(Géographie) ville d'Angleterre dans la province à laquelle elle donne son nom, et dont elle est la capitale, avec un évêché suffragant de Cantorberi, fondé par Henri VIII. qui établit six nouveaux évêchés en Angleterre, après qu'il en eut supprimé tous les couvens. Oxford est au confluent du Cherwel et de l'Issis, à 16 milles S. O. de Buckingham, 45 O. de Londres, 60 S. O. de Cambridge. Long. suivant Cassini, 16. 17. 30. Long. suivant Halley, 16. 15. 30. lat. suivant les mêmes, 50. 45.

L'université d'Oxford, érigée en 895, est une des plus fameuses qu'il y ait au monde. Elle a 25 collèges, dont 18 ont de grands revenus. Ils entretiennent chacun un certain nombre de fellows ou aggregés, et de scolars ou étudiants ; en sorte qu'on compte à Oxford jusqu'à mille étudiants entretenus par les collèges, et deux mille qui ne le sont pas. Chaque collège a sa bibliothéque ; la plus belle est celle de Bodley, the Bodleyan library, qui contient un grand nombre de manuscrits orientaux. Il y a 16 professeurs et un orateur public dans cette université.

Oxford se distingue encore par son théâtre, par son musaeum, par son jardin de simples, et par son imprimerie. Gilbert Sheldon, archevêque de Cantorbéri, fit bâtir le théâtre à ses propres frais. Le musaeum s'appelle Ashmoleanum, du nom d'Elie Ashmole qui en fit présent à l'université. On l'a depuis enrichi d'antiquités d'Egypte, d'un grand cabinet de raretés naturelles, données par le D. Lister, etc.

Mais ce qui immortalise la gloire d'Oxford, ce sont les savants hommes dont elle est la nourrice ou la patrie. Le D. Wood, qui lui-même y est né en 1632, vous les fera connaître dans ses deux ouvrages intitulés antiquittates Oxonienses, qui forment ensemble 3. vol. in-fol. et qui composent une histoire littéraire d'Angleterre. Je n'ai pas ces deux ouvrages sous les yeux pour les consulter ; mais je me rappelle assez bien que Chillingworth, Fell, Gale, Harriot, Hody, Lydiat, Owen, Pocock, le comte de Rochester, etc. sont du nombre des savants auxquels Oxford a donné la naissance : combien y en a-t-il d'autres qui échappent à ma mémoire ? On connait assez ceux que je viens de nommer.

Chillingworth (Guillaume) savant théologien de l'église anglicane, était encore grand mathématicien. Il naquit en 1602, se trouva au siege de Glocester en 1643, et y fit la fonction d'ingénieur ; mais ayant été fait prisonnier à la prise du château d'Arondel, on le conduisit à Chichester, où il mourut en 1644, des fatigues qu'il avait essuyées. Entre ses ouvrages on estime particulièrement celui qui est intitulé, la religion protestante, voie sure pour le salut : c'est un modèle de bonne logique.

Fell (Jean) évêque d'Oxford, est connu des étrangers par son excellente édition des œuvres de S. Cyprien, à Oxford 1682 in-fol. Il mourut en 1686, à 61 ans.

Gale (Thomas) savant littérateur, a donné plusieurs ouvrages très-estimés. Les principaux sont, 1°. Historiae poèticae antiqui scriptores ; 2°. Historiae anglicanae scriptores quinque ; 3°. Historiae Britannicae, Saxonicae, Anglo Danicae, scriptores quindecim, etc. Il mourut en 1709.

Harriot (Thomas) mathématicien, a donné une relation de la Virginie fort curieuse, et mourut en 1621, à 60 ans.

Hody (Humfrey) grand littérateur, mort en 1706, à 47 ans, a donné plusieurs ouvrages, dont le plus curieux est une histoire en latin des illustres grecs qui ont rétabli en Europe l'étude de la langue grecque, et des humanités. Samuel Jebb l'a fait imprimer à Londres, en 1742 in 8 °. avec la vie de l'auteur.

Lydiat (Thomas) mit au jour plusieurs traités sur des matières de physique et de chronologie ; le principal est celui des notes sur les marbres d'Arondel, Oxonii 1676 in-folio. Il mourut en 1646, à 74 ans.

Owen (Jean) théologien presbytérien, publia divers ouvrages théologiques, dans lesquels il sema beaucoup de traits d'érudition, de politique et de philosophie. On lui doit des remarques sur les prolégomenes et la polyglotte de Walton. Son livre, de naturâ, ortu et studio verae Theologiae, a été réimprimé plusieurs fais. Il prêcha en 1648, contre Charles II. et les Royalistes. Il mourut en 1683, âgé de 67 ans.

Pocock (Edouard) célèbre théologien, et l'un des plus savants hommes dans les langues orientales, qui ait jamais paru. Il naquit en 1604, fit deux voyages au levant, et acheta dans le dernier plusieurs manuscrits orientaux. Il mourut en 1691, à 87 ans. Il a traduit les annales d'Eutychius, patriarche d'Alexandrie ; l'histoire des dynasties d'Abulpharage, et une version du syriaque de la seconde épitre de S. Pierre, de celles de S. Jean, et de S. Jude ; une version du livre intitulé, porta Mosis ; un essai de l'histoire des arabes ; des commentaires sur Michée, Malachie, Osée et Joèl ; une traduction en hébreu du traité de Grotius sur la vérité de la religion chrétienne ; un recueil de lettres, et autres ouvrages, qui ont été imprimés à Londres en 1740, en 2 vol. in-fol.

Wilmot (Jean) comte de Rochester, était un des beaux esprits de la cour de Charles II. mais il mourut en 1680, à la fleur de son âge, à 32 ans. M. de S. Evremond nous le peint trop comme un homme à bonnes fortunes ; c'était en même temps un homme de génie, et un grand poète. Entr'autres ouvrages brillans, d'une imagination ardente, qui n'appartenait qu'à lui, il a publié quelques satyres sur les mêmes sujets que Despréaux avait choisis ; et si ses idées manquent quelquefois de ces bienséances délicates dont nous faisons tant de cas, il est toujours vrai qu'elles sont exprimées avec la force et l'énergie qui constituent le poète. (D.J.)