embouchure du Boristhène. A ces sept climats on en ajouta depuis encore deux autres ; savoir le huitième, passant par les monts Riphées dans la Sarmatie asiatique, et le neuvième par le Tanaïs. Les anciens, comme les modernes, ont encore divisé la terre en de plus petits espaces, que l'on nomme parallèles des climats, afin de les distinguer des autres parallèles de l'équateur. Ces parallèles ne sont que des demi climats, desquels l'espace ne contient qu'un quart-d'heure de variation dans les plus longs jours d'été de chacun de ces parallèles.

Les modernes, qui ont voyagé bien plus avant vers les pôles, ont mis trente climats de chaque côté ; et quelques-uns d'entr'eux ont fait les différences d'un quart-d'heure seulement, au lieu d'une demi-heure. M. Formey.

Lorsqu'on détermine les climats, on n'a point égard ordinairement à la réfraction. Voyez REFRACTION.

On donne vulgairement le nom de climat à une terre différente d'une autre, par rapport aux saisons, aux qualités de la terre, ou même aux peuples qui y habitent, sans aucune relation aux plus grands jours d'été.

Abulfeda, auteur arabe, distingue la première espèce de ces climats par le nom de climat réel, et l'autre par celui de climat apparent.

On compte ordinairement vingt-quatre climats de demi-heure et douze de demi-mais. Chacun des espaces de ces derniers comprend quinze jours de différence entre les plus longs jours d'été de l'un et de l'autre de ces climats ; car sous les cercles polaires, le plus long jour d'été est de vingt-quatre heures ou d'un jour astronomique ; et le plus long jour sous les pôles contient 180 jours astronomiques, qui font six mois : de sorte qu'après avoir établi la différence de ces climats de la quantité de quinze jours, il est évident qu'il en faudra douze depuis les cercles polaires jusqu'aux pôles ; le premier desquels commencera aux cercles polaires, et le dernier finira aux pôles. Et pour distinguer l'étendue de ces douze climats, il faut encore imaginer douze cercles parallèles à l'équateur par les commencement et la fin de chacun de ces intervalles ; le premier desquels sera le cercle polaire, où est le commencement du premier de ces climats ; et le dernier sera éloigné du pôle de 2d. 59'. qui déterminera le commencement du dernier climat, dont le pôle sera la fin. Les tables suivantes feront connaître l'étendue de tous les climats, avec leurs degrés de latitude, et l'intervalle compris entr'eux. M. Formey.

Table des climats de demi-heure.

Table des climats de demi-mais.

Il ne faut pas croire au reste que la température soit exactement la même dans les pays situés sous le même climat : car une infinité de circonstances, comme les vents, les volcans, le voisinage de la mer, la position des montagnes, se compliquent avec l'action du soleil, et rendent souvent la température très-différente dans des lieux placés sous le même parallèle.

Il en est de même des climats placés des deux côtés de l'équateur à distances égales : de plus, la chaleur même du soleil est différente dans ces climats. Ils sont plus près du soleil que nous dans leur été ; et plus loin dans leur hiver. Voyez CHALEUR.

L'illustre auteur de l'esprit des lois examine dans le XIV. livre de son excellent ouvrage, l'influence du climat sur les mœurs, le caractère, et les lois des peuples.

