ou MALVESIA, et par les Français, MALVOISIE, (Géographie) petite île de la Grèce, sur la côte orientale de la Morée. Elle n'est éloignée de la terre ferme que d'une portée de pistolet. On passait dans le dernier siècle de l'une à l'autre sur un pont de pierre.

Le territoire de cette île n'a en tout que trois milles de circuit. Il ne peut donc contenir que la plus petite partie de ces vignes célèbres, qui rapportent les vins clairets que nous nommons vins de Malvaisie. Mais ces plants fameux règnent et s'étendent à quelques lieues de-là, sur la côte opposée depuis la bourgade Agios Paulos, jusqu'à Porto della Botte.

On accourait autrefois de tous les endroits de la Grèce dans cette petite ile, pour y adorer le dieu Esculape. Ce culte qui la rendait si fameuse, y avait été apporté par ceux d'Epidaure. Ils partirent du territoire d'Argos, pour venir fonder une colonie en ce lieu, et ils lui donnèrent le nom de leur ancienne habitation.

Les Latins s'étant emparés de Constantinople, accordèrent l'île de Malvaisie ou l'Epidaure, à un seigneur français nommé Guillaume. Peu de temps après, Michel Paléologue s'en empara ; les Vénitiens la ravirent à Paléologue ; Soliman la reprit sur les Vénitiens en 1540, mais ils s'en rendirent de nouveau maîtres en 1690. La capitale de cette île se nomme aussi Malvasia, voyez-en l'article.

MALVAZIA, (Géographie) ville capitale située dans l'île de ce nom. Elle est sur la mer au pied d'un rocher escarpé, au sommet duquel est une forteresse. Il ne faut pas confondre cette ville avec Epidaurus, Limera, qu'on appelle aujourd'hui Malvasia la vieille, et dont les ruines subsistent à une lieue de-là. Parmi les ruines de cette ancienne ville, on voit encore les débris du temple d'Esculape, où l'on venait autrefois de toute la terre pour obtenir la guérison des maladies les plus désespérées.

Le port de la nouvelle Malvazia n'est pas si bon que celui de l'ancienne, et ne mérite pas comme elle le surnom de Limera, néanmoins cette ville est assez peuplée. Les Grecs y ont un archevêque.

Le savant Arsenius, ami particulier du pape Paul III. et qui fit sa soumission à l'église romaine, a été le plus illustre dans cette place, à ce que disent les Latins ; mais sa mémoire est odieuse aux Grecs, qui prétendent qu'après sa mort, il devint broncolakas, c'est-à-dire que le démon anima son cadavre, et le fit errer dans tous les endroits où il avait vécu. La nouvelle Malvazia est à 20 lieues S. E. de Misistra, et 30 S. O. d'Athènes. Soliman II. la prit sur les Vénitiens en 1540. Long. 41. 18. lat. 36. 59.