S. m. (Art militaire) dans l'art de la guerre, est un nom donné à plusieurs officiers qui ont différentes qualités et fonctions.

MAJOR GENERAL, c'est un des principaux officiers de l'armée, sur lequel roulent tous les détails du service de l'infanterie. C'est lui qui donne l'ordre qu'il a reçu de l'officier général à tous les majors des brigades ; il ordonne les détachements, et il les voit partir ; il assigne aux troupes les postes qu'elles doivent occuper. Il doit tenir un registre exact de ce que chaque brigade doit fournir de troupes, et commander les colonels et lieutenans colonels selon leur rang. Il doit aussi avoir grande attention que le pain soit bon, et qu'il ne manque rien aux soldats.

Le major général Ve au campement avec le maréchal-de-camp de jour : il distribue aux majors des brigades le terrain que leurs brigades doivent occuper.

Le jour d'une bataille, le major général reçoit du général le plan de son armée, pour avoir la distribution de l'infanterie. Ses fonctions dans un siège sont fort étendues ; il avertit les troupes qui montent la tranchée, les détachements, et les travailleurs ; il commande le nombre de fascines et de gabions qui convient chaque jour, et il a soin de faire fournir généralement tout ce qui est nécessaire à la tranchée. Cet emploi demande un officier actif, diligent, expérimenté, et bien entendu en toutes choses. On lui paye six cent livres par mois de 45 jours sans le pain de munition. Il a pour le soulager deux aides majors généraux, et plusieurs autres aides ; les aides majors généraux sont d'anciens officiers qu'on prend dans l'infanterie ; ils ont cent écus par mois de campagne ou de 45 jours.

Chaque brigade d'infanterie est obligée d'envoyer un sergent d'ordonnance chez le major général : Il s'en sert pour faire porter aux brigades les ordres qu'il a à leur donner.

Cette charge est de la création de Louis XIV. elle ne donne point rang parmi les officiers généraux ; mais le major général a toujours quelque grade, soit de brigadier, de maréchal-de-camp, ou de lieutenant général.

Quand le major général visite les gardes ordinaires, et autres détachements postés autour de l'armée ou ailleurs, elles doivent le recevoir étant sous les armes, mais le tambour ne bat pas.

Major de brigade de cavalerie ou d'infanterie, est un officier qui prend l'ordre des majors généraux et qui le donne aux majors particuliers des régiments. C'est à lui à tenir la main que les détachements qu'on commande de sa brigade soient complets : il doit les mener au rendez-vous, soit pour les gardes, soit pour les détachements ; c'est lui qui porte l'ordre au brigadier. Il doit assister aux distributions des vivres qu'on fait aux troupes de sa brigade ; c'est lui qui fait faire l'exercice aux troupes dont elle est composée.

MAJOR dans un régiment, est un officier qui fait à-peu-près dans le régiment les mêmes fonctions que le major général fait dans toute l'infanterie. Il est chargé de faire les logements, de poser et de relever les gardes, de faire les détachements, d'aller prendre l'ordre du major, de le porter au commandant, et de le donner aux maréchaux des logis de la cavalerie.

Tout major, soit d'infanterie, de cavalerie, ou de dragons, tient du jour de la date de la commission de capitaine, rang avec ceux de son régiment, et commande à tous les capitaines reçus après lui.

Les majors doivent tenir la main à l'exécution des ordonnances concernant la police et la discipline.

Ils peuvent visiter les régiments et compagnies, soit dans les villes, ou dans le plat pays, aussi souvent qu'ils le jugent à propos ; ils assistent aux revues que les inspecteurs ou commissaires en font.

Un major de cavalerie peut se mettre à la tête de l'escadron de son régiment, et le commander toutes et quantes fois il le désire, lorsque son rang lui en donne le commandement.

Les majors doivent en campagne tenir un état des travailleurs, ainsi que des fascines et gabions que leur régiment fournit, suivant le nombre que le major général en demande à la brigade, afin que lorsqu'ils reçoivent le payement, ils puissent faire exactement à chacun le compte de ce qui lui revient.

Ils doivent de plus tenir un contrôle bien exact des officiers qui marchent aux travailleurs pendant un siège, afin que dans un autre on continue le tour ; les différents mouvements que les régiments font, n'y doivent apporter aucun changement.

Ils doivent aussi conserver le contrôle des officiers qui sont du conseil de guerre, afin qu'aucun capitaine n'en soit deux fais, qu'après que tous les autres en auront été une fois chacun, à mesure qu'ils se trouveront au corps.

