ou MADERA, (Géographie) île de l'Océan atlantique, située à environ 13 lieues de Portosanto, à 60 des Canaries, entr'elles et le détroit de Gibraltar, par les 32 degrés 27 minutes de latitude septentrionale, et à 18 de longitude, à l'ouest du méridien de Londres.

Elle fut découverte en 1420 par Juan Gonzalès et Tristan Vaz, Portugais. Ils la nommèrent Madeira, c'est-à-dire bois ou forêt, parce qu'elle était hérissée de bois lorsqu'ils la découvrirent. On dit même qu'ils mirent le feu à une de ces forêts pour leurs besoins ; que ce feu s'étendit beaucoup plus qu'ils n'avaient prétendu, et que les cendres qui restèrent après l'incendie, rendirent la terre si fertile, qu'elle produisit dans les commencements soixante pour un ; de sorte que les vignes qu'on y planta, donnaient plus de grappes que de feuilles.

Madere a, suivant Sanut, 6 lieues de largeur, 15 de longueur de l'orient à l'occident, et environ 40 de circuit. Elle forme comme une longue montagne qui court de l'est à l'ouest sous un climat des plus agréables et des plus tempérés. La partie méridionale est la plus cultivée, et on y respire toujours un air pur et serein.

Cette île fut divisée par les Portugais en quatre quartiers, dont le plus considérable est celui de Funchal. On comptait déjà dans Madere en 1625 jusqu'à quatre mille maisons, et ce nombre a beaucoup augmenté. Elle est arrosée par sept ou huit rivières et plusieurs ruisseaux qui descendent des montagnes.

La grande richesse du lieu sont les vignobles qui donnent un vin exquis ; le plan en a été apporté de Candie. On recueille environ 28 mille pièces de vin de Madere de différentes qualités ; on en bait le quart dans le pays ; le reste se transporte ailleurs, surtout aux Indes occidentales et aux Barbades. Un des meilleurs vignobles de l'île appartient aux jésuites, qui en tirent un revenu considérable.

Tous les fruits de l'Europe réussissent merveilleusement à Madere. Les citrons en particulier, dont on fait d'excellentes confitures, y croissent en abondance ; mais les habitants font encore plus de cas des bananes. Cette île abonde aussi en sangliers, en animaux domestiques, et en toutes sortes de gibier. Elle retire du bled des Açores, parce qu'elle n'en recueille pas assez pour la nourriture des insulaires.

Ils sont bigots, superstitieux au point de refuser la sépulture à ceux qu'ils nomment hérétiques ; en même temps ils sont très-débauchés, d'une lubricité effrénée, jaloux à l'excès, punissant le moindre soupçon de l'assassinat, pour lequel ils trouvent un asîle assuré dans les églises. Ce contraste de dévotion et de vices prouve que les préjugés ont la force de concilier dans l'esprit des hommes les oppositions les plus étranges ; ils les dominent au point, qu'il et rare d'en triompher, et souvent dangereux de les combattre.

MADERE, la, (Géographie) ou rio da Madeira ; c'est-à-dire rivière du Bois, ainsi nommée par les Portugais peut-être à cause de la quantité d'arbres déracinés qu'elle charrie dans le temps de ses débordements ; c'est une vaste rivière de l'Amérique méridionale, et l'une des plus grandes du monde. On lui donne un cours de six à sept cent lieues, et sa grande embouchure dans le fleuve des Amazones. Il serait long et inutîle d'indiquer les principales nations qu'elle arrose, c'est assez pour présenter une idée de l'étendue de son cours, de dire que les Portugais qui la fréquentent beaucoup, l'ont remontée en 1741, jusqu'aux environs de Santa-Crux de la Sierra, ville épiscopale du haut Pérou, située par 17. de latitude australe. Cette rivière porte le nom de Marmora dans sa partie supérieure, où sont les missions des Moxes ; mais parmi les différentes sources qui la forment, la plus éloignée est voisine du Potosi. (D.J.)

MADERE, (Géographie) vaste rivière de l'Amérique méridionale, elle est autrement nommée rivière de la Plate, et les Indiens l'appellent Cuyati. (D.J.)

MADERE