Après les détails physiques sur les effets du froid et du chaud, il commence par expliquer la contradiction qui se trouve dans le caractère de certains peuples. La chaleur, dit-il, donne d'un côté un corps faible, et de l'autre une imagination vive : voilà pourquoi les Indiens ont à certains égards tant de courage, et à d'autres tant de faiblesse. La faiblesse du corps rend naturellement paresseux ; de-là l'attachement de ces peuples à leurs usages : cette faiblesse portant à fuir les travaux même nécessaires, les législateurs sages doivent au contraire par leurs lois encourager le travail, au lieu de favoriser l'indolence. C'est à la dévotion spéculative des pays chauds qu'on doit la naissance du Dervichisme. L'ivrognerie est un vice des pays froids. La loi de Mahomet en défendant aux Arabes de boire du vin, était en cela conforme à leurs coutumes. Les lois contre les maladies qui ne sont pas particulières à un climat, mais qui y sont transplantées, comme la peste, la lepre, la vérole, etc. ne sauraient être trop sévères. Le suicide en Angleterre est l'effet d'une maladie ; et si les lois civiles de quelques pays peuvent avoir eu des raisons pour flétrir le suicide, du moins en Angleterre on n'a dû le regarder que comme un effet de la démence ; dans ce même pays où le peuple se dégoute si aisément de la vie, on sent bien que le gouvernement d'un seul eut été pernicieux, et que les lois doivent gouverner plutôt que les hommes. Ce caractère d'impatience et d'inquiétude est comme le gage de leur liberté. Nos pères les anciens Germains qui habitaient un climat froid, avaient des lois très-peu sévères sur la pudeur des femmes. Ce fut autre chose quand ils se virent transportés dans le climat chaud d'Espagne. Chez un peuple féroce comme les Japonais, les lois ne sauraient être trop dures, et le sont en effet : il en est et il en doit être autrement chez des peuples d'un caractère doux, comme les Indiens.

Voilà en peu de mots ce que dit l'auteur sur les effets du climat, et dont quelques écrivains lui ont fait des reproches, comme s'il faisait dépendre tout du climat ; tandis qu'au contraire son ouvrage n'est destiné qu'à exposer la multitude presque infinie de causes qui influent sur les lois et sur le caractère des peuples, et dont on ne peut nier que le climat ne soit une des principales. C'est-là l'idée qu'on doit avoir de ce qu'on lit à ce sujet dans cet ouvrage, dans lequel il peut s'être glissé quelques propositions qui ont besoin d'être éclaircies, mais où l'on voit briller le philosophe profond, le citoyen vertueux. Notre nation lui a donné les applaudissements qu'il méritait, et les étrangers le regardent comme un ouvrage qui fait honneur à la France. (O)

CLIMAT, (Médecine) Les Médecins ne considèrent les climats que par la température ou le degré de chaleur qui leur est propre : climat, dans ce sens, est même exactement synonyme à température ; ce mot est pris par conséquent dans un sens beaucoup moins vaste que celui de région, pays ou contrée, par lequel les Médecins expriment la somme de toutes les causes physiques générales ou communes, qui peuvent agir sur la santé des habitants de chaque pays ; savoir la nature de l'air, celle de l'eau, du sol, des aliments, etc. Voyez EAU, SOL, REGIME. Toutes ces causes sont ordinairement si confusément combinées avec la température des diverses contrées, qu'il est assez difficîle de saisir quelques phénomènes de l'économie animale, qui ne dépendent uniquement que de cette dernière cause. Ce ne sera pas cependant une inexactitude blâmable, que de lui attribuer certains effets, dont elle est vraisemblablement la cause prédominante. Ainsi on peut avancer avec beaucoup de fondement, que c'est du climat que dépendent les différences des peuples, prises de la complexion générale ou dominante de chacun, de sa taille, de sa vigueur, de la couleur de sa peau et de ses cheveux, de la durée de sa vie, de sa précocité plus ou moins grande relativement à l'aptitude de la génération, de sa vieillesse plus ou moins retardée, et enfin de ses maladies propres ou endémiques.

On ne saurait contester l'influence du climat sur le physique des passions, des gouts, des mœurs. Les plus anciens médecins avaient observé cette influence ; et les considérations de cette classe sont des objets si familiers aux Médecins, que si l'auteur de l'esprit des lois avait pu supposer que leur doctrine sur cette matière fût assez répandue, il aurait pu se contenter d'assurer que les lais, les usages, le genre de gouvernement de chaque peuple, avaient un rapport nécessaire avec ses passions, ses gouts, ses mœurs, sans se donner la peine de déterminer le rapport de ces passions, de ces gouts, de ces mœurs, avec sa constitution corporelle dominante et l'influence du climat. Les lumières supérieures de l'auteur l'ont pourtant sauvé de l'écueil presque inévitable, pour les talents même les plus distingués qui s'exercent sur des sujets qui leur sont étrangers. La partie médicinale des observations de l'auteur de ce livre sur les climats, mérite l'éloge des Médecins. Voyez le XIV. livre de l'esprit des lais.