Les majors et aides-majors des régiments vont à l'ordre chez le major de brigade, qui le leur dicte avec les détails concernans le service de leur régiment et ceux que le brigadier a recommandés ; ils vont ensuite porter le mot à leur colonel ; chaque aide-major Ve le porter au commandant de son bataillon, et lui fait lecture de l'ordre ; le major ne porte point le mot au lieutenant-colonel, lorsque le colonel est présent.

Les majors marchent avec leur colonel ; lorsqu'ils sont majors de brigade, le colonel n'a avec lui qu'un aide-major.

Le major, et en son absence l'officier chargé du détail, tient un contrôle des officiers du régiment avec la date de leur commission depuis le colonel jusqu'aux sous-lieutenans, le jour de leur réception, les charges vacantes, depuis quand et pourquoi, sans y comprendre ceux qui n'ont pas été reçus à leur charge, le nom des officiers absens, le temps de leur départ, le lieu de leur demeure ; s'ils ont congé ou non, pour quel temps, et les raisons ; il doit donner une copie de ce contrôle au commissaire des guerres, lors de la première revue et à chaque changement de garnison, et une autre copie mois par mois des changements arrivés depuis la précédente revue.

L'officier chargé du détail, doit écrire compagnie par compagnie, dans les colonnes marquées sur les registres que la cour envoie à cet effet, les noms propres de famille et de guerre des sergens et soldats, le lieu de leur naissance, la paraisse, la province, la juridiction, leur âge, leur taille, les marques qui peuvent servir à les faire reconnaître, leur mêtier, la date de leur arrivée, et le terme de leur enrôlement, en les plaçant sur le registre suivant leur rang d'ancienneté dans la compagnie : la même chose doit être observée pour les cavaliers, les dragons, et les troupes étrangères.

Il lui est défendu, sous peine d'être cassé et d'un an de prison, d'employer aucun nom de soldat supposé.

Il marque sur ce registre, régulièrement et à côté de chaque article, la date précise des changements à mesure qu'ils arrivent, soit par la mort, les congés absolus ou la désertion des soldats ; il envoie tous les mois à la cour l'état et le signalement des soldats de recrues arrivés pendant le mois précédent.

Il tient un contrôle des engagements limités de chaque compagnie : il y fait mention des sommes qu'il vérifie avoir été données ou promises pour ses engagements.

Il doit enregistrer et motiver tous les congés des soldats, sous peine de perdre ses appointements pendant un mois pour chaque omission.

Il doit aussi tenir un état exact du temps et des motifs des congés limités de ceux qui ne sont engagés que pour un temps, et en donner copie au commissaire des guerres pour y avoir recours en cas de besoin.

Les majors de cavalerie doivent tenir un contrôle signalé des chevaux de leur régiment ; ils en sont responsables, et paient 300 livres pour chacun de ceux qui sont détournés.

Les majors d'infanterie sont seuls chargés des deniers et des masses, ils en répondent ; ils peuvent se servir d'un aide-major dont ils sont garants ; ils doivent donner tous les mois un bordereau signé d'eux à chaque capitaine du compte de sa compagnie ; le même compte doit être sur leurs livres, et signé par le capitaine.

Ceux qui sont pourvus des charges de major ou aide-major, n'en peuvent point posséder d'autres en même temps. Art militaire par M. d'Héricourt.

Les jours de bataille, les majors doivent être à cheval pour se porter par-tout où il est besoin pour faire exécuter les ordres du commandant.

MAJOR, dans une place de guerre, est un officier qui doit y commander en l'absence du gouverneur et du lieutenant de roi, et veiller à ce que le service militaire s'y fasse avec exactitude.

Tous les majors des places n'avaient pas anciennement le pouvoir de commander en l'absence du gouverneur et du lieutenant de roi : mais sous le ministère de M. de Louvois, il fut réglé que ce pouvoir serait énoncé dans toutes les commissions des majors, ce qui a été depuis observé à l'exception de quelques villes ; telles que Peronne, Abbeville, Toulon, et quelques autres où les magistrats sont en droit, par des privilèges particuliers, de commander en l'absence du gouverneur ou commandant naturel. Code milit. de Briquet.

Les majors doivent être fort entendus dans le service de l'infanterie. Ils sont chargés des gardes, des rondes, etc. Ils doivent aussi être habiles dans la fortification et dans la défense des places.

MAJOR, (Marine) c'est un officier qui a soin dans le port de faire assembler à l'heure accoutumée les soldats gardiens pour monter la garde ; et il doit être toujours présent, lorsqu'elle est relevée, pour indiquer les postes. Il doit visiter une fois le jour les corps-de-garde, et rendre compte de tout au commandant de la marine. Les fonctions du major de la marine et de l'aide-major sont réglées et détaillées dans l'ordonnance de 1689. Liv. I. tit. VIIIe (Z)