(Géographie) grand royaume de l'Europe, borné au N. par les Pays-Bas, à l'E. par l'Allemagne, les Suisses, et la Savoie ; au S. par la mer Méditerranée et par les Pyrénées ; à l'O. par l'Océan.

Selon la carte de la mesure de la terre donnée par M. Cassini, la France a d'orient en occident 220 lieues de large, et du nord au sud, depuis Dunkerque jusqu'aux frontières d'Espagne, 230 lieues de long. En prenant la France de biais, depuis la côte de Bretagne la plus éloignée jusqu'à Nice sur la côte de Provence, 250 lieues ; et depuis les confins d'Espagne au midi de Bayonne, jusqu'aux confins d'Allemagne, du côté des Pays-Bas, 210 lieues ou environ. Ainsi en prenant 220 lieues pour milieu entre ces différences, cela donne pour l'étendue de la France 400 lieues carrées. Ces lieues sont selon la même carte, de 25 au degré.

Dans cette étendue, l'air y est pur et sain, sous un ciel presque par-tout tempéré. L'Océan arrose la France d'un côté, et la Méditerranée de l'autre. Elle a de hautes montagnes et de belles rivières. Son pays fertîle et délicieux abonde en sel, grains, légumes, fruits, vins, etc. mines de fer, de plomb, de cuivre, etc. Il y a en France 18 archevêchés, 112 évêchés, 14777 couvents, 12400 prieurés, 1356 abbayes de religieux, 240 commanderies de l'ordre de Malthe, etc. On y compte 13 parlements, 12 gouvernements généraux, ou si l'on veut, 36 gouvernements des provinces, et 25 universités, qui ne sont pas toutes célèbres. Sa situation se trouve, selon l'académie des Sciences, entre le treizième et le vingt-sixième degré de longitude, et entre le quarante-deuxième et le cinquante-unième de latitude.

L'histoire de ce royaume, dit un homme de génie, nous fait voir la puissance des rois de France se former, mourir deux fais, renaître de même ; languir ensuite pendant plusieurs siècles : mais prenant insensiblement des forces, s'accroitre de toutes parts, et monter au plus haut point ; semblable à ces fleuves qui dans leur cours perdent leurs eaux, ou se cachent sous terre, puis reparaissent de nouveau, grossis par les rivières qui s'y jetent, et entraînent avec rapidité tout ce qui s'oppose à leur passage.

Les peuples furent absolument esclaves en France, jusque vers le temps de Philippe-Auguste. Les seigneurs furent tyrants jusqu'à Louis XI. tyran lui-même, qui ne travailla que pour la puissance royale. François I. fit naître le commerce, la navigation, les lettres, et les arts, qui tous périrent avec lui. Henri le Grand, le père et le vainqueur de ses sujets, fut assassiné au milieu d'eux, quand il allait faire leur bonheur. Le cardinal de Richelieu s'occupa du soin d'abaisser la maison d'Autriche, le Calvinisme, et les grands. Le cardinal Mazarin ne songea qu'à se maintenir dans son poste avec adresse et avec art.

Aussi pendant neuf cent ans, les François sont restés sans industrie, dans le désordre et dans l'ignorance : voilà pourquoi ils n'eurent part ni aux grandes découvertes, ni aux belles inventions des autres peuples. L'imprimerie, la poudre, les glaces, les télescopes, le compas de proportion, la circulation du sang, la machine pneumatique, le vrai système de l'univers, ne leur appartiennent point ; ils faisaient des tournois, pendant que les Portugais et les Espagnols découvraient et conquéraient de nouveaux mondes à l'orient et à l'occident du monde connu. Enfin les choses changèrent de face vers le milieu du dernier siècle ; les Arts, les Sciences, le Commerce, la Navigation, et la Marine, parurent sous Colbert, avec un éclat admirable dont l'Europe fut étonnée : tant la nation française est propre à se porter à tout ; nation flexible qui murmure le plus aisément, qui obéit le mieux, et qui oublie le plutôt ses malheurs.

Je suis très-dispensé d'entrer ici dans aucun détail de l'état présent du royaume. Sa force réelle et relative ; la nature de son gouvernement ; la religion du pays ; la puissance du monarque, ses revenus, ses ressources, et sa domination, tout cela n'est ignoré de personne. L'on ne sait pas moins que les richesses immenses de la France, qui montent peut-être en matière d'or ou d'argent, à un milliard du titre de ce jour (le marc d'or à 680 liv. et celui d'argent à 50 liv.), se trouvent malheureusement réparties, comme l'étaient les richesses de Rome, lors de la chute de la République. On sait encore que la capitale forme, pour ainsi dire, l'état même, que tout aborde à ce gouffre, à ce centre de puissance ; que les provinces se dépeuplent excessivement ; et que le laboureur accablé de sa pauvreté, craint de mettre au jour des malheureux. Il est vrai que Louis XIV. s'apercevant, il y a près d'un siècle (en 1666) de ce mal invétéré, crut encourager la propagation de l'espèce, en promettant de récompenser ceux qui auraient dix enfants, c'est-à-dire de récompenser des prodiges ; il eut mieux valu remonter aux causes du mal, et y porter les véritables remèdes. Or ces causes et ces remèdes ne sont pas difficiles à trouver. Voyez les articles IMPOT, TOLERANCE, etc. (D.J.)

FRANCE, (ISLE DE-) Géographie province de France, ainsi nommée parce qu'elle était autrefois bornée par la Seine, la Marne, l'Oise, l'Aisne, et l'Ourque. Les Géographes vous indiqueront son étendue actuelle. (D.J.)