Mais en nous attachant principalement aux affections corporelles de chaque nation relativement au climat sous lequel elle vit, les principales questions de Médecine qui se présentent sur cette matière, se réduisent à celles-ci, 1°. quel est le tempérament, la taille, la vigueur, et les autres qualités corporelles particulières à chaque climat ? Une réponse détaillée appartient proprement à l'histoire naturelle de chaque pays. Voyez les articles particuliers. On a cependant assez généralement observé que les habitants des climats chauds étaient plus petits, plus secs, plus vifs, plus gais, communément plus spirituels, moins laborieux, moins vigoureux ; qu'ils avaient la peau moins blanche ; qu'ils étaient plus précoces ; qu'ils vieillissaient plutôt, et qu'ils vivaient moins que les habitants des climats froids ; que les femmes des pays chauds étaient moins fécondes que celles des pays froids ; que les premières étaient plus jolies, mais moins belles que les dernières ; qu'une blonde était un objet rare dans les climats chauds, comme une brune dans les pays du nord, etc. que dans les climats très-chauds l'amour était dans les deux sexes un désir aveugle et impétueux, une fonction corporelle, un appétit, un cri de la nature, in furias ignesque ruunt ; que dans les climats tempérés il était une passion de l'âme, une affection réfléchie, méditée, analysée, systématique, un produit de l'éducation ; et qu'enfin dans les climats glacés, il était le sentiment tranquille d'un besoin peu pressant.

Au reste, tant de causes physiques et morales coopèrent dans tout ceci, que les observations que nous venons de faire, ne doivent pas être regardées comme générales et constantes.

Par exemple, à Paris, sous un climat beaucoup plus froid que celui des provinces méridionales de France, les filles sont plutôt formées (puberes) que dans ces provinces, et devancent surtout de beaucoup celles des campagnes des environs de Paris, qui vivent sous la même température. Cette prérogative de la capitale dépend de plusieurs causes sensibles, entre lesquelles celle qui me parait la plus particulière, et par conséquent la plus évidente, c'est que Paris est une espèce de foyer de connaissances et de vices : or que la précocité dont nous parlons, la précocité corporelle, puisse être dû. à l'exercice précoce des facultés intellectuelles, c'est une vérité d'expérience. Les écoliers, les petites demoiselles bien élevées, sortent de l'enfance avant les enfants de la campagne et du peuple ; c'est un fait : mais que cette adolescence hative puisse être héréditaire, c'est un corollaire de cette observation, que les fonctions animales et l'aptitude à les exercer, se perfectionnent de génération en génération jusqu'à un certain terme, et que les dispositions corporelles et les facultés de l'âme sont entr'elles dans un rapport qui peut être transmis par la génération, etc.

2°. Quel est le régime, la manière de vivre la plus propre à chaque climat ? Cette question est fort générale ; elle s'étend à l'usage des diverses choses que les Médecins appellent non-naturelles ; l'air, les aliments, le sommeil, l'exercice, l'acte vénérien, les affections de l'âme.

Il est fort inutîle de donner des préceptes sur les incommodités de l'air ; on peut s'en rapporter aux habitants de divers climats du soin de se prémunir contre les injures du froid et du chaud : c'est-là un de ces besoins majeurs sur lesquels les leçons de la nature la plus brute sont ordinairement suffisantes aux hommes, ou du moins que les premiers progrès de la raison apprennent à satisfaire.

En général on doit moins manger dans les climats chauds que dans les climats froids, et les excès dans le manger sont plus dangereux dans les premiers que dans les derniers. Mais la faim se fait aussi moins sentir lorsqu'on essuie de la chaleur, que lorsqu'on éprouve du froid : ainsi cette règle de diete sera facilement observée.

