S. f. (Art militaire) on appelait ainsi une espèce de demi-pique dont les anciens se servaient. Elle avait cinq pieds et demi de long, et son fer avait trois faces aboutissantes en pointe ; on s'en servait à pied et à cheval : cette arme est encore en usage parmi les cavaliers arabes, ceux du royaume de Fez et de Maroc. Elle a environ huit pieds de longueur ; le bois Ve un peu en diminuant depuis le milieu jusqu'au talon, où il y a une espèce de rebord de plomb ou de cuivre, du poids d'une demi-livre ; la lance d'un grand pied de long très-aiguè et très-tranchante, de deux pouces ou environ dans sa plus grande largeur, avec une petite banderolle sous le fer. Les Maures se servent de cette javeline avec une adresse surprenante ; ils la tiennent à la main par les bouts des doigts et en équilibre ; et le poids qui est à l'extrémité du talon fait que le côté du fer est toujours plus long que vers le talon ; ce qui sert à faire porter le coup plus loin.

M. le chevalier de Folard prétend qu'on ne peut rien imaginer de plus redoutable que cette arme pour la cavalerie. Le moyen, dit-il, d'aborder un escadron armé de la sorte, qui au premier choc jette un premier rang par terre, et en fait autant du second, si celui-ci veut tenter l'aventure, chaque cavalier étant comme assuré de tuer son homme ; car il porte son coup de toute la longueur de son arme, en se levant droit sur les étriers. Il se baisse et il s'étend jusques sur le cou de son cheval, et porte son coup avec tant de force et de roideur, qu'il perce un homme d'outre en outre, avant qu'il ait eu le temps de l'approcher, et il se relève avec la même légèreté et la même vigueur pour redoubler encore. Le lancier n'avait qu'un coup à donner, et ce coup n'était jamais sans remède, l'ennemi pouvant l'éviter en s'ouvrant ; mais rien ne saurait résister contre la lance des Maures, qui charge par coups redoublés, comme l'on ferait avec une épée. Comment. de Polybe, par M. le chevalier Folard.