La médecine rationnelle ou théorique qui se trompe si souvent, a dit que la partie aqueuse de notre sang étant dissipée par la chaleur dans les climats chauds, il fallait réparer cette perte par la boisson abondante d'un liquide semblable ; et que dans les climats froids, les liqueurs spiritueuses étaient plus salutaires. La médecine pratique ou l'observation dit au contraire que les liqueurs spiritueuses, aromatiques, acides, les épiceries, l'ail, l'oignon, en un mot les aliments et les boissons qui sont directement opposés à la qualité relâchante et inactive (iners) de l'eau, sont d'un excellent usage dans les climats chauds, et que la boisson de l'eau pure y est très-pernicieuse ; qu'elle jette les corps accablés de chaleur dans un abattement, une langueur, un épuisement qui les rend incapables des moindres fatigues, et qui peut devenir même dangereux et mortel. Aussi les paysans de nos provinces méridionales, occupés des travaux les plus pénibles de la campagne pendant les plus fortes chaleurs, se gardent bien alors de boire une seule goutte d'eau, boisson qu'ils se permettent pendant leurs travaux de l'hiver. Les boissons aqueuses tiedes, le thé, et autres legeres infusions de quelques feuilles de plantes aromatiques, sont fort usitées dans les climats froids, où elles ne sont pas fort salutaires apparemment, mais où elles ne sont pas à beaucoup près si dangereuses qu'elles le seraient en Espagne, où le chocolat le plus aromatisé et par conséquent le plus échauffant, est d'un usage aussi fréquent que le thé l'est en Angleterre. Quant aux liqueurs fortes que les peuples des pays du nord boivent habituellement, il faudrait que la dose journalière moyenne d'un manœuvre ou d'un paysan de ces pays, fût bien forte pour être équivalente à quatre ou cinq pintes de vin très-violent que tout paysan languedocien ou provençal bait au moins par jour, surtout en été.

Il ne serait pas difficîle de donner de très-bonnes raisons de l'utilité du régime que nous approuvons, mais l'observation suffit, elle est constante. Il n'en est pas moins vrai que les excès de liqueurs fortes sont plus pernicieux dans les climats chauds que dans les climats froids ; c'est encore un fait. Les crapuleux ne font que s'abrutir dans les pays du nord ; au lieu que dans nos colonies de la zone torride, l'abus des liqueurs fortes est une des causes qui fait le plus de ravages parmi les colons nouvellement transplantés.

Le juste milieu pour les personnes qui ne sont pas obligées aux travaux pénibles, me parait consister en ceci : d'abord il faut laisser à chaque peuple le fond de nourriture auquel il est accoutumé ; le ris à l'oriental, le macaron à l'italien, le bœuf à l'anglais, etc. Nous ne sommes pas assez avancés sur le bon et le mauvais effet de chaque aliment, pour pouvoir prescrire sur ce point des règles de détail. On peut avancer cependant en général, que les fruits, les légumes, et les viandes legeres, conviennent mieux aux habitants des climats chauds, et qu'on doit animer un peu ceux de ces aliments qui ont besoin de quelque préparation, par l'addition des épiceries et de certaines plantes aromatiques indigènes, comme le thym, le baume, l'hysope, le basilic, le fenouil, etc. Quant aux boissons, on doit faire usage aux repas pendant les grandes chaleurs, des liqueurs vineuses legeres, comme la petite bière, les vins acidules plus ou moins trempés, les gros vins acerbes de certains climats chauds plus trempés encore. Toutes ces boissons doivent être prises très-fraiches, et même à la glace, quand ce degré de froid n'incommode pas sensiblement. Les liqueurs glacées aigrelettes et les glaces bien parfumées prises entre les repas, sont aussi d'une grande ressource dans les climats chauds : la plus grande partie des médecins en ont condamné l'usage ; mais ce sont encore ici des clameurs théoriques. Voyez GLACE (Médecine).

Les farineux non-fermentés, les laitages, les grosses viandes, les poissons séchés, fumés, salés, les viandes fumées et salées, sont des aliments qui paraissent propres aux habitants des climats froids ; la moutarde, la racine du raifort sauvage, certaines substances végétales et animales à demi putréfiées, comme le sauer-kraut, etc. peuvent fournir aux habitants de ces contrées des assaisonnements utiles. Les liqueurs fortes, c'est-à-dire les liqueurs spiritueuses distillées et dépouillées par cette opération d'une substance tartareuse et extractive, qui est dans les vins un correctif naturel de la partie spiritueuse ; ces liqueurs, dis-je, conviennent éminemment aux pays froids : le caffé à grande dose, la boisson abondante du thé et des autres liqueurs aqueuses qui se prennent chaudes, sont aussi très-utiles dans ces climats, surtout par la circonstance d'être prises chaudes, et peut-être uniquement par cette qualité.

Les excès avec les femmes sont aussi très-pernicieux dans les climats chauds. Les habitants de nos îles de l'Amérique et de nos comptoirs dans les grandes Indes, y succombent fort communément. Les habitants des climats froids n'en sont pas, à beaucoup près, si incommodés ; au moins l'excès ne commence-t-il pas si-tôt pour eux, comme nous l'avons déjà observé.

Les exercices doivent être plus modérés dans les climats chauds que dans les climats froids. Cette loi découle tout simplement de l'observation de la moindre vigueur des habitants des premiers.

Le sommeil est fort salutaire aux corps accablés par la chaleur : les habitants des climats froids soutiennent mieux les veilles.

Pour ce qui regarde la dernière de nos six choses non-naturelles, les affections de l'âme, animi pathemata ; quand même la Médecine serait venue à-bout de déterminer exactement celles qui sont propres à chaque climat, et même qu'elle aurait gradué sur l'échelle du thermomètre, ce qui peut s'exécuter très-facilement, l'intensité salutaire de chacune, il resterait encore à découvrir la façon de les exciter et de les entretenir sous les diverses températures ; ce qui est très-possible encore, quoique d'une exécution peu commode : mais la morale médicinale n'en est pas encore là, malgré les progrès qu'elle vient de faire tout récemment. Voyez PASSION (Médec.), voyez REGIME.

Au reste, la plupart des observations que nous venons de faire sur le régime propre aux climats, convient à-peu-près dans le même sens aux saisons. Voyez SAISON.

3°. Quelles sont les maladies particulières aux différents climats, et leurs causes ? Voyez MALADIES ENDEMIQUES, au mot ENDEMIQUE.

4°. Les maladies générales ou communes à toutes les nations, varient-elles sous les différents climats dans leurs progrès et dans leur terminaison, ou dans l'ordre et la succession de leurs accidents et de leurs crises ? en un mot ont-elles un type différent ? le traitement de ces maladies doit-il varier aussi dans les divers climats ; ou, au contraire, une maladie générale, une pleurésie, une fièvre putride, est-elle la même à Londres et à Rome ? les descriptions d'Hippocrate peignent-elles exactement une maladie de Paris ? &, ce qui est bien plus essentiel, faut-il traiter une même maladie par la même méthode dans tous les climats ? Voyez CRISE, voyez TYPE (Médecine), voyez METHODE CURATIVE.

Le climat agit plus sensiblement sur les corps qu'il affecte par une impression soudaine, c'est-à-dire que les hommes nouvellement transplantés sont plus exposés aux incommodités qui dépendent du climat, que les naturels de chaque pays, et cela d'autant plus que leur climat naturel diffère davantage de la température du nouveau pays qu'ils habitent.

C'est une observation constante et connue généralement, que les habitants des pays chauds peuvent passer avec moins d'inconvénients dans des régions froides, que les habitants de celles-ci ne peuvent s'habituer dans les climats chauds. (b)